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Jackie BrownGet Shorty ou encore 3h10 pour Yuma, nombreux sont les films qui doivent au prolifique Elmore Leonard leur existence. Sur les 45 livres qu’il a écrits, 26 ont été adaptés sur le petit et le grand écran. « Dutch », comme il se faisait appeler, est également le scénariste de plusieurs longs-métrages : des westerns comme Joe Kidd et des films d’action comme Mister Majestyk.Celui qui avait commencé dans les années 50 avec des westerns est devenu très célèbre grâce à ses polars sombres et violents ayant souvent pour toile de fond la ville de Detroit où il a grandi. Son premier du genre, The Big bounce, paru en 1969, a lancé cette série qui atteindra une forme d’apothéose, selon les plus fans, avec La loi de la cité, chef d’œuvre de ce style noir et urbain. Il continuera ensuite, toujours avec des polars, dans une sorte de revival pulp se passant dans des contrées plus ensoleillées comme la Floride avec LaBrava en 1983, ZigZag Movie (adapté en 1995 sous le nom original de Get Shorty par Barry Sonnenfeld) en 1990 ou encore Punch créole (adapté sous le nom de Jackie Brown par Quentin Tarantino) en 1992. Mais ce qui a fait la réputation d’Elmore Leonard est bien son talent d’écrivain. Surnommé le « Dickens de Detroit » pour les portraits très réalistes de ses habitants, l’auteur avait aussi un don particulier pour les dialogues. Ne respectant pas toujours la grammaire, son but était de les rendre les plus réels possible et de ne surtout pas casser le rythme du roman. Parmi les règles qu’il avait énoncées dans son essai Mes 10 règles de l’écriture, l’une primait sur les autres : « Si cela ressemble à de l’écrit, alors je le réécris ». Un style, une patte qui a fortement inspiré un certain Quentin Tarantino. Le réalisateur, prisé pour ses dialogues, l’avoue sans peine, Leonard était pour lui bien plus qu’une source d’inspiration : « Elmore Leonard était un vrai mentor pour moi en matière d’écriture » explique-t-il dans une interview pour le New-York Times, « Il m’a aidé à trouver ma voix. Il a cette façon de mettre en place ces histoires que vous avez vues des millions de fois de sorte à ce que la réalité vienne les compliquer et parfois il parvient à foutre en l’air un scénario mais de façon très réaliste. C’est ce que je faisais dans mes débuts de scénariste ».Si Elmore Leonard pensait que la sortie de Get Shorty au cinéma en 1995 avait vraiment fait de son nom une marque, aucun doute que celui-ci reste un gage de qualité. La preuve avec la série Justified qui s’est inspirée de deux romans et d’une nouvelle de l’auteur en reprenant le personnage de Raylan Givens (incarné par Timothy Olyphant). Finalement, l‘écrivain fut si fier de la série qu’il avait décidé d’écrire un nouveau roman avec ce protagoniste afin d’aider les scénaristes.Né en 1925 à la Nouvelle-Orléans, l’ex-gamin de Detroit, inspiré par les gangsters comme Bonnie et Clyde et l’équipe de baseball des Tigers de Detroit, s’est éteint ce matin à l’âge de 87 ans des suites d’une crise cardiaque survenue la semaine dernière. C’est bien dommage, la ville qu’il aimait tant, désormais en faillite, avait sûrement de nouveaux récits à lui insuffler.