Emma Thompson se met à nu dans Mes rendez-vous avec Léo : "C'est très difficile à 62 ans"

Ce huis clos intime, qui s'intéresse au sujet de l'épanouissement sexuel, sort aujourd'hui en DVD.

Actrice populaire auprès de toutes les générations (grâce à Love Actually, Harry Potter ou Nanny McPhee, notamment), et oscarisée en 1993 pour Retour à Howards End, Emma Thompson revient aujourd'hui doublement au coeur de l'actualité : elle est l'une des stars de la comédie romantique Et l'amour dans tout ça ?, au cinéma, et elle est aussi au coeur de Mes rendez-vous avec Léo, qui sort en DVD en ce mercredi 8 mars. Et c'est un film parfait à découvrir en cette journée internationale des droits des femmes. 

Le pitch ? Nancy Stokes, enseignante à la retraite, a vécu une vie sage et sans excès. Après la mort de son mari, elle est prise d'un inavouable désir d’aventure. Elle s’offre alors les services d’un jeune escort boy, Leo Grande. Mais cette rencontre improbable pourrait leur apporter bien plus que ce qu’ils recherchaient et bouleverser le cours de leur vie...

Acclamé par le public du festival de Sundance en janvier 2022, ce portrait de femme réalisé par l'Australienne Sophie Hyde (52 Tuesdays, Animals) à partir d'un scénario de l'actrice britannique Katy Brand (I Will Rock You), a représenté un challenge pour la comédienne, qui a littéralement accepté de se mettre à nu pour ce rôle. "C'est probablement la chose la plus difficile que j'aie jamais eue à faire, avouait-elle lors de la conférence de presse accompagnant cette première projection dans le cadre du festival américain. C'est très difficile d'être nue à 62 ans." 

Cette séquence est au coeur du film, cruciale dans le développement de son héroïne, qui accepte enfin son corps et ses désirs, en s'observant dans un miroir "d'une manière complètement détendue et sans jugement", poursuit la comédienne qui a le même âge que son héroïne. "Mon personnage ne rentre pas le ventre, ne se retourne pas, n'essaie pas de modifier ce qu'elle voit". Elle pointe aussi du doigt les diktats de la mode, les "exigences impossibles" imposées aux femmes de toutes générations : "C'est la grande tragédie du corps féminin aux XXème et XXIème siècles. Et c'est un récit que nous devons absolument changer !"

A ses côtés, Daryl McCormack, vu dans Peaky Blinders, joue au contraire un jeune homme bien dans sa peau et dans sa sexualité, très sûr de lui. Mais qui cache lui aussi des failles, et qui va être aidé par leur relation. Dans les bonus du DVD, ils sont interviewés en duo et font part de leur coup de coeur pour le scénario, pour sa manière d'aborder des sujets peu vus au cinéma "ou en tout cas jamais comme ça", soulignent-ils. Ils remercient la réalisatrice et leur coordonnatrice de l'intimité de les avoir aidés à se sentir toujours à l'aise sur le plateau. Le fait de tourner dans l'ordre chronologique, et donc de garder les scènes les plus explicites pour la fin, leur a permis de se plonger pleinement dans leurs rôles et de ressentir comme leurs personnages une certaine excitation. "En arrivant à la fin du film, cette intimité, c'était comme un cadeau, se souvient Thompson. 'Houra ! On va enfin faire du sexe !' (rires) Ces deux derniers jours étaient merveilleux." Daryl ajoute en riant : "C'était comme pour le dernier jour d'école avant les vacances. Un vrai bonheur."

La réalisatrice revient elle aussi sur la manière dont elle a voulu casser les codes, les idées reçues avec ce film, par exemple en décidant très tôt que les rendez-vous intimes des deux protagonistes auraient lieu le jour et non la nuit. "Il y a cette idée que le sexe se pratique surtout dans le noir. Pourquoi ?", s'interroge-t-elle avant de se montrer interpellée par l'idée qu'il faille "du courage" pour se mettre à nu dans la soixantaine, alors qu'il ne devrait rien avoir de plus banal. "C'est déconcertant qu'on trouve encore qu'il faille du courage pour qu'une femme se dévêtisse comme ça. C'est le cas parce qu'on voit surtout des corps retouchés. On est habitués à ça, alors que ce n'est pas le cas dans la vie. On y croise des gens de toutes sortes, qui ne ressemblent pas aux acteurs de cinéma. Ce serait bien qu'on montre la davantage la vraie vie, comme ça."

Elle salue alors le naturel et l'implication sans faille de ses acteurs, avec qui elle partageait cette même envie de parler d'épanouissement sexuel de façon la plus réaliste possible : "C'est très rare qu'on vous propose un film de cette qualité, et qui corresponde si bien à la personne qui joue dedans. C'était le cas d'Emma. (...) Dans son coeur et intellectuellement, elle savait l'importance de ce rôle. (...) Elle voulait aussi que Nancy ressemble à des personnes qu'elle connaissait."

"J'espère que les femmes verront ce film, et les hommes aussi, conclut Emma Thompson. Et qu'elles auront le courage de se regarder sans se juger. J'espère que ce film offrira beaucoup de formes d'encouragements en faveur de la liberté et du plaisir."