Jon Hamm dans Avoue Fletch
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Réalisé par Greg "Superbad" Mottola et blindé de seconds rôles hilarants, cette comédie policière offre à la star un rôle de journaliste gonzo fabuleux.

Il y a eu quoi ? Baby Driver ? Opération Beyrouth ? Sale temps à l'hôtel El Royale ? Jon Hamm n’a jamais eu son grand rôle post-Don Draper, le personnage de Mad Men grâce auquel l’acteur avait réinventé la classe masculine glamour - option clope et booze comprise. Néo-Georges Clooney, Hamm a visiblement eu du mal à se débarrasser des costumes cintrés du show, mais c’est (peut-être) chose faite dans ce film qui ressemble sinon à un tournant en tout cas à une vraie rupture et à une révélation. Parce qu’enfin, Hamm est drôle ! Pendant des années, alors qu’il tournait Mad Men, l'acteur s'ingéniait à casser son statut de sex symbol dans des épisodes de 30 Rock ou en jouant l’employé du câble dans la sitcom de Sarah Silverman. Il portait ses costumes gris perle la journée et le soir faisait le zozo dans des sketches du SNL ou s'autoparodiait dans la série Good Omens... en vain. Personne n'avait visiblement envie de le voir en acteur de comédie. Jusqu’à ce Avoue Fletch. Le Fletch en question est une création de Gregory McDonald : un journaliste d’investigation gonzo et simili privé, né dans les seventies qui a eu droit à une dizaine de bouquins, dont un Fletch, à table !, upgradé ici pour devenir un film noir roublard qui tient autant au talent de son acteur qu’à son script.

Avoue, Fletch : Jon Hamm a rendu 60% de son salaire pour pouvoir finir le film

Reprenons. Comme le narrateur de Kiss Kiss Bang Bang le disait : « je suppose qu'on pourrait appeler ça un polar. Il y a des moments chiants, mais il y a un meurtre dedans. Aussi un coeur brisé, alors je suppose que c'est une histoire d'amour. Oh, et tout est lié, avec plein de détours, c'est cool. » Commençons donc par le meurtre, l’ouverture du film : Fletch descend l’escalier de son appartement de Boston (ou plutôt d’un appartement qu’il loue) et découvre le cadavre d’une blonde refroidie sur son tapis. Le héros enquête depuis quelques semaines sur une série de vols de tableaux. Mais est-ce que ce meurtre serait lié au trafic ou bien pourrait-il s’agir d’une vraie coïncidence ? Quoiqu’il en soit, Fletch va devoir jouer les détectives privés face à un couple de flics (hilarants : une jeune stagiaire novice et un vieux limier embarrassé par son nouveau-né qui refuse de dormir) persuadés qu’il est le coupable. Pour s’innocenter, il confronte de nombreux suspects : un marchand d’art hygiéniste, sa petite copine du moment et des voisins chelous…

Fletch
Paramount Pictures

Fletch est donc avant tout un rôle en or pour Hamm. Il fusionne deux facettes de l’enquêteur old school à savoir la décontraction cynique et minable d’Elliott Gould dans Le Privé et la séduction bravache de Cary Grant dans Charade. Journaliste fauché qui vit aux crochets des autres, Fletch est un branleur, un type mi-couillon mi-malin, qui ne s’embarrasse d’aucune manière (il se balade pieds nus) et s’amuse à prendre de fausses identités pour interroger les gens. Après avoir incarné le charme suranné de Don Draper, Hamm excelle ici dans le rôle de ce fouille-merde foirant quasiment tous ses coups tout en conservant l’intégralité de son capital sympathie. Il prend surtout ses distances avec ce qu’avait imposé Chevy Chase dans Fletch aux trousses, la version 1985 (où, comme dans un épisode du SNL, son Fletch enchaînait les numéros de déguisements plus absurdes les uns que les autres).

Mais sa prestation ne vaudrait rien s’il n’avait pas face à lui des seconds rôles déments et si on ne lui avait pas taillé des dialogues fusant à une vitesse supersonique. Depuis sa petite amie, une héritière italienne (Lorenza Izzo qu’on avait croisé dans Once Upon a Time… in Hollywood) jusqu’à sa belle-mère (Marcia Gay Harden, choucroute et accent à couper au couteau) en passant par le marchand d’art précieux (joué par un Kyle MacLachlan suprêmement dandy) ou la voisine hippie (Annie Mumolo qui a la meilleure scène du film) ce défilé de zinzins est sans doute le plus grand plaisir du film. Si on ajoute que Greg Mottola emballe le tout avec un sens du rythme et de la comédie loufoque parfait, comme dirait Fletch en sortant des ubers : « cinq étoiles ! »

Avoue, Fletch est disponible en VOD depuis le 12 janvier