Maxime Saada souhaite garder un avantage sur Netflix, Amazon et Disney +.
Les plateformes de streaming devraient bientôt avoir le droit de diffuser des films 12 mois après leur sortie en salle, contre 36 actuellement. Cette réforme de la fameuse chronologie des médias doit être incluse dans le futur décret de la SMAD (Services de Médias Audiovisuels à la Demande), qui entrera en vigueur au plus tard le 30 juin 2021. Il s'agit d'une contrepartie à l’obligation d’investissement dans la production française qui va être imposée à ces mêmes plateformes. Un donnant-donnant où tout le monde semble gagnant. Tout le monde, sauf les chaines de télévision à péage, et en premier lieu Canal Plus.
Dans un entretien accordé au Figaro, le patron de Canal + Maxime Saada s’insurge en effet de cette redistribution des cartes qui positionnerait Netflix, Amazon et Disney + sur le même plan que la chaine cryptée. "Le cinéma français court tout droit à la catastrophe", lâche-t-il, arguant que le groupe investit chaque année près de 200 millions d’euros dans le cinéma français contre "50 à 60 millions d'euros que devraient investir les plateformes en cumulé".
Très offensif, Saada menace carrément de transformer Canal en plateforme ("Migrer moins de 400.000 abonnés TNT vers d'autres modes de diffusion n'est pas un grand défi opérationnel") et brandit la crainte d’un scénario à la Mediapro, le nouvel investisseur qui a semé la pagaille en rachetant les droits télé du football français avant de se défiler. "Tout le monde sera perdant. Si nos principaux avantages en matière de cinéma sont remis en question, il n’y aura plus de raison pour notre groupe d’investir autant dans ce domaine".
En conséquence, le dirigeant a une proposition : "Si les plates-formes sont en mesure de proposer des films douze mois après leur sortie en salle, le seul schéma viable pour Canal+ serait de diffuser les films dès la fin de leur exploitation en salle, soit trois à quatre mois après leur sortie". Et selon lui, cela ne nuirait pas à la force d’attraction des salles…
Pour ceux tentés de crier au bluff, Maxime Saada prévient que Canal Plus n’est plus aussi dépendant du cinéma français que par le passé. Selon lui, sur les 20 contenus qui ont le mieux marché sur myCANAL en 2020, il n’y a qu’un film français "contre 5 films américains et 14 séries". Le message est clair.
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