Mia Hansen-Løve avait remporté le prix de la mise en scène au festival de Berlin 2016 avec son cinquième film, diffusé ce soir sur Arte.
Nous sommes en 2016. Deux ans plus tôt, Eden avait marqué un coup d'arrêt dans le parcours de Mia Hansen- Løve: son premier rejet critique, malgré son ambition de faire, via la French Touch, un grand film générationnel, loin de sa zone de confort.
Avec L'avenir, la réalisatrice du Père de mes enfants revient sur des terrains qu'elle maîtrise mieux. Ceux de la pensée, des idées et de la philo. Ce que lui reprochent d'ailleurs ses détracteurs, alors que son talent consiste pourtant à aller au-delà des apparences. À savoir, mettre en images des mots, sans se noyer dans un verbiage abscons. Raconter avec un réel sens de l'ellipse le parcours d'une femme qui, après avoir perdu ses certitudes, se reconstruit dans une quête chaotique du bonheur. Interprétée avec superbe par Isabelle Huppert, cette prof de philo voit son existence paisible imploser quand son mari lui annonce qu'il part pour une autre. S'ouvrent alors devant elle le vertige du désamour, mais aussi la possibilité inattendue d'une liberté nouvelle.
Mia Hansen-Løve trouve toujours la bonne distance pour filmer ce personnage et ceux qui gravitent autour d'elle (campés notamment par les épatants André Marcon et Roman Kolinka, qu’elle avait déjà dirigée dans Eden et à qui elle offrira l’année suivante le rôle masculin principal de Maya). Sa caméra peut se faire enrobante, comme ironique, quand les mots ne sont soudain plus qu'une échappatoire facile pour cacher un mal-être. La cinéaste n'avait pas volé son prix de la mise en scène à Berlin. Et on attend pour cette année sa septième réalisation, Bergman island, qui réunira Mia Wasikiwoska, Tim Roth et Vicky Krieps.
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