Sélectionné à Cannes (hors compétition toutefois), la mini série arrive sur Canal+ et la croisette, le 19 mai prochain. Nous avons vu Carlos d'Olivier Asayas, premières impressions.
Sélectionné à Cannes (hors compétition toutefois), la mini série arrive sur Canal+ et la croisette, le 19 mai prochain. Nous avons vu Carlos d'Olivier Asayas, premières impressions... Avec un tel titre, on pouvait s'attendre à être enchanté (quoique), c'est loin d'être le cas et c'est tant mieux, car la série / film d'Olivier Asayas est avant tout une œuvre qui vous prend sans vous lâcher, durant près de 6 heures (présenté sur Canal + en 3 parties). Un trip hypnotique qui vous plonge en totale apnée dans la complexité géopolitique d'une époque pas si lointaine : les années 70, 80. Cette plongée est d'autant plus profonde qu'elle se fait par le biais de l'un des pires terroristes de cette décennie : Carlos Ilich Ramirez Sanchez, dit le Chacal... Sans en faire un héros de la révolution ou tenter de démystifier l'homme, le film d'Olivier Assayas suit Carlos, du début de son engagement dans la révolution armée, jusqu'à à sa déchéance en mercenaire de bas étages. 6 heures de films, en trois épisodes, tournés aux quatre coins du monde, dans la langue des différents protagonistes, pour près de 14 millions d'euros. Le Carlos dépeint par Assayas est un révolutionnaire et non martyre de la révolution, comme il le précise lui même, qui a pleinement conscience du pouvoir sexuel des armes (une "extension de mon corps" dira-t-il) attiré par l'agent comme il l'est par les femmes, sans aucun état d'âme. C'est un homme ambigu, narcissique, dont le réalisateur se garde bien de donner une clef . Magistralement interprété par Edgar Ramirez (de presque trous les plans), à qui il manque sans doute un peu du charisme de son modèle, Carlos, tel les (meilleurs) biopics de M. Scorcesse ou d'O. Stone est un film qui va vite, très vite. Rythmé par les chansons de New Order et de the Wire, il prend néanmoins le temps de remettre le parcours de ce terroriste d'exception (heureusement d'ailleurs) dans le contexte de son époque. Un contexte qui, par bien des côtés, éclaire étrangement notre actualité. Certains pourront sans doute reprocher au film sa densité et ils auront raison. Mais c'est trop vite oublier quelle permet de révéler toute l'ambigüité de son personnage principal, comme celle de ceux qui l'emploient. De part son sujet, son ambition et sa réalisation, Carlos est une œuvre explosive et on n'en attendait pas moins... (Nous avons rencontré Daniel Leconte, le producteur à l'origine de la série Carlos, l'interview sera bientôt en ligne) Nicolas Bellet
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