Nom de naissance Amadou et Mariam
Avis

Biographie

Il semble impossible d'évoquer la biographie d'Amadou et Mariam sans relever d'emblée l'incroyable succès en 2004 de leur opus Un Dimanche à Bamakov, produit par notre Manu Chao national. C'est bien simple, après avoir partagé 30 ans durant leur vie amoureuse et musicale, les Maliens Amadou Bagayogo et Mariam Doumbia se sont retrouvés en tête des charts européens et acclamés par le monde entier, qui s'éprend de leur musique « world » (un terme horriblement colonialiste pour désigner les musiques non européennes, mais malheureusement employé par tous).Pourtant, la musique de Un Dimanche à Bamako ne surprend pas vraiment à l'aune des précédentes réalisations du groupe. On y retrouve ces paroles usant de mots simples, portées par des mélodies lumineuses et appuyées d'un mélange de rythmiques maliennes, funky, ou rock. Un son hybride qui n'est pas d'ailleurs sans rappeler les voisins Sénégalais d'Orchestra Baobab -; pour leur part moins pop-rock et plus latino.1975 : La rencontre d'une femme, d'un homme, et de la musiqueMariam et Amadou ne sont pas aveugles de naissance, ils perdent la vue respectivement à cinq et seize ans. Leur rencontre a lieu à Bamako, dans l'institut pour mal-voyants qu'ils fréquentent tous deux dès 1975. La chanteuse Mariam et le guitariste Amadou participent alors à l'Eclipse Orchestra de l'Institut, avant de se marier et de se lancer dans une carrière en duo qu'ils ne lâcheront plus.Leur notoriété s'étend progressivement du continent africain -; notamment de la Côte d'Ivoire où ils se sont installés -; jusqu'à la France, où ils enchaînent les apparitions en festivals dans les années 90 (Transmusicales, Eurockéennes, puis une tournée européenne). Leurs prestations, dansantes et euphorisantes, déclenchent la sympathie d'un public bien plus large que les spécialistes des musiques africaines. Tous peuvent retrouver leur son sur un disque produit en 1998 à Paris, Sou Ni Tile, ce qui signifie « Nuit et Jour » (vous pouvez d'ailleurs écouter nuit et jour l'inoubliable « Je Pense A Toi »).2005 : Raz-de-marée depuis BamakoMais ce succès, entretenu par trois albums (la compilation Se Te Djon Ye en 1998, Tje Ni Mousso en 1999 et Wati en 2002) n'aura pas grand chose à voir avec la tornade déclenchée par un homme habitué des best-sellers musicaux, Manu Chao (si vous êtes resté cloîtré dans une caverne humide pendant 15 ans, vous avez peut-être une chance de n'avoir jamais entendu un accord de son album Clandestino). Il faut dire que l'ex Mano Negra, par ailleurs fan de leur musique, doit certainement retrouver une certaine proximité dans leur message, parfois politique et critique mais jamais plaintif, et bien évidemment une accointance dans les sonorités hybrides entre rock et instruments traditionnels, lignes mélodiques claire et un penchant indéniable pour la fête.Si la collaboration commence en 2003 à Paris, c'est de retour à Bamako que le trio finalise Un Dimanche à Bamako. Aux riffs addictifs d'Amadou et au chant mélodieux de Mariam, Manu Chao greffe sans peine ses petits gimmicks sonores : sirènes de polices, boucles de guitares acoustiques, répondeurs téléphoniques et cuivres turbulents. Il impose doucement sa patte, en lorgnant vers un reggae pressant (l'emblématique « Camions Sauvages »), et évidemment pose ses vocaux usés à la corde (« Quelle heure est-il au Paradis ? ») qui font une fois encore leur effet sur l'inconscient collectif et les chiffres de ventes.Le disque s'écoule partout dans le monde (à plus de 500 000 exemplaires), le couple Malien remporte la Victoire de la Musique en catégorie World en 2005. Les critiques anglo-saxons (MoJo, The Observer, The Sunday Times...) sont sous le charme. Profitant de leur renommée internationale, ils publient une compilation de leurs anciens titres -; 1990-1995: Le Meilleur des Années Maliennes -; et réservent à leur fans une édition quasi exhaustive : L'Intégrale des Années Maliennes. Enfin, en 2006, Amadou et Mariam sont plébiscités pour interprêter l'Hymne de la Coupe du Monde de Football en Allemagne Avec "Sabali" produit par Damon Albarn, le duo revient en 2008 avec l'album Welcome To Mali qui aligne des collaborateurs de milieux différents : M, Keziah Jones, Tiken Jah Fakoli... A écouterAu moment où le soleil perce enfin le couvercle de nuages parisien, pour chasser définitivement la grisaille.A ne pas écouterDepuis 2005, tellement le turn-over radiophonique aura pu nous lasser de leur musique !