Formé à la fin des années 20 dans le creuset qui a vu naître un Vertov ou un Ruttmann, Ivens est « né au cinéma » en partageant l'enthousiasme d'une avant-garde fébrile. Son père s'occupe d'une importante société de vente d'appareils et produits photographiques (la CAPI). Joris Ivens complète sa formation technique en Allemagne, devient en 1926 directeur technique de la CAPI (et ouvre une section consacrée au cinéma). Il filme ses premiers essais (Étude sur le Zeedijk Zeedijk-Filmstudie, CM, 1927 ; Études de mouvements, CM, 1928 ; et surtout le Pont De Brug, CM, id., ciné-essai sur le rythme et le mouvement, et la Pluie Regen, CM, 1929, ciné-poème). Invité en 1930 en URSS, il délaisse l'expérimentation pour le réalisme et s'oriente sur la voie de l'engagement idéologique et politique. À l'orée des années 30, il tourne plusieurs petits documentaires dans son pays, notamment Zuyderzee (MM, 1930), Symphonie industrielle (Philips-Radio, CM, 1931) et Créosote (Creosoot, id.) ; il revient en URSS réaliser un film sur un chantier de hauts fourneaux à Magnitogorsk (Komsomol / le Chant des héros Pesn'o gerojah, MM, 1932). Il signe en 1933 un film avec Henri Storck, Borinage (CM), document accusateur sur la condition des mineurs du sud-ouest de la Belgique. Enfin, il reprend les images de Zuyderzee en modifiant le montage du film et en le sonorisant : Nouvelle Terre (Nieuwe Gronden, CM , 1934). Joris Ivens comprend désormais que sa vocation est celle d'un « homme à la caméra », d'un témoin attentif et enthousiaste des transformations sociales, politiques et économiques de son siècle. Il se métamorphose en globe-trotter impénitent et sera désormais celui qui épouse tous les soubresauts de son époque afin de les transmettre à ses contemporains par la voie de l'image. Partout où l'homme brise ses liens d'esclavage, partout où l'homme cherche à construire son avenir, Ivens accourt, plante sa caméra et dialogue avec tous ceux qu'emporte le vent nouveau de l'espérance. Plutôt que de filmer l'homme dans son individualisme et sa solitude, il préfère filmer l'homme communautaire, le peuple, la « base » de la pyramide. Il est présent en Espagne (Terre d'Espagne Spanish Earth, 1938), en Chine (les 400 Millions The 400 Millions, 1938), aux États-Unis (l'Électrification et la Terre Power and the Land, CM, 1940), en Indonésie (L'Indonésie appelle Indonesia Calling, CM, 1946), dans les pays d'Europe centrale, où il célèbre l'espoir des « lendemains qui vont chanter » (les Premières Années Pierwsze Lata, 1947 ; La paix vaincra Pokoj zwyciezy swiat, CO J. Bossak, 1951 ; L'amitié vaincra Naprozod mlodziezy, 1951-52 ; le Chant des fleuves Das Lied der Ströme, 1954). Il supervise ou, plutôt, codirige avec Gérard Philipe une production financée par l'Allemagne de l'Est et la France : les Aventures de Till l'Espiègle (1954) et s'établit en France à partir de 1957, lieu d'ancrage d'un voyageur-né qui devait très vite reprendre ses valises et sa caméra pour assouvir sa soif d'humanisme fraternel. Après une pause poétique à Paris (La Seine a rencontré Paris, CM, 1957), on le retrouve en Chine (Lettres de Chine Before Spring, CM, 1958), en Italie (L'Italie n'est pas un pays pauvre L'Italia non è un paese povero, 1959), au Mali (Demain à Nanguila, MM, 1960), à Cuba (Carnet de voyage Carnet de viaje, CM, 1961 ; Peuple armé Pueblo en armas, CM, id.), au Chili (... À Valparaíso, CM, 1962), en France à nouveau (le Mistral, CM, 1965), au Viêt-nam (le Ciel, la Terre ; le 17 Parallèle, 1967, CO Marceline Loridan ; le Peuple et ses fusils film collectif sur le Laos, 1969), en Chine encore (Comment Yu Kong dépla¿ca les montagnes, 1976 (RÉ 1971-1975, en 6 parties ; CO M. Loridan).Originaire d'un pays terraqué, Ivens a toujours placé ses films sous le signe des quatre éléments (la Terre, l'Eau, l'Air et le Feu). Il a su harmonieusement faire coexister en lui le poète et le militant. Pédagogue chaleureux, il a formé dans tous les pays des élèves, amis plutôt que disciples. Il les a associés à son travail et il leur a communiqué son opiniâtreté et sa soif de justice sociale. Ivens n'est sans doute pas un documentariste « analytique » ; il faut voir en lui le témoin de l'espoir révolutionnaire et non l'hagiographe servile d'idéologies « progressistes » sujettes à tous les déviationnismes, pour ne pas dire à tous les parjures. Ses films (qui baignent parfois dans un climat de générosité idéologique proche de l'utopie) restent des documents de première main sur l'histoire de notre siècle.À 90 ans il part en Chine avec Marceline Loridan tourner Une histoire de vent qui sera son dernier film et dont il sera également l'interprète : l'histoire d'un vieil homme qui veut filmer le vent. Cette uvre lyrique et onirique est également un hommage émouvant à toutes les possibilités du cinéma pour filmer l'infilmable. Il est l'auteur d'une autobiographie (la Caméra et moi, 1969).
Nom de naissance | Joris Ivens |
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Naissance |
Nijmegen, Gelderland, Netherlands |
Décès | |
Genre | Homme |
Profession(s) | Réalisateur/Metteur en Scène, Interprète, Scénariste |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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2022 | Jeune Cinéma | Acteur | Self | |
2016 | Prévert tout court | Réalisateur | - | |
2015 | Les Brisants | Réalisateur | - | |
2015 | Construction Des Caissons | Réalisateur | - | |
2015 | Spoorwegbouw-Limburg | Réalisateur | - |