Top voyages dans le temps
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Nous avons cherché dans nos souvenirs les meilleurs voyages dans le temps jamais filmés.

20. THE HOUSE IN THE SQUARE (ROY WARD BAKER, 1951)

Un Américain vivant à Londres dans une demeure restée intacte depuis 150 ans est obsédé par le journal tenu par l’un de ses aïeuls, dans lequel il est écrit que lui – l’homme du XXe siècle – a pris sa place pendant quelques jours en 1784 et que l’échange va bientôt avoir lieu (spoiler : c’est vrai). Présent et passé seraient donc liés, simultanés, leur belle harmonie simplement mise en danger par une histoire d’amour imprévue avec une jeune femme engloutie dans la nuit des temps... Entre vintage et vestige, ce remake de Berkeley Square (1933) vaut surtout par sa mise en parallèle d’une Angleterre XVIIIe snob, efféminée et fin de siècle (les hommes ne se lavent pas) et du « nouveau monde » représenté par un jeune et sémillant Américain.

19. PEGGY SUE S’EST MARIÉE (FRANCIS FORD COPPOLA, 1986)

On pardonne aisément à Coppola d’avoir cherché ici à surfer sur le succès de Retour vers le futur. D’abord parce que Francis Ford est l’incontesté maître du temps, le roi des horloges détraquées (celles de Rusty James) et des dialogues par-delà les époques entre les pères et les fils (Le Parrain 2). Ensuite, parce que le script de Peggy Sue avait été écrit avant le film de Zemeckis, et qu’il inventait l’une des catégories les plus charmantes du voyage temporel : le retour aux années lycée des quadras déphasés. Un sous-genre récemment réactivé en France par Bis et Camille redouble. Deux films qui se passent dans les années 80, soit la décennie que Kathleen Turner cherchait justement à fuir chez Coppola. La preuve que toutes les époques finissent par devenir « le bon vieux temps ».

18. L’EXCELLENTE AVENTURE DE BILL ET TED (STEPHEN HEREK, 1989)

Pourquoi un homme venu du futur irait-il confier à Bill et Ted une machine à voyager dans le temps ? Pourquoi la civilisation de 2688 tient autant à ce que les deux zozos se chopent un A+ pour leur dissertation d’histoire ? Vous le saurez en regardant jusqu’au bout cette impayable idiotie pré-Wayne’s World (duo-rock chevelu qui s’exprime par « Excellent ! ») où Jeanne d’Arc découvre les joies de l’aérobic pendant que Billy le Kid et Socrate deviennent inséparables. Très culte là-bas, très oublié chez nous, cet artefact charmant s’amuse essentiellement à faire dialoguer la culture heavy fluo des 80s avec les grandes figures de l’histoire. Il devrait connaître un troisième volet tardif d’ici peu (car oui, il y a eu un 2).

17. DANS LA NUIT DES TEMPS (TSUI HARK, 1995)

Un an après, Tsui Hark plongeait le couple de The Lovers dans une fantaisie romantico-supersonique, où la sublime Charlie Young voyage dans le temps pour empêcher le meurtre du tout aussi sublime Nicki Wu. Un peu snobé, c’est pourtant l’un des  films les plus énergisants jamais réalisés. Ça s’ouvre direct sur une parodie du logo des Looney Tunes, histoire d’être très clair sur les intentions, et ça empile ensuite les concepts SF irracontables, les décrochages de tonalités inouïs et surtout, les paradoxes temporels jusqu’à implosion totale de vos neurones. À côté, Retour vers le futur 2 est un sommet de jansénisme grisâtre.

16. L’ARMÉE DES 12 SINGES (TERRY GILLIAM, 1996)

À l’époque de la sortie de L’Armée des 12 singes, Terry Gilliam disait n’avoir jamais vu La Jetée de Chris Marker. Ce qui paraît fou, aussi fou que si David Lynch prétendait ne pas connaître Vertigo. Mais ça lui aura au moins permis de réaliser son film-somme, celui qui synthétise toutes ses obsessions (les dystopies kafkaïennes, les imbroglios temporels, la mélancolie crèvecoeur), celui qu’il cherchait déjà à faire à l’époque de Brazil, et encore récemment dans L’homme qui tua Don Quichotte. L’ex-Python a-t-il fini par voir La Jetée ? Chris Marker, en tout cas, aimait beaucoup L’Armée des 12 singes. Et Vertigo, aussi.


