PHOTOS - Cosmopolis : ce que le teaser révèle des obsessions de Cronenberg
PHOTOS - Cosmopolis : ce que le teaser révèle des obsessions de Cronenberg
<strong>Longue vie à la nouvelle chair de <strong>Robert Pattinson</strong> !</strong> Le premier teaser de Cosmopolis a beau ne durer que 34 secondes, ce sont les 34 secondes les plus excitantes qu'on a vues depuis des lustres : <strong>Robert Pattinson</strong>, qui s'annonce dément en yuppie traversant l'underground new-yorkais à bord d'une limousine, semble se couler parfaitement dans l'univers barré de <strong>David Cronenberg</strong>. Mais plus qu'un film de R-Pattz, Cosmopolis semble renouer avec l'univers tordu et les obsessions visuelles de Cronenberg. pagebreak En 6 plans marquants du teaser, autopsie de flashs rappelant l'univers cyber-gore-sexuel-organique de <strong>David Cronenberg</strong>, qui pourrait bien connaître une seconde jeunesse grâce à la nouvelle chair de <strong>Robert Pattinson</strong>. <strong>Par Sylvestre Picard.</strong>
Le titre post-moderne
<strong>Le titre post-moderne</strong><strong>Cosmopolis :</strong> Le titre signifie littéralement la "ville-univers" mais a surtout un cachet SF vintage, un peu comme celui de Métropolis de <strong><strong>Fritz Lang</strong></strong>,pagebreak <strong>Cronenberg :</strong> D'abord, la typo. Sans doute le truc le plus excitant de ce trailer, qui évoque furieusement <strong>Gaspar Noé</strong> et rappelle que Cronenberg reste surtout (d'abord ?) le réalisateur de Videodrome, étape essentielle du cinéma psychotronique moderne. Le canadien trouvera-t-il une seconde jeunesse en se ressourçant chez ses héritiers ? Le titre marque également le retour du cinéaste à la science-fiction post-moderne, celle de <strong>William Burroughs</strong>, ou <strong>J.G. Ballard</strong>. Au fond, quoi de plus normal que Cronenberg s'attaque à <strong>Don DeLillo</strong>, auteur qui faisait subir au polar des outrages terminaux et des transformations plus que bizarres (<em>Chien galeux</em> et sa quête d'un film porno tourné avec Hitler, <em>Libra</em> et son autopsie de <strong>Lee Harvey Oswald</strong>) ?
Créatures de l'esprit
<strong>Créatures de l'esprit</strong><strong>Cosmopolis :</strong> Oui, c'est bien un rat géant qui apparaît dans le teaser. Non, ce n'est pas une hallucination.pagebreak<strong>Cronenberg :</strong> Son rôle de médecin chasseur de monstre dans Cabal (1990) de <strong>Clive Barker</strong> n'était pas vraiment référentiel : le cinéaste n'est pas un réalisateur à bestioles. Et pourtant, <strong>Cronenberg</strong> a su imaginer un bestiaire bien particulier avec des monstres qui surgissent comme les projections des fantasmes humains (ou d'une conscience malade). Les aliens dealers de drogue du Festin nu, le corps de Brundle/Mouche dans La Mouche, les étrons-phallus de Frissons ou bien les bébés mutants créées par la rage de Chromosome 3, sont les symptômes extérieurs de changements intérieurs. Tout comme ce rat géant ?
Les gagdgets cyberorganiques
<strong>Les gagdgets cyberorganiques</strong><strong>Cosmopolis : </strong>Le taser utilisé dans un but sexuel, le flingue Desert Eagle customisé, la limousine high-tech : autant de symboles au croisement fantasmé de la technologie et de l'organique.pagebreak<strong>Cronenberg :</strong> Depuis ses premiers longs à la fin des 70's (<em>Rage</em>, Chromosome 3), c'est devenu le plus gros cliché cronenbergien. La Mouche, Videodrome, eXistenZ, Scanners, Le Festin nu... Avant de rebooter son style vers une sobriété sèche avec History Of Violence (2005) puis Les Promesses de l'ombre (2007), tous ces films ont consacré la fascination de Cronenberg pour les gadgets cybersexuels, dont l'apothéose fut le "pod" d'<em>eXistenZ</em>, ces espéces de vibromasseurs biotech que l'on doit s'enfiler dans un anus artificiel afin de jouer à un jeu en réseau. Ces gadgets sexuels sont aussi le coeur de la mise en scène cronenbergienne qui s'attache au contexte industriel ou matériel (voire sidérurgique comme dans <em>Crash</em>) et à la mise au jour de ce qui est prétendu laid pour, peut-être, le rendre beau, ou intéressant, ou anxiogène, ou artistique... ou jouissif.
