Ce thriller réjouissant d’humour noir et d’immoralité vient d'arriver sur Netflix.
I Care A Lot a obtenu une et une seule nomination pour les prochains Golden Globes qui se dérouleront le 28 février : celle dans la catégorie meilleure actrice dans une comédie pour son interprète principale Rosamund Pike. Et les votants ont vu juste. Car Rosamund Pike est l’atout majeur du nouveau film du réalisateur du prometteur La Disparition d’Alice Creed et du décevant La Cinquième vague, où cruauté et humour noir se marient joyeusement. Son personnage, Marla Grayson, rappelle la Amy qu’elle campait dans Gone Girl. Incroyablement classe et implacablement manipulatrice, chez qui le mot « limites » semble avoir disparu depuis bien longtemps de son vocabulaire pour peu qu’il y ait figuré un jour. Marla est une tutrice réputée spécialisée auprès de gens âgés et surtout très riches, qu’elle dépouille allègrement sans que leur famille ne puisse rien y faire une fois qu’elle a posé ses tentacules sur eux. Avec sa petite amie Fran, elle mène donc une vie de luxe jusqu’à ce qu’un grain de sable ne vienne enrayer leur petite entreprise fructueuse. Une vieille dame a priori diminuée mais riche en secrets qui vont devenir autant de dangers et pièges mortels à déjouer pour le couple.
L’entrée en matière d’I Care A Lot est un régal d’immoralité. J Blakeson pousse à fond les curseurs de la férocité et du sadisme. Sa Marla appartient à cette famille des personnages qu’on adore détester. Mais plus qu’à son scénario, il le doit à Rosamund Pike, à son aisance folle à apporter des nuances dans toute la gamme de la perfidie dans laquelle elle ne cesse d’évoluer tout au long de ces deux heures comme à garder une classe folle et un zeste d’humanité qui trompent son monde y compris dans les pires humiliations mentales qu’elle fait vivre à ses proies et à leurs proches désemparés. Plus qu’un thriller sadique, I Care A Lot est donc d’abord et avant tout un film d’acteurs, Rosamund Pike étant superbement entourée par Eiza Gonzalez (qui joue Fran), Diane Wiest (la vieille dame qui va mettre à mal son business) et surtout Peter Dinklage, irrésistible en chef mafieux au bord de la crise de nerfs dont il ne fallait pas toucher à la maman. Plus que les situations et les rebondissements du scénario, c’est la manière dont les acteurs s’en emparent qui prime. D’ailleurs lorsque le film emprunte les rails plus classiques du cinéma de pur action (course- poursuite…), il perd en intensité comme en intérêt. Mais son mauvais fond reprend toujours le dessus, sans chercher inutilement à psychologiser ses personnages (on apprend juste au détour d’une réplique la haine que Marla éprouve pour sa mère) et ce jusqu’à une ultime pirouette finale un peu trop fabriquée mais symbolique d’un film qui va au bout de son côté sale gosse, ne cherchant jamais à sauver ou faire aimer ses personnages, tout en les rendant attachants.
I Care A Lot, De J Blakeson. Durée : 1h58. Disponible le 19 février
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