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The Humbling, qui étudie le parcours mental d’un acteur vieillissant, présente d'étonnantes similitudes avec Birdman d’Iñarritu, présenté quelques jours plus tôt. Comme si le thème de l’acteur face à lui-même semblait convoquer des peurs et des obsessions communes, telle, pour ne citer qu’un exemple, la séquence où l’interprète, sur le point de monter sur scène, est accidentellement expulsé des coulisses et obligé d’entrer sur scène par l’accès public… Ceci posé, les deux films varient grandement en ambition et en moyens. Celui de Levinson a été tourné à l’économie en 20 jours sur la propriété du metteur en scène. L’histoire, adaptée d’un roman de Philip Roth, suit Simon Axler, un acteur de 66 ans qui n’arrive plus à mémoriser ses textes et a perdu l’envie de monter sur les planches, jusqu’au jour où il tombe de scène. Après un mois en HP, il annonce arrêter le théâtre parce qu’il a perdu les moyens d’exercer son métier, comme un musicien qui ne peut plus jour les notes. Revenu chez lui, il reçoit la visite de Pegeen, la fille d’un couple d’amis acteurs, qu’il n’a pas vue depuis qu’elle avait dix ans.  Elle est lesbienne, mais elle s’incruste chez lui, avouant qu’elle a toujours été attirée par lui. L’auteur du roman Philip Roth (La Couleur du mensonge) raconte souvent ce genre de rencontre entre un homme âgé et une fille moitié plus jeune que lui. Aussi bien le réalisateur que les scénaristes (Buck Henry est l’auteur du Lauréat, et il a joué dans Taking off) avaient trente ans dans les années 60 et ont connu de l’intérieur la libération sexuelle. Cet héritage se ressent dans The Humbling par une abondance de situations potentiellement scabreuses.Il y a plus d’une ambiguité dans la relation entre Simon et Pegeen. Elle pourrait être sa fille, comme c’est suggéré à un moment, mais ils ne consomment pas vraiment, lui étant impuissant, elle se satisfaisant avec une variété de sex toys dont l’énumération est l’occasion d’un des nombreux gags qui émaillent le film. Mais le script a plutôt adouci l’aspect humain de leur relation pour rester concentré sur les mécanismes mentaux de l’acteur. Et par moments, on se demande  si Pegeen n’est pas un produit de son imagination. L’hypothèse est encouragée par plusieurs séquences de cauchemar ou de fantasme qui montrent que l’acteur peut parfois confondre le réel et l’imaginaire. L’important, c’est que Pegeen a sur Simon un effet qu’il cherche inconsciemment : c’est elle qui lui donne l’impulsion de retourner sur scène et d’accepter de reprendre le rôle d’Hamlet à Broadway. En tant qu’ancien acteur, Barry Levinson met en valeur chacun de ses comédiens, même si, comme Dan Hedaya, Dianne West ou Kyra Sedgwick, ils n’ont qu’une ou deux séquences à jouer. Mais le film est dominé par ses deux interprètes principaux : Pacino retrouve une forme qu’on ne lui avait pas connue depuis très longtemps, et Greta Gerwig confirme un tempérament exceptionnel en incarnant une femme qui se sert de toutes ses ressources pour se rendre d’abord irrésistible, puis indispensable (il ne peut pas vivre sans elle), avant de devenir insupportable (il ne peut pas vivre avec elle). Le retour de Pacino face à une telle actrice après tant de faux pas (Jack & Julie, par exemple) fait plaisir à voir.Gérard Delorme