Une violence sèche et réaliste
<strong>Une violence sèche et réaliste</strong> <strong>Cosmopolis :</strong> Dans le registre gore, outre R-Patz qui se tire une balle dans la paume de la main, c'est surtout le coup de poignard dans l'oeil en plan large qui imprime la rétine.pagebreak <strong>Cronenberg :</strong> Du coup de fusil final dans la gueule de Brundle/Mouche dans La Mouche aux saillies gore hyperréalistes de A History Of Violence ou la baston dans le sauna des Promesses de l'ombre, Cronenberg sait filmer la violence de manière frontale et effective, tout en nous rappelant que nous ne sommes, après tout, que de fragiles morceaux de viande.
Le sexe sado-maso
<strong>Le sexe sado-maso</strong> <strong>Cosmopolis :</strong> Le torse nu de <strong>R-Patz</strong> qui réclame <em>"quelque chose de nouveau"</em>, à savoir que sa maîtresse lui donne une décharge de taser.pagebreak <strong>Cronenberg : </strong>Véritable money shot, ce plan fait écho aux obsessions sexuelles autopsiées par la filmo de <strong>Cronenberg</strong> : obsession de l'expérience limite (<em>Crash</em>, A Dangerous Method), interdite (l'inceste entre frères jumeaux dans Faux semblants), gay friendly (Mr Butterfly, Le Festin nu...), sado-maso (La Mouche) ou fétichiste (Videodrome)... Cronenberg s'emploie depuis ses débuts à filmer le sexe dans tous ses états. Une obsession résumée par la formule punchy de <em>Videodrome</em>, "longue vie à la nouvelle chair" (et suffisamment vague pour y comprendre ce qu'on veut, aussi).
Le sexe en voiture
<strong>Le sexe en voiture</strong> <strong>Cosmopolis :</strong> Tout le film se déroule en l'espace d'une journée, à travers le voyage en limousine d'Eric Packer. Normal que la scène de sexe du teaser prenne la forme d'une levrette entre la portière et la place du mort.pagebreak <strong>Cronenberg : </strong>Cette scène rappelle évidemment <em>Crash</em> (1996), adapté très fidèlement d'un roman de <strong>J.G. Ballard</strong>. On y retrouve la fusion sexe/mort/douleur opérée sous le signe très américain du tout-bagnole. Cosmopolis glissera-t-il sur cette pente onirique et poétiquement gore ? En tout cas les premières images sont à l'opposé de l'érotisation clippeuse, lorgnant vers le cinéma organique et humoral, que pratiquait <strong>Cronenberg</strong> jusque dans les 90's.
Longue vie à la nouvelle chair de Robert Pattinson !Le premier teaser de Cosmopolis a beau ne durer que 34 secondes, ce sont les 34 secondes les plus excitantes qu'on a vues depuis des lustres : Robert Pattinson, qui s'annonce dément en yuppie traversant l'underground new-yorkais à bord d'une limousine, semble se couler parfaitement dans l'univers barré de David Cronenberg. Mais plus qu'un film de R-Pattz, Cosmopolis semble renouer avec l'univers tordu et les obsessions visuelles de Cronenberg.En 6 plans marquants du teaser, autopsie de flashs rappelant l'univers cyber-gore-sexuel-organique de David Cronenberg, qui pourrait bien connaître une seconde jeunesse grâce à la nouvelle chair de Robert Pattinson.Par Sylvestre Picard.
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