A l’heure de la fin de son mandat à l’Académie du cinéma Européen, nous avons discuté de l’avenir du cinéma avec Wim Wenders.
Le réalisateur allemand Wim Wenders (Les Ailes du désir, Paris, Texas), président de l’Académie du cinéma Européen (jusqu’à cette année) a bien voulu répondre à nos questions en cette fin de mandat perturbée par la crise de la Covid et à quelques heures de la cérémonie virtuelle des 33ème European Film Awards qui aura lieu samedi soir
[NDA. Après avoir réalisé cet entretien, la réalisatrice Agnieszka Holland fut élue Présidente de la European Film Academy, l’Académie du cinéma Européen à la suite de Wim Wenders, qui était le Président de la European Film Academy depuis 1996]
Ce n’est pas un peu triste de finir votre mandat des EFA sur cette terrible année ?
Si, un peu. Le temps semble drôlement suspendu… Le passé, ces 33 ans de la European Film Academy, ce sera la période avant le Covid. Bientôt, commencera le temps d‘après. Et ce futur est encore incertain… "Triste“ n’est donc pas le mot pour décrire mes sentiments aujourd’hui. Je me sens un peu "creux“, plutôt. Ça va passer...
Après la crise de la Covid, l’avenir du cinéma parait de plus en plus embrumé…
Le cinéma tel qu’on le connaissait. Mais pas le besoin du cinéma. Ce besoin sera même plus fort ! Le cinéma a toujours grandi dans les crises. Il aide à leur survivre.
Vous discutez avec d’autres réalisateurs où d’autres personnes du milieu du cinéma de cet avenir troublé ?
Oui. Il y a des pessimistes et des optimistes. Moi, je fais partie des "optimistes éternels"…
Quand on voit que Scorsese, Cuarón, Fincher font des films spécifiquement pour les plateformes, c’est une source d’inquiétude pour vous aussi ?
Non, Je suis content qu’ils travaillent et fassent de beaux films dans cette nouvelle forme de consommation. Ce qui m’inquiète un peu, c’est seulement que tous ces films semblent disparaître dans un grand anonymat. J’aime l’histoire du cinéma. Mais c’est aussi l’histoire de sa réception. Et l’histoire de sa conservation.
Et vous de votre côté, vous avez déjà été sollicité par les plateformes ?
Je voudrais bien travailler avec eux. Mais jamais au prix de leur donner les droits d’un film pour toujours. Mes films sont (presque) tous dans les mains d'une fondation. Ils appartiennent "au public“, pour ainsi dire, ou "à eux-mêmes". Ils ne vont jamais disparaître dans des grandes librairies anonymes. Les films ont une vie à eux-mêmes. Ils méritent de survivre leurs créateurs, mais surtout aussi leurs maisons de productions.
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