Genre Homme
Avis

Biographie

A seize ans il commence à être publié dans de petits magazines underground avec des bédés satiriques typiques de l'époque : Ace Hole the Midget Detective, Nervous Rex, Douglas Comix... Il rentre à l'université où il suit les cours du cinéaste expérimental Ken Jacobs qui l‘influence beaucoup et deviendra l'un de ses meilleurs amis.En 1968, à vingt ans, Spiegelman fait une dépression nerveuse et abandonne l'université. A peine est-il sorti de l'hôpital après quelques jours d'internement que sa mère se suicide. Il a l'impression qu'on l'en rend responsable.Il tirera quelques années plus tard de cette expérience une bédé de quelques pages "Prisoner on hell planet", un auto-exorcisme graphique intense typique de son travail le plus personnel des années 1970, durant lesquelles il explore les recoins sombre de son âme et les limites formelles de la bédé dans diverses publications underground, dont il partage les pages avec des auteurs comme Robert Crumb, Jay Kinney ou Bill Griffith. Spiegelman éditeAvec Griffith, il crée en 1975 son premier magazine : Arcade. La crème des auteurs du mouvement "Underground comix" comme Robert Crumb, Kim Deitch ou Spain Rodriguez pouvait y croiser des écrits de William Burroughs, S. Clay Wilson ou Charles Bukowski.Arcade ne durera que le temps de sept numéros mais sera très influent. Pour beaucoup ces quelques numéros marquent un tournant entre la bédé alternative hippie purement provocatrice des années 1960 et celle plus intellectuelle des années suivantes. Ce tournant sera consommé avec Raw, le nouveau magazine anthologique que Spiegelman publiera avec sa femme Françoise Mouly de 1980 à 1991. Contrairement à Arcade, Raw est un (relatif) succès commercial : les comics adultes et intellectuels ont enfin un public. Dans les pages du magazine on découvre toute une génération d'auteurs : Dan Clowes, Chris Ware, Charles Burns, Gary Panter...Raw a l'aval de l'intelligentsia branchée new-yorkaise et vaudra au couple Spiegelman-Mouly des jobs enviés au New Yorker pour la décennie suivante. Durant les années 1980, Spiegelman payait ses factures en travaillant pour Topps Bubblegum, une compagnie pour laquelle il créait des cartes à collectionner (les Crados, c'est lui), des bonbons en forme de poubelle et tout un tas d'autres cochonneries pour enfant pour lesquelles il applique les leçons apprises dans MAD. De la Shoah au Onze SeptembreTout au long de son existence, Raw permettra aussi à Spiegelman de publier ce qui reste indéniablement son oeuvre maîtresse, celle qui fera plus pour la reconnaissance du potentiel de la bande dessinée qu'aucune autre : Maus. Basé sur une métaphore simple et qu'on oublie très vite (les nazis sont des chats, les juifs des souris), Maus raconte le témoignage du père de Spiegelman à son fils sur la façon dont il a survécu aux camps de concentration. Maus est une oeuvre bouleversante, violente dans la crudité des mots et du trait. Lorsqu'elle s'achève avec la publication du second graphic novel en 1992, Maus a reçu tout les prix possibles pour une bédé et même celui qu'on n'aurait alors pas cru possible : le Pulitzer (événement demeuré unique et d'autant plus "légendaire" dans la bédé américaine).Les années suivantes seront principalement consacrées par Spiegelman à la production de couvertures et d'illustrations pour le New Yorker, dont sa femme assure la direction artistique. En 2001 les attentats ont lieu tout près de chez eux et Art Spiegelman en est profondément marqué. Après quelques mois il démissionne du New Yorker, jugeant le nouveau climat politique pro-Bush trop conformiste et conservateur. Il entame le travail sur un strip, A l'Ombre des Tours Mortes, pour relater son expérience du Onze Septembre mais n'est publié que dans un journal Allemand, aucun magazine américain n'ayant accepté son travail à l'époque. Il ne produit difficilement qu'une poignée de pages en trois ans qui sera rassemblée dans un livre en 2004.Le respect que lui vaut son travail antérieur, son traumatisme évident et surtout le courage de sa démarche évitent probablement au livre les mauvaises critiques qu'il mérite. C'est une oeuvre nombriliste, bancale et qui tourne en rond sur quelques pages mal construites.Art Spiegelman s'est consacré par la suite à une autobiographie intitulée "Portrait de L'artiste en jeune .... !".En janvier 2011, Art Spiegelman reçoit le Grand Prix du Festival d'Angoulême. En recevant cette récompense, il déclarera, non sans humour : "Etant donné mes pauvres talents en tant que dessinateur, je me sens un peu comme le président Obama quand il a reçu le Prix Nobel de la Paix".