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Ely Dagher raconte une ville épuisée par des années de guerre et gestion approximative, sous influence assumée d'Antonioni

On a découvert Manal Issa en 2016 dans Peur de rien de Danielle Arbid où elle campait une jeune Libanaise débarquant à Paris pour tenter d’y trouver une liberté qu’elle n’avait jamais pu trouver dans son pays et de s’y intégrer par sa force de caractère que rien ne semblait pouvoir altérer. Dans Face à la mer, le premier long métrage d’Ely Dagher, son personnage vit exactement le voyage inverse. Installée en France depuis des années, elle revient vivre dans son pays natal et tente de se reconnecter avec cette ville de Beyrouth qu’elle peine à reconnaître. Pourquoi était- elle partie ? Pourquoi a-t-elle choisi de revenir ? Ces questions- là planent en permanence sur un récit qui ne cherchera pourtant jamais à y porter de réponses. Car Face à la mer est un film de sensations, pas d’explications. On le vit dans la tête de cette jeune héroïne – incarnée avec une intériorité majestueuse par Manal Issa - qui vit cette ville comme une sorte d’espace fantomatique dont les habitants- à commencer par ses parents, dopés aux anxiolytiques – semblent dévorés par une léthargie grandissante pendant que la reconstruction incessante des grands ensembles, privent de plus en plus d’entre eux de vue sur la mer et par ricochet d’horizon. Il y a du Antonioni dans la manière dont Dagher fait ressentir cette ville autant ravagée par les guerres à répétition que par la gestion défaillante de ses dirigeants. Un geste envoûtant et hélas prémonitoire. Quelques semaines après le tournage, se produisait l’énorme explosion des entrepôts du port qui allait ajouter du chaos au chaos.

De Ely Dagher. Avec : Manal Issa, Roger Azar, Yara Abou Haidar... Durée : 1h56. Sortie le 13 avril 2022


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