"Meilleur est le méchant, meilleur est le film", aurait dit Hitchcock. Autant dire que Star Trek Into Darkness s'envole très vite dans des hauteurs galactiques puisque le bad guy en chef, le terroriste John Harrison, est joué par Benedict Cumberbatch. Qui incarne son personnage avec une profondeur et un magnétisme hallucinants. Révélé au monde entier pour son interprétation démente du détective Holmes dans la série Sherlock (d'ailleurs, la plupart des interprètes de Holmes sont habitués à des rôles de méchants, comme Basil Rathbone ou Peter Cushing), le britannique de 36 ans a déjà joué pour Steven Spielberg (Cheval de guerre) et on le verra dans la peau de Julian Assange ou donnant vie au Dragon Smaug dans les deux suites du Hobbit de Peter Jackson. Avant de le retrouver dans Star Trek Into Darkness de J.J. Abrams (en salles le 12 juin prochain), rencontre avec l'un des acteurs les plus fous du moment.Benedict, J.J. Abrams raconte partout que vous êtes le plus grand acteur du monde. Il vous l’a dit en live ?Vous savez quoi ? C’est le plus grand réalisateur du monde ! C’est devenu un petit jeu entre nous. Sérieusement, je sais qu’il dit des choses flatteuses et… hmmm… c’est embarrassant.Il n’a pas tort pourtant…(Silence)OK, passons. Votre méchant a un côté très british… C’était le secret de votre interprétation ?Encore cette incompréhension culturelle que vous avez avec nous, les Anglais. « Ah oui, ces British, toujours très théâtraux dans leur jeu » et autres préjugés du genre… J.J. ne raisonne pas comme ça et mon job fut finalement beaucoup plus simple. Il m’a pitché le rôle au cours des auditions, m’a tout raconté de John Harrison et je me suis nourri de sa vision du personnage… C’est très flatteur de se voir proposer un rôle et en même temps, pour répondre à votre première question, je déteste les espoirs qui sont placés en moi a priori, parce qu’on n’a jamais encore prouvé qu’on était capable de jouer un rôle avant d’être face à la caméra.Du coup, c’était quoi la clé pour interpréter ce bad guy ?Pour moi, c’est un terroriste. Son intention est presque honorable ; en tout cas, il a une très bonne raison d’agir comme il le fait. Ses motivations sont nobles… Et puis, l’autre aspect essentiel de ce personnage, c’est sa force. C’est un guerrier habile, doué d’une force physique surnaturelle. Mais c’est aussi un guerrier psychologique, capable de tordre mentalement les gens dans son propre intérêt. C’est comme ça qu’il s’introduit dans la famille de l’Entreprise.Comment avez-vous géré les effets spéciaux ?J’ai adoré, même si une grande partie des séquences était en live… Sur les effets et le fond vert, j’avoue qu’au début, j’étais un peu sceptique. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Mais sur le moment j’ai trouvé ça super - comme la motion capture pour jouer un dragon sur Le Hobbit. Et puis, quand j’ ai découvert le résultat en IMAX 3D et l’incroyable environnement qu’ils ont réussi à créer… c’est fou, le rendu est bluffant. En tout cas, en tant qu’acteur, sur Le Hobbit comme sur Star Trek, je me suis senti paradoxalement très libre. Un peu moins sur Star Trek, à cause des costumes que je devais porter dont certains étaient vraiment rigides et très lourds…Quand vous dites que vous vous êtes senti libre, ca veut dire quoi ?C’est un drôle de sentiment. C’est comme retomber en enfance. On n’est pas seulement dans un costume gris, on est dans une pièce recouverte d’un tapis gris avec des panneaux de bois et il y a cet incroyable réseau de caméras infrarouge qui enregistrent le moindre de mes mouvements. Derrière, une rangée d’informaticiens du niveau du MIT qui rassemblent en direct sur des ordinateurs les images enregistrées. Ca a l’air hyper contraignant alors qu’il y a en fait une incroyable liberté : on n’est restreint par aucune contrainte de « réalisme ». Vous faites ce que vous avez à faire et ça devient réel grâce à la sorcellerie technologique. C’est fou. Et c’est vraiment comme quand enfant tu t’inventes des histoires. Il n’y a plus que toi et ton imagination.Propos recueillis par Gérard DelormeBande-annonce de Star Trek Into Darkness, en salles le 12 juin prochain :
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