Plongée prenante dans le petit monde des fanatiques du club de Naples
La dernière fois que le cinéma avait montré les supporters du club de foot de Naples, c’était il y a un an dans le documentaire qu’Asif Kapadia a consacré à la légende du club : Diego Maradona. On y voyait le peuple de cette ville si souvent raillée à genoux devant son sauveur, prêt à lui pardonner toutes ses incartades. Avec Ultras, Francesco Lettieri (lui- même napolitain) s’intéresse via la fiction aux plus violents d’entre eux. Ceux qui, par amour du maillot, cherchent la bagarre contre les supporters adverses et la police avant, pendant et après les matchs. Et son premier talent est d’avoir su choisir un angle. Plus que purement sociétal et politique (Ultras ne traite pas par exemple des liens de ces Ultras avec la Mafia ou l’extrême droite), son film raconte une histoire de rédemption et de conflit entre générations. Son personnage central (incarné par l’impressionnant Aniello Arena, révélé au cinéma en 2012 par Matteo Garrone dans Reality), interdit de stade pour ses violences passées, a envie de raccrocher les gants. De retrouver une vie « normale » - notamment amoureuse - et ne plus la sacrifier à la bande d’ultras dont il est le chef charismatique. A ceci près que ses réflexes violents ne disparaissent pas en un claquement de doigts. Et que la jeune génération, inspiré par les actions de ses aînés, ne désire pas rendre les armes mais faire, en plus grand, plus fort et plus violent ce que leurs aînés ont initié. Ultras raconte cet affrontement avec une tension jamais artificielle, grâce à une mise en scène inspirée et parfaitement digérée de Gommora. Un film prenant de bout en bout.
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