Le réalisateur de Boîte noire s’essaie au thriller hitchcockien avec Diane Kruger. Au risque de privilégier la forme au fond…
Une femme sort de l’eau. Elle est seule sur le sable avant d’apercevoir deux ombres en haut du chemin. Les ombres disparaissent et la femme se dirige vers une étrange maison abandonnée. Dès l’ouverture de Visions, l’art de Yann Gozlan éclate : la beauté des cadres, l’extrême douceur de ses mouvements de caméra (presque hypnotiques) enregistrent la marche hallucinée de son héroïne. Gozlan est un filmeur. Depuis Un homme idéal, le cinéaste aime s’engouffrer dans les codes du thriller (psychologique avec Un homme idéal, parano avec Boîte noire) pour en proposer une relecture moderne.
Estelle (Diane Kruger), commandant de bord long courrier au professionnalisme hors pair, mène une existence parfaitement réglée aux côtés de Guillaume (Kassovitz, un peu absent), son mari protecteur. Les vols et les "jet lag" à répétition commencent à perturber le rythme biologique de la jeune femme, et particulièrement son sommeil. Un jour, par hasard, dans un couloir de l’aéroport de Nice, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel… Sous l’influence de Hitchcock, Lynch et Nolan, Gozlan filme donc le vertige de cette femme qui ne fait plus la différence entre le rêve et la réalité. Hagard ou fébrile, Diane Kruger incarne cette héroïne duelle et s’en sort bien : si elle n’y excelle pas complètement, c’est que le film ne lui en donne pas tout à fait les moyens, négligeant trop l’enjeu émotionnel et jouant la carte de la virtuosité pour épater son spectateur. Dommage.
De Yann Gozlan. Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto…. Durée 2h03. Sortie le 6 septembre 2023
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