"Ce n'est pas comme ça que ça a commencé. C'était plus : 'Hey ! Ecrivons un film d'action', puis on y a inclus notre transidentité un peu partout petit à petit (rires)."
Grâce à Matrix Resurrections, Lana Wachowski a réglé ses comptes avec l'industrie hollywoodienne, en égratignant tous les messages de la saga, toutes les analyses qui ont été faites de la relation entre Neo (Keanu Reeves) et Trinity (Carrie-Anne Moss) depuis 1999. Elle s'amusait aussi des différentes perceptions de la matrice vs. le monde réel.
La réalisatrice et co-auteure du blockbuster a profité de ce film de commandes pour clouer le bec aux spectateurs qui n'avaient rien compris à Matrix. Surtout les "trolls", les masculinistes ou les extrémistes, tous ceux qui font exprès de détourner les différents propos des films pour illustrer leurs visions socio-politiques du monde et défendre des idées qui ne sont pas du tout partagées par les soeurs Wachowski.
Matrix Resurrections : un doigt d’honneur surprenant et réjouissant à l’industrie [critique]Parmi les nombreuses théories qui ont fleuri autour de Matrix, il y a bien sûr l'allégorie trans, puisque ses deux créatrices ont démarré l'aventure en tant qu'hommes, avant de transitionner. Si Lilly Wachowski s'est écartée de ce quatrième volet, elle revient auprès de Them sur les origines de la saga, et considère que s'il y a bien une allégorie de la trans-identité dans Matrix, ce n'est pas ça qui leur a donné envie d'imaginer cette histoire au départ.
"Non (je n'ai pas confirmé que Matrix était une allégorie trans), commence Lilly. Cela vient d'une interview que j'avais faite pour Disclosure. Ils avaient des questions sur Matrix. Et l'une d'elle concernait Switch (jouée par Belinda McClory, ndlr), qui avait été écrite à l'origine comme un personnage trans. C'était un homme dans le monde réel et une femme dans la matrice. Ils ont repris cette réponse et l'ont rattachée à la question que tout le monde associe aujourd'hui au fait que Matrix soit une allégorie trans. Alors que c'était hors contexte."
Lana Wachowski : "Il n'était pas question de revenir dans la Matrice pour retourner en arrière""Enfin, je ne veux pas en faire tout un plat non plus, poursuit-elle, car effectivement, c'est une allégorie trans, qui a été écrite par deux femmes trans qui n'avaient pas encore fait leur coming out. Bien sûr qu'il y a des choses super-trans dans ce premier film. L'idée même de la transformation, et toute la présentation de Neo : 'Mon nom est Neo, M. Anderson.' C'est une façon de revendiquer une identité, c'est indéniable.
Pour chaque décision qu'on a prise sur ce film, il y a cette idée de transidentité qui plane. Quand je reviens en arrière et qu'on regarde comment on a choisi Neo et Trinity, quelles personnes on a casté pour ces rôles, je me rends compte à quel point c'est évident. Ce sont les deux côtés d'une même pièce. Mais ce n'est pas comme si ces décisions étaient conscientes à l'époque, cela relève plus du fait qu'on cherchait instinctivement notre chemin en tant que femmes trans 'dans le placard'.
Donc oui, tout ce que vous évoquez est complètement valide. Quand les gens disent : 'C'est une allégorie trans', je réponds : 'Oui... C'en est une.' Mais à l'époque, on ne s'est pas dit : 'Hey ! Ecrivons Matrix comme une allégorie trans. Ce n'est pas comme ça que ça a commencé. C'était plus : 'Hey ! Ecrivons un film d'action', puis on y a inclus notre transidentité un peu partout petit à petit (rires)."
En 2020, Lilly Wachowski évoquait déjà cette question, et affirmait que Matrix était surtout né de la "rage". "Maintenant que j’ai fait mon coming out et que je suis un exemple vivant de quelqu'un qui peut vieillir en tant que femme trans, les personnes concernées peuvent voir ces films à travers le prisme de ma transidentité et de leur propre transidentité. Je suis extrêmement fière d'avoir pu offrir cela aux gens."
"Matrix est né de beaucoup de colère et de rage, expliquait-elle. De la rage contre le capitalisme et la structure corporatisée et les formes d’oppression. Cette rage bouillonnant en moi concernait ma propre oppression, je [me forçais] à rester dans le placard".
Barbie - le film : un Matrix avec des paillettes ?
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