Le cinéaste anglais rejoue Waterloo en promo.
Ridley Scott était à Paris la semaine dernière pour présenter son biopic porté par Joaquin Phoenix et Vanessa Kirby. Et si Napoléon a été acclamé par le public sur les Champs-Elysées, il a aussi essuyé quelques critiques négatives, par exemple de la part de GQ, du Point ou du Figaro qui l'a qualifié de "Barbie et Ken sous l'Empire".
Tous les médias français n'ont pas égratigné Napoléon, cependant. Chez Première, par exemple, on reconnaît de nombreuses qualités à ce portrait peu flatteur de l'Empereur : "c'est un film qui manque peut-être d’un angle mais certainement pas de cinéma", pour résumer notre avis. Mais il est vrai que par rapport à l'accueil dithyrambique qu'il reçoit outre-Manche, nos critiques sont plus tièdes.
Napoléon : Ridley Scott dynamite la vie de l'Empereur [critique]Ce décalage de réception a poussé la BBC News à demander au réalisateur d'Alien, Blade Runner et Gladiator comment il réagissait face aux critiques négatives. En lui citant une poignée de citations assassines made in France. Connu pour son franc-parler, il se montre une nouvelle fois cash.
Après avoir conseillé à un historien, qui avait relevé des erreurs dans son film, de "s'acheter une vie", il enfonce le clou en disant à ceux qui n'ont pas apprécié son travail : "Vous y étiez, vous ? Oh, non. Alors comment vous pourriez savoir comment ça s'est vraiment passé ?" Au passage, il s'en prend au peuple de l'Hexagone. "Les Français ne s'aiment pas eux-mêmes, lâche le metteur en scène britannique de 85 ans. Mais vous savez quoi ? Le public à qui j'ai montré mon film à Paris, il l'a adoré."
Le reste de l'entretien est sur le même ton. Interrogé sur le fait qu'il n'a jamais reçu d'Oscar malgré sa prestigieuse filmographie, Scott répond du tac au tac : "Je m'en fiche complètement." Puis, titillé sur sa réaction face à l'historien, qui a fait le buzz avant même la sortie de Napoléon, il rétorque : "Vous voulez vraiment que je reparle de ça ? Vous devrez biper, vous savez."
A propos de sa vision de Napoléon, il répond enfin sans ironie : "C'est une figure tellement fascinante. Il a été révélé, haï, adoré... et plus célèbre que n'importe quel dirigeant ou politicien de l'histoire. Qui n'aurait pas envie de se plonger dans sa vie ?"
Il évoque aussi sa décision de sortir cette version de 2h38 au cinéma, et de prévoir un director's cut de 4 heures en streaming, prochainement sur Apple TV+ : "C'est pour éviter les maux de tête. Quand vous arrivez dans le ciné, au début vous vous dites : 'Oh, mon Dieu !', mais à la fin, vous êtes plutôt en mode : 'Jésus, je ne peux pas tenir une heure de plus, c'est trop long.'" Alors qu'en découvrant l'autre version dans son salon, chacun est libre de faire une pause, de voir le film à son rythme. "Mais je ne peux pas vous en dire plus sur ce director's cut pour l'instant !", coupe-t-il.
En retrouvant Joaquin Phoenix, plus de 20 ans après Gladiator, Ridley Scott sait qu'il n'évitera pas la comparaison. Il assume la filiation entre ces deux oeuvres, et ajoute qu'il a même cherché à faire écho à ce succès populaire via sa mise en scène. Par exemple lors de la bataille d'Austerlitz opposant l'armée russe à celle de Napoléon sur un lac gelé. "On a tourné ça sur une base aérienne près de Londres, détaille-t-il. J'ai choisi un angle de caméra qui soit l'inverse de la scène des arbres de Gladiator. J'ai réussi à les recréer en numérique pour qu'on se rende bien compte de l'étendue. Merci pour les compliments (à propos de cette scène) : j'ai été doté d'un bon œil, c'est mon outil le plus précieux."
Joaquin Phoenix, également interviewé par la BBC confirme : "Il arrive avec des dessins, des photos, pour que la scène soit claire pour tout le monde. Il parvient toujours à s'en sortir, peu importe la taille de la séquence, et peut décider de modifier une scène spontanément si besoin." Un savoir-faire crucial quand on doit gérer une équipe énorme : l'acteur évoque lui aussi cette fameuse bataille avec 500 figurants, des chevaux et des canons. "J'étais surtout emballé à l'idée de le retrouver après Gladiator, ajoute-t-il. A l'époque, le studio ne voulait pas de moi, mais Ridley s'est battu pour que je reste, il leur a même mis un ultimatum. Au final, ce fut une expérience extraordinaire."
Vanessa Kirby confirme de son côté que grâce à sa grande expérience des tournages, Ridley Scott valide ses scènes très vite : "Il va vraiment à la vitesse de l'éclair, vous pouvez très bien mettre en boîte cinq grosses scènes en une seule journée. Vous devez être capable de suivre ce rythme."
Le cinéaste conclut alors par la fierté d'avoir bouclé Napoléon en seulement 61 jours. "Si vous vous y connaissez en cinéma, alors vous savez qu'un tournage pareil aurait dû avoir le double." Une rapidité rendue possible par l'utilisation de multiples caméras (onze sur ce film en particulier), ce qui permet aux acteurs "de sortir de leurs lignes et d'improviser", explique-t-il avant d'ajouter : "Grâce à cela, on n'a pas besoin de faire des tonnes de répétitions."
Avant de boucler l'interview, Scott n'échappe pas à une question sur Gladiator 2 : "Pourquoi revenir à Gladiator ? Et pourquoi pas ? Vous êtes sérieux, là ?" Il dit aussi avoir aussi terminé l'écriture et le casting d'un autre film, mais qu'il ne peut "rien dire de précis pour le moment"
Ridley Scott fêtera ses 86 ans à la fin du mois, et il ne semble pas du tout avoir l'intention de ralentir le rythme. "Dès que je quitte Londres, je repars à Malte pour tourner (Gladiator 2), puis quand on aura bouclé ça, je saurai déjà sur quel projet travailler."
Voici la bande-annonce de Napoléon, qui sortira mercredi au cinéma :
Napoléon a-t-il tiré au canon sur les pyramides d’Egypte comme dans le trailer ?
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