Les meilleurs films français selon les cinéastes français
Le cinéma des cinéastes (français)
Beaucoup de Renoir, pas de Godard ni de Maman ni de Putain, presque aucun film après 1985, des imprévus, des refus, des réponses laconiques ou des pavés... A l'occasion des 120 ans du cinéma et de l'exposition organisée par l'Institut Lumière au Grand Palais, <em>Première</em> a demandé à 40 cinéaste quel était leur film français de chevet.Voici les réponses de <strong>Bertrand Bonello</strong>, <strong>Gaspar Noé</strong>, <strong>Michel Hazanavicius</strong>, <strong>Guillaume Canet</strong> et <strong>Fabien Onteniente</strong>. Retrouvez celles d'<strong>Albert Dupontel</strong>, <strong>Bruno Dumont</strong>, <strong>Matthieu Delaporte</strong>, <strong>Patrice Leconte</strong>, <strong>Alexandre Astier</strong> et les autres dans le dernier numéro de <em>Première</em>, actuellement dans les kiosques.
Gaspar Noé : Un Chien andalou de Luis Bunuel (1929)
« La plus violente éruption du monde mental sur une toile blanche. Indépassable. J'aurais tellement aimé avoir été derrière les yeux des auteurs pour voir les expressions outrées de spectateurs de l'avant-première de 1929. Grâce à ces jeunes terroristes espagnols, la barre a été placée très, très haut en France et sur la planète, pour toutes les générations qui ont suivi. Seul Pasolini est arrivé à ces cimes, mais pas jusqu'à la projection. »
Michel Hazanavicius : La Guerre des boutons de Yves Robert (1962)
« C?est un film très complet, très humble. Un film très beau sur la liberté. C?est drôle et populaire, mais, sous des dehors léger, c?est finalement très profond. Yves Robert fait de la politique de manière très élégante et très divertissante ce qui n?est pas donné à tout le monde. Un classique. »
Guillaume Canet : La Règle du jeu de Jean Renoir (1939)
« C'est à la fois une comédie et une tragédie magistrale. <strong>Jean Renoir</strong> lui même qualifiait son film de "drame gai". C'est un film qui annonce la fin d'une époque avec pessimisme et désenchantement. Filmé de manière incroyable ! La partie de chasse est mémorable et la qualité de la distribution et de l'interprétation laisse rêveur... C'est un film qui parle de la vie, de la société, Renoir dépeint un système petit bourgeois replié sur ses valeurs dépassées... Il montre aussi des personnages tellement plus riches par leur personnalité... Tel que le braconneur interprété par le sublime <strong>Julien Carette</strong>. Le film est boudé à sa sortie par le public et les critiques et deviendra 20 ans plus tard et encore aujourd'hui un chef d'?uvre absolu. C'est un film très important pour beaucoup de cinéastes. J'ai vu ce film une bonne dizaine de fois et le fait d'en parler me donne envie de le revoir encore et encore !!! »
Fabien Onteniente : Le Corniaud de Gérard Oury (1964)
« J?hésite entre<em> Série Noire</em> et? Non, je vais choisir <em>Le Corniaud</em>. J?ai grandi en banlieue et quand j?étais môme c?était ça le cinéma pour moi : on voyageait, il y avait de l?émotion, du rire, un peu d?action, des belles voitures. J?ai découvert ce film avec mes parents donc c?est d?abord un souvenir d?enfance, mais par la suite, c?est vraiment <em>Le Corniaud</em> qui m?a donné envie de faire du cinéma. Les couleurs, le rythme, la beauté des décors ! C?est un chef d?oeuvre. Et puis, bon... De Funes, quoi. J?adore cet acteur. Et le duo qu?il forme avec Bourvil ici est au sommet. »
Bertrand Bonello : Pickpocket de Robert Bresson (1959)
« N?en choisir qu?un, geste quasi impossible, cruel, douloureux, mais c?est le jeu. Alors, pour jouer, comment choisir un film plutôt qu?un autre ? Dans ce cas, ne pas essayer de faire le malin ou l?original. Retourner à l?émerveillement du cinéma, à l?essence de ce que le cinéma peut produire de plus beau, de plus dingue, de pluscinématographique. En 1959, Robert Bresson réalise Pickpocket. Il "trouve" son cinéma avec Le journal d?un curé de campagne (1951), il installe avec Un condamné à mort s?est échappé (1956) l?idée sublime qu?il faut de la rigueur pour parler de liberté, il atteint avec <em>Pickpocket</em> un sommet de perfection de son système, de sa pensée, de sa recherche, de son geste, de sa mise en scène, de ses ballets de corps fragmentés, de sa musicalité, de son obsessionnelle et géniale folie. En 1h15, Bresson montre qu?il est un des plus grands cinéastes d?action du monde, dans le sens où <em>tout</em> est action dans le film. Chaque plan, chaque parole, chaque voix off ne sont qu?action. Exemple unique dans l?histoire du cinéma.Pickpocket ! Quand les bruits sont musique, quand la voix off est perfection, quand la dernière phrase d?un film vous fait fondre en larmes. Parce qu?elle est bouleversante, oui, mais aussi parce qu?en une fraction de seconde, vous relisez le film dans votre tête, vous vous apercevez que vous ne l?aviez pas compris, vous le comprenez maintenant. Deux êtres sont enfin réunis, et là, vous pouvez pleurer comme rarement. »
Beaucoup de Renoir, pas de Godard ni de Maman ni de Putain, presque aucun film après 1985, des imprévus, des refus, des réponses laconiques ou des pavés... En 2015, à l'occasion des 120 ans du cinéma et de l'exposition organisée par l'Institut Lumière au Grand Palais, Première a demandé à 40 cinéaste quel était leur film français de chevet.Voici les réponses de Bertrand Bonello, Gaspar Noé, Michel Hazanavicius, Guillaume Canet et Fabien Onteniente. Retrouvez celles d'Albert Dupontel, Bruno Dumont, Matthieu Delaporte, Patrice Leconte, Alexandre Astier et les autres dans le numéro de Première, actuellement dans les kiosques.
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