Cette suite directe du Silence des Agneaux n'est pas à la hauteur du film culte de 1991. Évidemment. Mais dans le genre "cop show" sans cervelle, la série fait le job.
Cette fois, personne ne mangera du foie avec avec des fèves au beurre et un excellent chianti. Hannibal Lecter n'est plus dans la tableau et Clarice Sterling doit se débrouiller toute seule pour donner du mordant à la nouvelle série policière de la télé américaine. Clarice, diffusée depuis quelques jours sur la chaîne CBS, grande spécialiste des ""cop shows" populaires outre-Atlantique (NCIS, Esprits Criminels, FBI, Blue Bloods, Les Experts et bien d'autres), peine franchement à se démarquer de la concurrence. Et pourtant, ce n'est pas faute de jouer à fond sur sa carte maîtresse : Le Silence des Agneaux !
Car l'histoire se déroule un an après les événement du film de 1991. Après avoir fait tomber l'horrible Buffalo Bill, avec l'aide d'Hannibal le cannibale, la toute jeune Clarice souffre du syndrome post-traumatique. Il faut dire que la recrue du FBI, fraîchement sortie de l'académie, a fait fort pour sa première enquête. Elle a réussi à sauver la fille d'une sénatrice, devenue Ministre de la justice, qui va logiquement miser sur elle pour résoudre une toute nouvelle affaire de crimes sordides, au sein d'une nouvelle task force. Problème : Clarice est détestée par ses collègues, jaloux, qui la trouvent dangereuse et l'accusent de s'être acoquiné avec Lecter pour faire tomber Bill...
Le Silence des Agneaux est partout dans les premiers épisodes de Clarice, diffusés en France sur la plateforme SALTO (en US+24). À coup de flashs et d'allusions grossières, on nous rappelle toutes les 10 minutes que Clarice est bien la suite du film culte. Que l'enquêtrice est la même que celle jouée par Jodie Foster il y a 30 ans. Curieusement, Hannibal est très largement absent des conversations mais Catherine Martin et sa mère sont très présentes dans l'intrigue centrale. C'est un peu lourdingue, mais au moins, la série a le mérite de ne pas se cacher derrière son petit doigt, assumant goulûment cet héritage pas simple à porter. D'ailleurs, l'Australienne Rebecca Breeds (croisée dans les teens dramas The Originals ou Pretty Little Liars) fait le job, même si elle ne fera clairement oublier Jodie Foster...
Le gros problème de Clarice, c'est que les auteurs ont transformé le chef d'oeuvre aux 5 Oscars majeurs de Jonathan Demme en "procedural" bateau. Certes, la production tente d'y mettre la forme, en soignant une esthétique sombre, une ambiance visuelle cauchemardesque qui s'inspire de la brillante adaptation de Bryan Fuller, Hannibal. Mais la narration est irrémédiablement fade. On ne retrouve pas la bizarrerie malsaine qui émane de l'oeuvre de Thomas Harris. Les relations entre les personnages sont grotesques et cousues de fil blanc. Tout comme le "complot" fil rouge qui aura pour mission de garder la série à l'antenne le plus de saisons possibles... Reste un drama criminel convenu, mais efficace. Sans saveur mais par moment divertissant. Peut-être aurait-il été plus simple pour cette Clarice-là de passer les Agneaux sous silence.
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