Longlegs (2024)
Capture d'écran/Metropolitan FilmExport

Entre occultisme, glam rock et clins d’œil au Silence des Agneaux, le film d’horreur d’Oz Perkins se perd vite dans son dédale de références

Sur l’affiche du film, Maika Monroe porte une main au flingue accroché à sa ceinture, prête à dégainer, et l’autre à sa bouche, pour masquer un cri d’effroi. Un bon indicateur de l’équilibre recherché par Longlegs entre thriller et horreur, film de flics et film de flippe. Le quatrième long métrage d’Oz Perkins (mais le premier à sortir chez nous en salles) met en scène la traque par une enquêtrice du FBI, dans les années 90, d’un serial killer super flippant et frappadingue joué par un Nicolas Cage transfiguré (on n’en dira pas plus, une partie de la promo entretenant le mystère de son apparence dans le film).

FBI, enquêtrice, années 90 : Longlegs a clairement été conçu comme une variation sur Le Silence des Agneaux – la confirmation, après plusieurs autres productions récentes (Misanthrope de Damian Szifron, la saison 4 de True Detective…), que l’écho du chef-d’œuvre millésimé 1991 résonne aujourd’hui plus fort que jamais. L’angle d’attaque de Perkins, c’est de s’emparer des codes, des thèmes et de l’imagerie du classique de Jonathan Demme pour les emmener frayer sur les terres de l’occulte, du spiritisme et des frissons Grand-Guignol. Un jeu funambule, donc.

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Metropolitan Filmexport

Il y a un côté petit chimiste cintré dans la démarche du réalisateur, qui séduit le temps de quelques scènes d’exposition imposant une atmosphère de terreur blafarde, depuis l’apparition trauma d’un croquemitaine dans un jardin enneigé, jusqu’à l’enquête de routine d’un duo de Fédéraux bientôt percutée par les dons médiumniques de l’héroïne. Dans son mélange de puissance et de fébrilité, la toujours passionnante Maika Monroe (icône du cinéma d’horreur depuis It Follows, il y a déjà dix ans) est pour beaucoup dans la séduction initiale du film.

Longlegs révèle malheureusement rapidement qu’il a plus de style que de substance. Perkins sait fabriquer des ambiances inquiétantes, des images choc, mais qui sont surtout là pour camoufler une intrigue assez banale. Il multiplie les faux départs, chapitre artificiellement son récit pour lui donner une apparence sophistiquée, et parsème le tout de clins d’œil à des fétiches rock (T. Rex), vite réduits à du cool clé en main. Le film, au fond, ressemble à la performance over the top de Nicolas Cage : divertissante mais très banale dans son excentricité revendiquée. C’est de l’elevated horror, comme on dit, mais pas très haut perchée sur l’échelle de la frousse.

De Oz Perkins. Avec Maika Monroe, Nicolas Cage, Blair Underwood… Durée 1h41. En salles le 10 juillet 2024