Actrice phare des années 1980, Caroline Cellier a marqué la comédie française de son ironie mordante et de ses personnages de femmes assurées comme dans Le Zèbre. Elle est décédée ce mercredi, à 75 ans.
La nouvelle a été annoncée par son fils, Nicolas Poiret sur son compte instagram : « Aujourd’hui, on se quitte pour quelques minutes, mais tu auras été et tu resteras éternellement ma force, mes fous rires, mes angoisses, ma dérision, mes coups de sang, ma chevalière des injustices, ma détectrice d’hypocrisie, ma lune, ma Moune, ma mère, ma bataille ! » La comédienne de 75 ans est décédée le mercredi 16 décembre.
Sa carrière compte une cinquantaine de films et téléfilms et une vingtaine de pièces. Avec ses yeux en amande qui vous fixent profondément, sa silhouette élégante et son phrasé grave et posé, Caroline Cellier, comédienne rompue au théâtre, a d’abord frappé les esprits des spectateurs en héroïne hitchockienne dans Que la bête meure de Claude Chabrol en 1969. Si elle a souvent incarné les « femmes de » (comme dans L’emmerdeur en 1973 où elle est femme de Jacques Brel alias François Pignon), elle leur a souvent apporté une autorité naturelle et un je-ne-sais -quoi en plus. Elle n’hésite pas non plus dans les années 1970 à oser des films sur des sujets encore tabous comme ce Une femme, un jour de Leonard Kiegel qui traite de l’homosexualité féminine. Son premier succès, elle le doit à Henri Verneuil et son palpitant Mille milliards de dollars en 1982 où elle interprète l’ex-épouse d’un Patrick Dewaere qui traque la vérité.
Les années 1980 lui ouvrent une décennie glorieuse où elle s’impose dans un personnage de femme libre et indépendante. Mère troublante de Christian Vadim dans Surprise-party de Roger Vadim, mère prédatrice de Valérie Kaprisky dans L’année des méduses de Christopher Frank pour lequel elle remporte le césar du meilleur second rôle ou mère débordée dans Femmes de personne du même réalisateur. Elle a su aussi casser cette image dans des rôles plus sombres et tortueux comme cette accro au jeu dans Poker (1988), le premier film de Catherine Corsini, cette escroc complètement foldingue qui fait la paire avec Bernard Giraudeau dans Vent de panique de Bernard Stora ou la prostituée de La Contre-Allée de Isabel Sebastian.
Mais c’est son mari Jean Poiret qui lui confiera un des plus beaux rôles de sa carrière dans Le Zèbre, adaptation du roman d’Alexandre Jardin, où elle interprète la femme piégée par le fantasque Thierry Lhermitte. Nommée au César de la meilleure actrice pour ce rôle en 1993, elle poursuivra la décennie en enchaînant des rôles secondaires au cinéma (notamment dans Didier d’Alain Chabat), mais de premier plan à la télévision (La disgrâce de Dominique Baron) puis sur scène où elle incarne une vénéneuse Blanche dans Un tramway nommé désir. Son dernier rôle, elle le tint en 2009 devant la caméra de Benoit Petré dans Thelma, Louise et Chantal où sa liberté s’exprime avec majesté. Sa danse en boite de nuit reste une image marquante de cette force séductrice qui cache une grande fragilité.
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