15. BANDITS, BANDITS (TERRY GILLIAM, 1981)

Terry Gilliam est encore un Monty Python quand il tourne cette histoire de nains voleurs d’une « carte du temps », qui embarquent un enfant nommé Kevin vers l’époque de Napoléon, de Robin des bois ou des Atrides (Sean Connery superbe en Agamemnon), tandis qu’ils sont pourchassés par l’« être suprême » (une tête bleue en animation « gilliamesque »). En réalité, cette histoire pourrait aussi bien être le fruit de l’imagination débordante du petit Kevin, qui pourrait aussi bien s’appeler Terry, puisque c’est surtout de cela qu’il s’agit : le manifeste créatif pétaradant et jovial de Gilliam, qui tournera son pendant cauchemar (Brazil) trois ans après. Le voyage dans le temps a rarement été aussi rigolo, inoffensif et sans ambiguïté que dans Bandits, Bandits : on saute à travers des portails, on va s’amuser dans des univers chatoyants, et on repart comme on est venu, vers de nouvelles aventures.

14. IL ÉTAIT TEMPS (RICHARD CURTIS, 2013)

Le petit copain de Rachel McAdams possède une particularité génétique qui lui permet de voyager dans le temps. Ce pitch est celui d’un film avec Eric Bana datant de 2009 (Hors du temps), qui n’a rien à faire dans cette liste et que tout le monde a d’ailleurs oublié. C’est aussi celui d’un Richard Curtis irrésistible, réalisé à peine quatre ans plus tard, ce qui est extrêmement troublant et peut laisser entendre que son actrice principale a choisi de réécrire son passé, un peu comme Marty McFly, ou comme ici Domhnall Gleeson. Sauf que, comme l’explique très bien Il était temps, on ne réécrit pas impunément sa propre histoire. La preuve : depuis, Rachel McAdams n’a jamais rien fait d’aussi bien.


13. LES VISITEURS (JEAN-MARIE POIRÉ, 1993)

Un duo moyenâgeux et particulièrement bourrin, vulgaire et raciste fait connaissance avec la France de Mitterrand – qui n’a aucun mal à se reconnaître en lui et lui fait un triomphe. C’est la vieille recette comique « du poisson hors de l’eau », que le duo Clavier-Poiré n’aura eu de cesse de jouer sous toutes les déclinaisons possibles. Ni trop molle, ni trop hystérique, cette partition-là est probablement la meilleure dans le genre, même s’il faut noter que, comme dans la série des Retour vers le futur, c’est le deuxième volet qui utilise le mieux les zigzags temporels et les paradoxes montés en sauce mayonnaise (particulièrement écoeurante dans ce cas précis).

12. CLOUD ATLAS (LANA & LILLI WACHOWSKI & TOM TYKWER, 2013)

L’humanité est-elle condamnée à répéter sempiternellement les mêmes erreurs ? Le souvenir de nos vies antérieures nous mènera -t-il vers les révolutions de demain ? Et si le futur était aussi notre passé ? En adaptant un pavé inadaptable, les soeurs Wachowski et Tom Tykwer s’interrogent sur la manière dont un petit sursaut de rébellion lointain ricoche suffisamment longtemps pour renverser le cours de l’humanité. Le voyage dans le temps envisagé sur son versant new-age et cosmique : les esprits font le yo-yo entre les différentes timelines et les corps, eux, ont beau se photocopier, ils restent toujours à quai.


11. IVAN VASSILIEVITCH CHANGE DE PROFESSION (LEONID GAÏDAÏ, 1973)

Vous ne connaissez pas Leonid Gaïdaï ? Normal. Le plus grand succès de ce Molinaro soviétique reste cette comédie délirante avec machine à remonter le temps, rêves zinzins et changement d’identité qui n’a jamais dépassé l’Oural. Le vrai saut dans le temps, c’est celui d’Ivan Vassilievitch Bouncha, petit fonctionnaire soviétique lâche et tatillon qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Ivan le Terrible et se retrouve projeté à la cour du tsar pendant que ce dernier passe au XXe siècle. Ajoutez-y une romance hystérique, la critique feutrée du stalinisme et une bande-son très pop... Le grand cinéma populaire russe avait vraiment de la gueule.

