Plus qu'une parodie, la satire défoncée à la coke de Seth Rogen et Evan Goldberg a fait sensation hier à Lille.
Après l'adaptation des comics Preacher, la comédie de SF Future Man, et en attendant le drama de super-héros The Boys, le duo Seth Rogen et Evan Goldberg s'attaque à Wall Street. Ils sont les producteurs exécutifs de Black Monday, un énorme délire 80's signé Jordan Cahan et David Caspe (le créateur de la sitcom disparue, Happy Endings), qui a mis un bon gros coup de fouet, hier, au festival Séries Mania (dans la section best of USA).
L'histoire nous fait donc remonter le temps, et nous ramène en 1986. Le jeune Blair Pfaff, fraîchement sorti de l'Université, espère conquérir le monde de la finance new-yorkaise. Sans un sou mais avec des rêves plein la tête, il va vite se heurter à la réalité déglinguée de Wall Street. Plus exactement, il va se heurter à Maurice Monroe, un self made man à la tête de sa propre firme d'investissement, qui spécule sur des millions de dollars matin, midi et soir, et qui sniffe un maximum de coke... matin, midi et soir ! Un an après leur rencontre, le lundi 19 octobre 1987 - surnommé le Black Monday - Wall Street va connaître le pire krach boursier de son histoire... A cause de qui ?
Dans la veine des oeuvres financières qui cartonnent depuis quelques années (comme la série Billions ou le film The Big Short), la nouvelle série de Showtime lorgne ici de manière évidente vers le modèle absolu du genre : Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese. Même grain de folie, même drogue, mêmes costards d'époque, même bande son New Wave... et même peinture excessive et outrageante d'une mare aux requins, dans laquelle on aurait versé une sac de cocaïne, histoire de les exciter un peu plus !
Sauf que Black Monday n'a pas vocation à faire office de biopic ou de fresque historique. Si elle part d'événements ayant réellement eu lieu (cet effondrement boursier est bien dans les annales), la série joue la carte de la comédie pure et dure, à l'image de son format étonnant (des épisodes de 30 minutes). Un grand n'importe quoi quasi-burlesque, qui fonctionne comme une parodie du genre, à voir comme une espèce de caricature totale et assumée du Loup de Wall Street.
Alors d'accord, ce n'est pas très novateur. La nostalgie des 80's cartonne à plein tube à la télé américaine depuis déjà pas mal de temps, et l'exposition ostensible de vieux ordis beiges, à l'écran illuminé de lignes de codes verdissantes, donnent un air racoleur dommageable à la série. Autant que l'étalage bête et méchant d'une sacrée quantité de poudreuse (oui, on parle beaucoup de coke dans ce papier, mais elle est presque un personnage à part entière). Le message de fond - les gens de Wall Street sont des requins défoncés et sans scrupules - a déjà été vu ailleurs, de manière plus subtile.
Mais il faut avouer que la forme est assez irrésistible. Il y a vraiment de quoi se marrer devant cette satire absolue d'un monde pas très reluisant, et encore moins respectable. Une satire portée par un casting d'enfer, des dialogues dopés à la coke (encore !), un robot majordome, et des personnages plus détestables les uns que les autres. Autant dire un énorme foutage de gueule (de cette improbable Lamborghini Limousine aux faux "Lehman Brothers", Larry et Lenny, qui n'ont "pas de relations sexuelles entre eux, ce n'est qu'une rumeur"...) qui a tout d'un bon investissement.
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