L'hilarant et flippant compte Twitter de Ross Putman met en évidence le traitement stéréotypé des femmes dans le cinéma américain dès l'écriture du scénario.
En tant que producteur, Ross Putman n'a pas un CV hallucinant : il a produit deux petits films indépendants signés Kerem Sanga, The Young Kieslowski et First Girl I Loved, ce dernier présenté à Sundance 2016 avec entre autres Brianna Hiledbrand qui joue Negasonic Teenage Warhead dans Deadpool. Mais Ross vient d'avoir une idée de génie : sur son compte Twitter, nommé @femscriptintros, il tweete depuis mardi dernier des messages très précis. Des extraits des scénarios qu'il reçoit. Et qui sont consacrés uniquement à la présentation des personnages féminins de l'histoire. Et le résultat est très drôle mais surtout très flippant. "Voilà des intros pour des personnages principaux féminins dans de vrais scripts que je reçois", écrit Ross dans sa présentation. "Les noms ont été changés en JANE, sinon c'est du mot pour mot." Voilà un échantillon :
"JANE, 28 ans, athlétique mais sexy. Sa beauté est naturelle. La plupart du temps elle est en jeans, et elle les porte bien."
"JANE entre, elle a de longs cheveux blonds. Belle sans forcer, d'elle émane un charme étrange et engageant derrière son sourire audacieux."
"JANE, la trentaine, belle, intelligente, se tient dans la cuisine et se tourne vers sa femme de ménage."
"Derrière la vitre embuée de la douche on devine la silhouette indiscernable mais sexy de JANE en train de se doucher."
"Une belle femme, JANE, 23 ans, un peu pompette, dance nue sur son lit, aussi adorable que sexy. *BONUS POUR ETRE LA PREMIERE LIGNE (du script)"
Et caetera. Cette sélection encore réduite (Ross n'a que peu tweeté) met bien en lumière que le traitement stéréotypé des femmes dans le cinéma commence dès l'écriture du scénario en les définissant par leur beauté physique, leur sex-appeal ou leurs "qualités" de ménagères. Le compte de Ross a rencontré un large écho (plus de 34 000 followers en trois jours) et est repris par des médias : "voilà comment NE PAS présenter vos personnages féminins" titre par exemple Indiewire. "Mes excuses si je cite votre travail", écrit Ross. Est-ce que la médiatisation de ces extraits va amener les scénaristes à repenser le traitement des personnages féminins ? C'est à espérer.
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