DR

Comme en 2002 avec Parle avec elle, l’Espagne n’a pas voulu désigner le dernier film de  Pedro Almodovar comme le représentant de l’Espagne aux Oscars.Contre toute attente, c’est Pain noir, d’Agusti Villaronga, qui a été choisi par l’Espagne pour représenter le pays aux Oscars. Le film a été pré-sélectionné dans la catégorie Oscar du meilleur film en langue étrangère, à l’image de La Guerre est déclarée par la France.Pourtant, ce n’est pas ce film qui semblait être le favori des critiques du pays, mais La piel que habito, de Pedro Almodovar, qui a rencontré un grand succès sur le territoire.Almodovar boudé ou stratégie réfléchie ?Un fois l’étonnement passé, on se souvient que ce n’est pas la première fois que le cinéaste ibérique se retrouve dans cette situation. En 2002, malgré le succès de Parle avec elle et son excellente réputation, l’Espagne choisit de mettre en avant Les lundis au soleil, de Fernando Leon, en le proposant pour représenter le pays aux Oscars. Finalement, le film ne sera pas sélectionné par les favoris… mais Parle avec elle repartira avec la statuette du meilleur scénario !Rebelote en 2012 ? Le CNC local a sans doute estimé que vu la notoriété de Pedro Almodovar à l’étranger, il n’avait pas besoin de ce coup de pouce pour être sélectionné dans au moins une catégorie des prochains Oscars avec son film suivant les expériences d’un chirurgien fou ( Antonio Banderas). On saura d’ici quelques mois si cette stratégie a payé.Pain noir a tous les atouts pour être sélectionné aux OscarsEn fait, Pain noir pourrait s’avérer être un excellent choix de proposition pour la prochaine cérémonie des Oscars. Le film a reçu un accueil incroyable en Espagne, récoltant pas moins de 9 Goya, l’équivalent des César français. Les critiques ont été élogieuses. Pour Gérard Delorme, de Première, le film doit beaucoup à sa scène d’ouverture impressionnante : "Pour illustrer le point de vue d'un enfant qui apprend à la dure comment survivre et à quel prix, Agusti Villaronga compose une gamme variée d'atmosphères qui va du réalisme jusqu'aux limites du fantastique. En réalisant l'une des séquences d'ouverture les plus percutantes de récente mémoire, il était sûr d’impressionner. Ça n'a pas manqué : en dépit de sa noirceur, Pain noir a raflé neuf Goya en Espagne cette année. A juste titre."Pour Coralie Huché, ce sont avant tout les thèmes abordés qui offrent au long-métrage toute sa puissance : "Le discours fantastique du film apporte une once de poésie sans alléger la densité de ses nombreux sujets : tensions politiques, inégalités sociales, intégrité des idéaux, homosexualité... Ils forment un écrin contextuel complet au récit et relèvent d'un subtil dosage qui empêche Pain Noir de s'éparpiller. C'est ainsi que les messages passent ; reste à les digérer."Vous l’aurez compris, Pain Noir a de fortes chances d’être sélectionné aux prochains Oscars dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère. Reste que la concurrence est rude : entre Une séparation pour l’Iran, Et maintenant on va où ? pour le Liban, Omar m’a tuer pour le Maroc ou encore La guerre est déclarée pour la France, de nombreux films proposés pourraient bluffer les votants.Bande-annonce de Pain Noir, sorti en France cet été :