Petit tour d'horizon des différentes adaptations hexagonales... plus ou moins heureuses.
Dans les années 1960, toutes les stars de la chanson française faisaient des tubes en reprenant des hits de la pop américaine. Au XXIe siècle, ce sont les séries que les créateurs de l'Hexagone rejouent à leur sauce, dans une version locale pas toujours du meilleur goût. Bien évidemment, l'inverse est aussi vrai. Les étrangers reprennent aussi, régulièrement, des concepts bien de chez nous qui marchent, pour les adapter en langue anglaise. A l'image de The Returned (la version US des Revenants) ou de la future Call My Agent (le remake anglais de Dix pour cent en cours de production). Alors que Luther débarque ce soir en France sur TF1, avec Christopher Bayemi se glissant dans le manteau d'Idris Elba, on se s'interroge : que valent les remakes français de séries étrangères en général ? Petit tour d'horizon non-exhaustif.
En remontant jusqu'à 1999, on trouve ce qui est certainement l'exemple de remake français le plus réussi : Un gars, une fille. La comédie romantique qui révéla Jean Dujardin (futur oscarisé) et Alexandra Lamy, était effectivement une reprise par France Télévisions d'une série éponyme québécoise, créée par Guy A. Lepage en 1997. Une adaptation très aboutie, essentiellement grâce à son casting qui a su totalement s'approprier le concept.
Peu de temps après, alors que le remake US de The Office avec Steve Carell venait de sortir, portant chez l'Oncle Sam la série anglaise créée par Ricky Gervais en 2001, Nicolas et Bruno tentaient Le Bureau, sur Canal+. Un Ovni de quelques épisodes, durant l'été 2006, que les deux créateurs jugeaient ainsi, il y a peu, dans une interview à Première : "Aujourd’hui, ça semblerait absurde (de faire un tel remake). Mais c’était la même chose pour la musique à une époque. On était un peu les Johnny Hallyday ou les Sheila des années 60 (...) Si c'était à refaire... On ne le referait pas ! Si on nous l’avait proposé un ou deux ans après l'explosion de Ricky Gervais et de la version américaine, je ne sais même pas si on se serait lancé..."
Car effectivement, dans les années 2000, avec l'explosion de la culture série, les versions originales sont soudainement prisées des fans, qui y ont plus facilement accès. A fortiori dans les années 2010, avec l'essor des plateformes de streaming. Cela n'empêche pourtant pas les producteurs du PAF de continuer, encore aujourd'hui, à oser des remakes made in France.
On se souvient ainsi avec émotion de Malaterra, la version hexagonale du hit britannique Broadchurch, qui arriva en 2015, deux ans après l'originale sur France 2, avec Simon Abkarian et Constance Dollé dans les rôles principaux. L'expérience ne passera pas la première saison de 8 épisodes, tout comme le remake US d'ailleurs, Gracepoint, annulé rapidement outre-Atlantique par la Fox.
Les thrillers britanniques ont ainsi souvent été adaptés chez nous, puisque le format permet facilement de déplacer l'action sur le territoire national. Comme lorsque Melvil Poupaud s'est mis en 2018 dans la peau du tueur de The Fall, pour la version TF1 nommée Insoupçonnable, face à Emmanuelle Seigner qui reprenait, elle, le rôle tenu outre-Manche par Gillian Anderson. En 2019, c'est Claire Keim qui rejouait dans Infidèle l'histoire du Docteur Foster, carton anglais remaké une fois encore par la chaîne privée.
Mais TF1 a aussi fait des reprises de séries allemandes, comme lorsqu'elle lança en 2013 Falco, version française de Mick Brisgau, avec Sagamore Stévenin dans la peau d'un flic sorti du coma 20 ans plus tard. Avec pas mal de réussite, elle a aussi repris la série catalane Polseres vermelles, pour la transformer en énorme succès local, sous le titre : Les Bracelets rouges.
Récemment, France 2 également à eu du nez en reprenant une autre fiction catalane, intitulée #Philo, pour raconter l'histoire d'un professeur de philosophie de Lycée dans La Faute à Rousseau, enregistrant de belles audiences et de bons retours.
Plus compliquée fut l'adaptation de Fleabag par Canal +. En 2019, Camille Cottin se mettait dans la peau de Phoebe Waller-Bridge dans Mouche, un remake aux allures de copier-coller surprenant. Chaque scène, chaque réplique, chaque regard étaient traduits par Jeanne Herry, livrant un exercice difficile à appréhender, pour ne pas dire totalement vain.
Car, pour aller dans le sens de ce que disaient Nicolas et Bruno dans nos colonnes, si l'originale est brillante et qu'il est possible de la voir chez nous désormais, à quoi bon faire un remake ? Malgré toutes ses bonnes intentions, la question se pose pour Luther, comme elle s'est posée il y a quelques mois avec Je te Promets. Le drama de TF1 reprenait tous les personnages du déjà culte This is Us, pour les adapter dans la langue de Molière. De quoi laisser perplexe une bonne partie des sérievores et du public en général, même si le résultat fut loin d'être ridicule. À l'heure actuelle, la saison 2 n'a toujours pas été commandée...
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