Guide des sorties du 17 juillet 2019
The Walt Disney Company France / SND / Mars Films

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

LE ROI LION ★★★★☆
De Jon Favreau

L’essentiel
La mode des dessins animés (Le livre de la jungle, Aladdin, Dumbo) transposés en live ou en mode photo-réaliste est-elle usée ? Pas sûr.

Jon Favreau est aux manettes d’un remake du Roi Liondessin animé culte sorti en 1994. L’histoire est la même. La mise en scène reprend les grandes séquences clés dont l’ouverture du film avec le salut à Simba sur la musique d’Elton John. La seule différence est que tout a l’air vrai.
Sophie Benamon

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PREMIÈRE A AIMÉ

WILD ROSE ★★★☆☆
De Tom Harper

Glasgow : une jeune chanteuse de country sort de taule. Son rêve de s’envoler pour Nashville est plombé par ses deux enfants et son chômage. Elle devient femme de ménage, mais une rencontre va peut-être changer sa vie... D’accord, rien de bien neuf sous le soleil du mélo musical où les rêves sont aussi fragiles qu’une ballade country. Mais en s’ouvrant au son d’une reprise de Country Girl de Primal Scream (groupe de Glasgow, évidemment) par son actrice principale, Wild Rose sait parfaitement ce qu’il doit provoquer : nous faire battre des mains et taper des pieds, par la grâce et l’énergie dingue de son héroïne, parfaitement incarnée par la formidable Jessie Buckley (déjà repérée dans l’excellente minisérie de la BBC Guerre et Paix tournée par le réalisateur de Wild Rose, l’artisan solide Tom Harper). Ceux qui font la fine bouche n’ont qu’à sortir du pub.
Sylvestre Picard

LES VOYAGES DE MARTA 
★★★☆☆
De Neus Ballùs

Pour celles et ceux qui s’apprêtent, indolents, à poser leurs serviettes sur des transats dans un hôtel luxueux à l’abri des bruits du monde extérieur, ce film n’est pas pour vous. Ou plutôt si. Il pourrait bien servir de rappel à l’ordre. Soit l’histoire de Manel (Sergi Lopez) qui emmène son fils et sa fille, Marta (Elena Andrada), dans un resort au Sénégal. Transat, mojito à toute heure, baignade, all inclusive… Sauf que Marta, 17 ans, voit bien que personne ne fait attention aux jeunes femmes et jeunes hommes africains qui s’assurent discrètement que le client est bien roi. Marta se rapproche de Khouma (Diomaye A. Ngom), leur guide. Celui-ci ne va pas tarder à lui montrer la vraie vie à l’extérieur des murs de l’hôtel.  Manel, inquiet pour sa fille, lui interdit ses allées et venues. Bientôt, un événement va obliger Marta à faire entendre sa différence. A l’aide d’une mise en scène sobre, la réalisatrice espagnole Neus Ballùs parvient à filmer le malaise de son héroïne, sans jamais tomber dans le manichéisme qui voudrait opposer riches blancs et pauvres noirs. Il n’empêche, ami(e)s vacancier(e)s,  qu’avant de tendre le bras pour obtenir un service sans même dénier regarder la personne qui vous sert, pensez à Marta.    
Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

PERSONA NON GRATA ★★☆☆☆
De Roschdy Zem

Librement adapté d’O Invasor L’Intrus de Beto Brant, le cinquième film de Roschdy Zem est un thriller introspectif. Le pitch de départ est alléchant : deux associés d’une affaire de BTP – un fils d’émigrés portugais (Nicolas Duvauchelle) et le rejeton d’un homme d’affaires ripou (Raphaël Personnaz) – vont, par appât du gain, commanditer un crime. Comment, ensuite, vivre avec ce meurtre sur la conscience ? Et surtout, comment va évoluer leur relation alors que leurs points de vue sont radicalement différents ? Si le duo de comédiens fonctionne, l’arrivée – après une ellipse soudaine – d’un troisième personnage, un voyou manipulateur (Roschdy Zem lui-même) vient hélas dérégler la mécanique. Reste une mise en scène musclée, une caméra au plus près des visages, et le plaisir de voir le film d’un cinéaste qui sait se remettre en question à chaque fois.
Sophie Benamon

L'OEUVRE SANS AUTEUR 
★★☆☆☆
De Florian Henckel von Donnersmarck

En RDA, un peintre fuit les diktats de l’art officiel. Une réflexion sur la liberté plombée par son académisme. Après le triomphe international de La Vie des autres, Florian Henckel von Donnersmarck avait tenté l’aventure américaine, avec le bien nommé (et très raté) The Tourist. Il revient aujourd’hui à la maison avec cette fresque très ambitieuse embrassant trente ans d’histoire allemande, des années 30 aux années 60. L’Oeuvre sans auteur a l’apparence d’un biopic mais n’en est pas vraiment un : von Donnersmarck s’est inspiré de la figure du peintre Gehrard Richter (célèbre notamment pour ses "photos peintures") pour inventer un personnage fictif, Kurt Bartnet, apprenti artiste ayant grandi dans l’Allemagne nazie et qui, devenu peintre dans la RDA de l’immédiat après-guerre, doit se plier aux impératifs de l’art officiel alors qu’il rêve d’expression personnelle. Cette réflexion sur l’art et la liberté prend la forme d’une saga romanesque fleuve (3 h 10 tout de même), aux rebondissements feuilletonesques : le jeune peintre tombe amoureux d’une belle Allemande (Paula Beer) dont le père (Sebastian Koch), dignitaire soviétique, est un ancien médecin nazi qui stérilisait des femmes pendant la guerre et a envoyé la tante de Kurt dans les camps de la mort… Le film entremêle la longue quête de l’épiphanie artistique de Kurt, le portrait d’un pays, et un suspense autour de l’ancien bourreau, bientôt rattrapé par son passé. Une surcharge narrative pas toujours bien dosée et qui donne au tout un côté légèrement bourratif. Le petit charme suranné du film aurait sans doute mieux opéré sous la forme d’une série historique de prestige.
Frédéric Foubert