10. DÉJÀ VU (TONY SCOTT, 2006)

Dans ce remake combiné de Vertigo et de Fenêtre sur cour, Tony Scott imagine un flic (Denzel Washington) qui tombe amoureux d’une femme pas-encore-déjà-morte, en voyant son image apparaître sur un écran de surveillance qui a quatre jours d’avance. Mêlant tous les genres d’imagerie « moderne » (et comportant l’une des plus belles courses-poursuites de la décennie), ce blockbuster fou, exaltant et théorique, imposera pour de bon le mal aimé Tony Scott aux yeux de la critique intello.

09. LA JETÉE (CHRIS MARKER, 1962)

« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance. » Composé uniquement de photos dans lesquelles Chris Marker se balade, ce film nous envoie sur les traces d’un cobaye humain qui effectue des voyages dans le temps afin d’établir un pont entre le passé et l’avenir pour sauver la planète. Ses allers-retours vont lui permettre de se concentrer sur une femme qui hante ses souvenirs... Un peu comme chez Proust, le temps n’est ici qu’une spirale se déroulant de manière aléatoire, liant présent, passé et futur. Le cinéma devient un art de fantômes, un long poème qui permet de conserver l’image vivante des choses passées.

08. RETOUR VERS LE FUTUR 2 (ROBERT ZEMECKIS, 1989)

À la fin des années 80, Robert Zemeckis apprenait aux kids le sens du mot « méta », pavant la voie à la grande vague autoréflexive qui allait s’emparer du cinéma hollywoodien dans la décennie suivante, de Gremlins 2 à Last Action Hero. Marty McFly voyageant dans le premier film, deux Doc Brown pour le prix d’un... ça fichait le vertige. Et aujourd’hui ? Alors que la date d’expiration du film (le 21 octobre 2015) est censée être dépassée, Retour vers le futur 2 est devenu un documentaire horriblement pertinent sur notre présent. Surexploitation écoeurante des franchises ciné (la blague sur Les Dents de la mer 19), nostalgie flippante pour les années 80, Biff Tannen (Donald Trump) président : Robert Zemeckis avait tout prévu. Quelqu’un a-t-il les clés de la DeLorean pour empêcher tout ça ?

07. C’ÉTAIT DEMAIN (NICHOLAS MEYER, 1979)

Londres, 1893. Lorsque H. G. Wells réunit ses amis pour leur montrer sa dernière invention, une machine à voyager dans le temps, il est loin de penser que l’un de ses invités est Jack l’Éventreur. Mais quand la police sonne pour fouiller la maison, le criminel s’échappe en utilisant la machine, et H. G. lui emboîte le pas... L’idée de cette fantaisie est autant le voyage dans le temps que la volonté de croiser deux figures cultes du XIXe siècle : l’écrivain-scientifique et le serial killer. Sur ce terrain, Meyer n’en est pas à son coup d’essai puisque cinq ans avant, un de ses romans réunissait Sherlock Holmes et Sigmund Freud. Il passe ici derrière la caméra et signe un chef-d’oeuvre de SF lounge qui mélange paradoxes temporels, polar et romance.

06. LA TRAVERSÉE DU TEMPS (MAMORU HOSODA, 2007)

Les films de boucle temporelle à la Un jour sans fin ou Edge of Tomorrow sont-ils, oui ou non, des films de voyage dans le temps ? Voilà une excellente question, tranchée avantageusement par ce merveilleux dessin animé de Mamoru Hosoda, qui se présente comme la suite/extrapolation d’une fameuse nouvelle pour enfants, qui a donné lieu à une dizaine de séries télé, mangas, films, téléfilms, chansons ou publicités depuis sa publication en 1965. Au moment d’être fracassée par un train, une jeune fille se retrouve transportée avant l’accident et se découvre le pouvoir de rééditer cet exploit un nombre limité de fois. Un bon prétexte pour jouer à remonter le temps, le mettre sur pause, le rebooter et essayer de le réparer, traversant le temps de part en part pour en faire un champ d’expériences et d’aventures sans fin.

05. DONNIE DARKO (RICHARD KELLY, 2001)

Donnie Darko est un coming of age somnambule, une lettre d’amour aux teen movies, un cauchemar schizo, une chronique de l’indécision morale et... un film de voyage dans le temps ?!? Mais si, souvenez-vous : Donnie échappe au réacteur d’avion qui s’est écrasé dans sa chambre parce qu’il a suivi les conseils de Frank, son ami imaginaire à tête de lapin. Mais l’accident a également entraîné une réaction en chaîne qui conduira à la mort de plusieurs proches du jeune homme. Grâce à ses conversations sur les trous noirs avec un prof de physique joué par Noah Wyle et une vieille folle surnommée « Grand-mère la mort », Donnie va pouvoir infléchir le cours du temps via un vortex temporel qui, euh... pfff... non, laissez tomber. Quelqu’un a-t-il déjà réussi à résumer un film de Richard Kelly ?

