La révélation d'une superbe cinéaste: Charlène Favier
Liz a 15 ans, une mère peu présente, un père aux abonnés absents et un rêve dont elle ne s’est jamais sentie aussi proche – devenir une championne de ski – en accédant à une formation sport- études privée dirigée par un entraîneur rude et cassant mais qui a vite repéré le potentiel de l’adolescente. Slalom pourrait donc être l’histoire d’une success- story avec ses hauts et ses bas qui s’achèverait en beauté par une collection de médailles. Mais ce premier long métrage de Charlène Favier nous emmène ailleurs. Vers les sommets certes car Liz gagne. Mais d’abord et avant tout vers une descente aux enfers étouffante. Car Liz est tombée sous la coupe de cet entraîneur qui va franchir la limite de son intimité… en faisant fi d’un non- consentement qu’il paraît ne jamais voir.
Slalom est un film majeur sur l’emprise parce qu’il ne tombe jamais dans l’écueil du manichéisme. C’est un film avec très peu de cris et de heurts. Mais une douleur intérieure de plus en plus violente et sourde face à une figure tutélaire qu’on admire, dont on espère qu’il vous admire et qui va tout faire voler en éclats comme on piétine un champ de fleurs à peine écloses. La maîtrise du récit – entièrement vécu à travers le regard de Liz - comme de la mise en scène est ici impressionnante. Le choix du casting – Jérémie Rénier et Noée Abita – est aussi juste que ce que ces comédiens font de leurs rôles, jouant avec l’ambiguïté comme si leurs personnages refusaient longtemps de voir et d’admettre le mal que le premier fait et celui que la seconde subit. Jusqu’à un ultime plan qui vous laisse KO.
De Charlène Favier. Avec Noée Abita, Jérémie Rénier, Marie Denarnaud... Durée: 1h32. Sortie le 19 mai 2021
Commentaires