FOLLE NUIT RUSSE 
★★☆☆☆
D'Anja Kreis

La Russie et ses dirigeants en prennent décidément pour leur grade en cet été ciné 2019. Parfait complément de Factory, ce film de fin d’études d’Anja Kreis, nourri de faits réels, remonte à la fin des années Eltsine, pendant la seconde guerre de Tchétchénie, dont tous les personnages subissent ici, chacun à leur manière, les dommages collatéraux : stress post-traumatique d’un jeune soldat revenu du front, deuil impossible de sa mère qui y a perdu un autre de ses fils, besoin chez d’autres de se réfugier obsessionnellement dans une croyance religieuse... Avec un sens épatant de la comédie noire et des personnages bigger than life, Anja Kreis parle avec force d’hier pour mieux évoquer aujourd’hui (la guerre du Donbass, même cause, mêmes tragédies). Dommage que sa manière d’emboîter les différentes histoires qui peuplent son récit laisse à ce point à désirer.
Thierry Chèze

YULI 
★★☆☆☆
D'Icíar Bollaín

Yuli raconte l’enfance et la jeunesse d’une figure légendaire du Royal Ballet de Londres, le danseur cubain Carlos Acosta. Revenu dans sa ville natale, La Havane, après une brillante carrière de danseur étoile, il monte un ballet inspiré de sa vie. Au fur et à mesure de l’avancée des répétitions, les flash-back déroulent une relation conflictuelle avec un père autoritaire mais visionnaire. Ces échanges père-fils sont parmi les scènes les plus réussies du film, traduits également sous la forme d’un très beau pas de deux. La réalisatrice espagnole Icíar Bollaín (Même la pluie) signe là un biopic qui reste dans les clous du genre et dont le scénario de son époux Paul Laverty (habituel collaborateur de Ken Loach) n’évite pas quelques poncifs. Il régalera néanmoins les amateurs de danse.
Sophie Benamon

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

HER SMELL ★☆☆☆☆
D'Alex Ross Perry

Habitué à des ambiances plus feutrées (le génial The Color Wheel), Alex Ross Perry se la joue sex and drugs and rock’n’roll en racontant la descente aux enfers et la rédemption d’une superstar des 90s qui remplissait les stades avec son girl band avant d’exploser en vol. Conscient du côté classique du récit, le cinéaste semble avoir laissé la main à son interprète Elisabeth Moss pour dynamiter tout ça. Celle-ci est comme toujours impériale, le casting hype qui l’entoure (Cara Delevingne, Agyness Deyn...) impeccable, les morceaux épatants mais le regard porté par Ross Perry cloche. Un regard complaisant sur sa comédienne poussée à en faire des tonnes, comme un exercice d’impro livré brut dans un film bien trop sage et conscient de lui-même pour aller vers l’expérimental. Cette roublardise rend le discours sur ces artistes qui se brûlent les ailes encore plus convenu.
Thierry Chèze

ROADS
★☆☆☆☆
De Sebastian Schipper

Mais qu’est-il donc arrivé à Sebastian Schipper ? Quatre ans après Victoria, son film bluffant construit en un seul et unique plan-séquence dans la nuit agitée berlinoise, il livre ce Roads, son – hélas – exact opposé. Envolée, l’énergie électrisante de ce geste cinématographique dingue ; oubliée, la montée en puissance scénaristique savamment orchestrée. Ce road-movie entre Maroc et France réunissant un ado britannique fuyant sa famille et un jeune Congolais à la recherche de son frère avance à train de sénateur. Et collectionne les clichés, tant dans l’écriture sans nuances du duo central – tuant dans l’oeuf toute empathie avec leur histoire d’amitié – que dans sa manière d’aborder le sujet des migrants et de Calais, but du voyage du jeune Africain. Jamais à bonne distance de ses personnages comme de cette tragédie humaine, Schipper se loupe. Quel cinéaste n’est pas passé par là ?
Thierry Chèze

TE ATA 
★☆☆☆☆
De Nathan Frankowski

Inspiré de la vie de Mary Thompson Fisher, conteuse amérindienne connue sous le nom de Te Ata, le biopic de Nathan Frankowski est aussi ennuyeux que son sujet est inspirant. Si le film remplit son rôle informatif sur le personnage incarné par Q’orianka Filcher, son manque de rythme le rend monotone. Les spectacles de la conteuse auraient mérité une mise en scène plus audacieuse, les récits racontés par Te Ata laissant entrevoir un potentiel malheureusement sous exploité.
Joanna Mutton

LE COUP DU SIECLE 
☆☆☆☆☆
De Chris Addison

Le Coup du Siècle remake Le Plus Escroc des Deux (Frank Oz, 1988), qui remakait déjà Les Séducteurs (Ralph Levy, 1964). Anne Hathaway et Rebel Wilson remplacent Michael Caine et Steve Martin (qui remplaçaient Marlon Brando et David Niven) dans le rôle de deux arnaqueuses en goguette sur la French Riviera, à la recherche d’un gros pigeon à plumer… Hathaway se donne beaucoup de mal pour apporter l’humour, l’espièglerie et l’élégance que requiert ce genre de comédie d’arnaque insouciante, arrosée au champagne et au doux souvenir des sixties. Mais le script est lamentable, plombé par les gesticulations vulgaires de Rebel Wilson, qui s’enferre film après film dans le même numéro caricatural. Un sale Coup.
Frédéric Foubert

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