04. QUELQUE PART DANS LE TEMPS (JEANNOT SZWARC, 1980)

Obsédé par la photo d’une jeune femme datant du début des années 1910, un dramaturge des 70s décide tout simplement de voyager dans le temps pour la rencontrer. Tout est extrêmement délicat et élégant dans cette romance méconnue écrite par le très culte Richard Matheson : les tapis de cordes de John Barry, le regard de Jane Seymour, la photo « david-hamiltonienne », les références à L’Aventure de Mme Muir et le final qui embue les yeux pour l’éternité. Mais le plus beau et le plus doux, ici, c’est peut-être la manière dont Christopher Reeve se propulse dans le passé : une tenue d’époque, un peu d’auto-persuasion et un grand lit. Hop : hier lui appartient.

03. TERMINATOR 2 : LE JUGEMENT DERNIER (JAMES CAMERON, 1991)

Ceux qui ont découvert X-Men : Days of Future Past en 2014 ont forcément pensé à Terminator 1 et 2, puisqu’il s’agit exactement de la même histoire : des résistants d’un futur post-apocalyptique sont envoyés dans le passé pour empêcher l’avènement de robots-sentinelles qui asserviront le monde. Le professeur Xavier et Bryan Singer auraient donc tout volé à James Cameron ? Pas tout à fait, Cameron ayant inventé ses robots aux yeux rouges trois ans après la publication du comic book Days of Future Past (1981), créant une paradoxe cinématographique, une boucle artistique où Matrix et Looper ont su se faire une petite place. Maintenant, le caractère jamais vu du T1000 et le coup d’envoyer le  Terminator du premier film dans le second, non plus pour tuer John Connor mais pour le sauver, ça, c’était du pur génie. Et Cameron ne l’avait piqué à personne.

02. ABATTOIR 5 (GEORGE ROY HILL, 1973)

Billy Pilgrim est à Dresde, sous les bombes, pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais il est aussi, en même temps, sur la planète Trafalmadore, réfléchissant à son parcours terrestre. Et encore, en parallèle, dans les États-Unis de l’après-guerre, menant une vie de Candide du Middle West. Profitant d’une faille dans la trame du temps, Billy voyage, fait des sauts de puce dans sa propre histoire, zappe d’une époque à l’autre, envisageant l’existence comme une collection de micromoments épars. De la même façon que le roman de Kurt Vonnegut, dont il s’inspire, réconciliait l’Amérique profonde avec les hippies, Abattoir 5 organise le dialogue entre les fans de Resnais et ceux de Lost. L’un des rares très grands films de voyage dans le temps qui soit aussi un très grand film tout court.

1. RETOUR VERS LE FUTUR (ROBERT ZEMECKIS, 1985)

Tous les chemins mènent vers le futur. Pourquoi ce film est-il si génial, comment est-il si parfait ? Outre les éléments de pop culture (DeLorean, Marty McFly, le 5 novembre), l’impact originel de Retour vers le futur tient sans doute au fait que Zemeckis, l’un des plus grands techniciens visionnaires de l’histoire du cinéma, est aussi et surtout un pré-geek resté bloqué dans un autre temps pop, une autre époque, des réalités émotionnelles alternatives. Les années Beatles (I wanna hold your hand), les romans d’aventures (À la poursuite du diamant vert), l’histoire américaine (Forrest Gump), l’univers infini (Contact), presque tous ses films sont des voyages, qui voient leurs personnages balancés à travers le temps et l’espace, et finissent par constituer une oeuvre fascinante, fonctionnant comme une balade dans l’inconscient collectif américain du XXe siècle. Zemeckis aura touché au plus près du coeur de cible par deux fois : avec Forrest Gump, portrait métaphorique de l’Amérique des années 60/70 sous les traits benêts de Tom Hanks et dans Retour vers le futur, le film qui dit mieux que tout autre l’obsession du paradis perdu de la way of life des années 50 (bagnoles chromées, milkshakes, bals de promo et tutus roses), qui définit les années Reagan et toute la culture yankee depuis.