Rencontre avec la jeune Suédoise qui incarne, dans ce superbe premier long métrage sur l’enfance cabossée, une ado devant s’occuper de ses deux petites sœurs après le départ de leur mère et son propre passage à l’âge adulte
Paradise is burning marque votre première apparition sur grand écran. Est-ce que vous aviez depuis longtemps en vous cette envie de devenir comédienne ?
Bianca Delbravo : Je crois avoir toujours eu une fibre artistique. Depuis que je suis toute petite, je fais de la musique, j’écris, je prends des cours de théâtre. Mais sans forcément avoir précisément l’envie d’en faire un métier. Pour Paradise is burning, j’ai été repérée par un casting sauvage qui m’a fait entrer dans un long processus d’audition. Et faire ce film m’a donc permis d’ouvrir cette porte inédite qui m’a tout de suite happée
Racontez- nous comment on vous a repérée…
On peut appeler ça un double concours de circonstances ! Alexandre Öhrsrtrand, le co- scénariste de Paradise is burning, m’a repérée dans la rue, il y a des années… alors que j’étais en train de m’engueuler très fort avec quelqu’un au téléphone. Il est venu me voir, m’a expliqué qu’il avait co- écrit un scénario et que mon énergie et ce qu’il venait de voir de moi pourrait correspondre à celle du personnage principal. Il m’a demandé mon téléphone pour me rappeler et me tenir au courant du casting. Sauf qu’il a fait une erreur en le notant et qu’il n’a donc jamais pu réussir à me joindre ! Et puis, un an et demi plus tard, encore une fois totalement par hasard, alors qu’il se baladait dans la rue avec Mika Gustafson, à qui il avait fait entendre ma voix, Mika m’a reconnue juste en m’entendant parler ! Ils sont donc venus me voir et m’ont invitée à participer aux auditions. Un processus qui a duré plus d’un an jusqu’à ce coup de fil de Mika qui m’a annoncé que si je voulais le rôle, il était à moi.
Qu’est ce qui vous a frappé à la première lecture du scénario et notamment sa manière de parler d’enfance et d’adolescence ?
Sa manière à être la fois tendre et hilarant. Je suis tombée amoureuse de chacun des personnages. Et ce que je trouve très fort c’est la manière de réellement faire vivre ce récit d’apprentissage(s) du point de vue des trois enfants, la petite Steffi, Mira qui a ses premières règles et Laura que j’incarne qui s’apprête à passer dans l’âge adulte. On croit à tout car il n’y a aucun regard adulte qui surplombe ces situations.
PARADISE IS BURNING: UN BEAU FILM SUR L'ENFANCE CABOSSEE [CRITIQUE]
Comment êtes vous devenue cette Laura ?
En suivant le conseil initial que m’ont donné Mika et Alex : il ne s’agissait pas de jouer un personnage mais les différentes situations qu’elle allait avoir à rencontrer. Et si je suis a priori éloignée de Laura, je me suis servie de ce que j’ai pu vivre moi- même dans certaines situations qu’elle rencontre. Au fond, notre plus grande différence était physique. Elle était plus énergique, plus costaud que moi. Donc j’ai pris des cours de boxe avec Alex pour densifier mon corps et être à la hauteur de ce qui émane d’elle à l’écran. J’ai souffert mais ça valait le coup ! (rires)
Est- ce que Mika Gustafson vous a demandé de voir des films pour préparer ce rôle ?
Non mais elle a par contre réuni la quasi-totalité de ses comédiens pour un atelier de travail de plus de quatre mois où on s’est tous familiarisé à différentes techniques de jeu. C’est vraiment grâce à ce travail collectif que je suis peu à peu devenue Laura
Comment la décririez- vous ?
Elle possède énormément de facettes. J’adore son sens de l’humour en dépit de tout ce qu’elle traverse par exemple. Mais ce qui la définit principalement est sans doute sa difficulté à faire confiance aux autres tellement elle a été trahie, malgré son jeune âge. Et pour se protéger, Laura est quelqu’un qui garde ses émotions en elle, par peur de souffrir encore. C’est aussi quelqu’un qui a l’esprit vif. Suivre son instinct peut la mettre dans des situations compliquées mais lui permet aussi de s’en sortir aussi vite.
Qu’est ce qui vous a le plus frappé chez Mika Gustafson ?
Sa capacité à créer un environnement apaisé pour chacun de nous, à l’intérieur duquel je me suis sentie libre d’exprimer mes émotions sans peur d’être jugée. J’ai vraiment vécu ce tournage comme dans une bulle avec une confiance en elle qu’elle n’a jamais trahie
Ca vous a donné envie de continuer ?
J’ai tout aimé dans cette première expérience mais je crois que j’ai besoin de digérer tout ce qui s’est passé depuis la sortie. L’incroyable retour qu’on a eu de la presse et du public, les prix que j’ai eu la chance d’avoir. Evidemment j’ai envie de continuer mais je ne veux pas brûler les étapes
Paradise is burning. De Mika Gustafson. Avec Bianca Delbravo, Dilvin Asaad, Marta Oldenburg… Durée : 1h48. En salles depuis le 28 août
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