0,95. C’est le pourcentage de chance qu’avait James Bond de rester en vie si on tient compte des 4662 balles qu’on a tirées sur lui en vingt deux épisodes (calcul savamment mis au point par la revue New Scientist). Mais 007 est au-dessus des lois de la statistique.
1. Nombre de filles avec qui James Bond/Daniel Craig couche en moyenne par film. Petit score si on compare avec Sean Connery (2,5), Roger Moore (2,57) ou George Lazenby (3). Le nombre de conquêtes de l’agent secret est un reflet des époques. Après la libération des mœurs des années 1970 et les Pussy Galore, Abondance Delaqueue ou Holly Goodhead, l’arrivée du Sida dans les années 1980 met un sérieux frein à la libido de Bond qui ne peut plus se permettre de coucher avec tout le monde.
(00)7. La signification des trois chiffres qui ont fait la célébrité de l’agent secret. Le premier 0 signifie que l’agent a le droit de tuer pour accomplir sa mission. Le second 0 veut dire que l’agent a déjà tué au cours d’une mission. Le 7 est spécifique à James Bond, il veut tout simplement dire qu’il est le 7ème agent à avoir le droit de tuer. On a déjà croisé d'autres 00 au cours de la saga, mais on serait curieux de connaître le trombinoscope du MI6.
13. Nombre de notes pour le mythique thème de James Bond, composé par Monty Norman et orchestrée par John Barry, dont les deux hommes se sont longtemps disputés la paternité. Dès les premières mesures, impossible de se tromper. Recyclant une mélodie non utilisée pour un précédent film, Monty Norman a inventé l'identité Bond.
15. Le nombre de Martinis descendus au cours de la saga. Sean et Pierce s’enfilent à eux deux plus de la moitié du stock (quatre chacun) tandis que Daniel Craig n’a à ce jour siroté qu’un seul martini - il a tendance à se rabattre sur le whisky. La boisson emblématique du personnage l'est en fait de moins en moins.
23. Le nombre de fois pendant les cinquante dernières années où l’on a pu entendre cette mythique réplique : « Bond, James Bond ». Le champion toute catégorie demeure Roger Moore avec pas moins de dix occurrences en sept films. Le gimmick s'est visiblement installé sous son ère puisque Connery, avec pourtant six films au compteur, ne place son nom que trois fois. Mais le poids lourd est sans conteste George Lazenby qui parvient à glisser son nom deux fois en un seul film (Au service secret de sa Majesté) soit une fois toutes les heures. Bel exploit !
51. Le nombre de femmes tombées dans le lit de l’espion. Connery et Moore, les deux étalons-mètre de la saga, parviennent à lutiner jusqu’à quatre filles par film (Bons Baisers de Russie et Dangereusement vôtre) et comptabilisent à eux deux trente trois conquêtes alors que le pauvre Daniel Craig ne tâte de la gueuse qu’une seule fois par métrage. Une misère sexuelle en somme.
60. 60 fois plus que son investissement. Voilà ce que rapporte James Bond contre Dr No. Pour un budget ridicule de 1 million de dollars, le film en rapporte 60 aux studios. Depuis, les budgets n’ont cessé d’augmenter, passant de 7 à 27 millions entre Vivre et laisser mourir (1973) et Octopussy (1983) mais le bénéfice, lui, baisse (en proportion de l’investissement). Ainsi pour Quantum of Solace, qui a coûté la somme record de 230 millions de dollars, la mise de départ ne fut même pas triplée : il ne rapporte que 586 millions au box-office. Cette hémorragie financière a démarré très tôt puisque dès Opération Tonnerre (1965), le budget a été multiplié par 9. Investir plus, pour gagner plus. Une doxa qui perdure à Hollywood.
62. Le pourcentage de blondes gentilles dans les James Bond, contre 60% de serviables brunettes. Le mythique duel blonde/brune est donc un match nul. A noter toutefois que les brunes sont deux fois plus nombreuses que les blondes si on additionne toutes les prestations féminines de premier plan des vingt deux derniers Bond (27 contre 13). Et que les gentilles sont surreprésentées (environ 60% quelle que soit la couleur des cheveux), exception faite des rousses qui sont méchantes deux fois sur trois.
220. Le nombre total de personnes mortes sous les coups de Bond. Avec une moyenne de dix cadavres par film (soit un toutes les douze minutes environ), la série n'est finalement pas si sanguinaire. Toutefois, les écarts numériques selon les acteurs et les époques prêtent à réfléchir. Egalité parfaite pour Connery et Moore (51 victimes au compteur), l’abattage s’accélère notablement sous Brosnan : avec ses 76, l’acteur est responsable de plus de 35% des victimes, tout épisodes confondus. Sous ses allures de gentleman, Pierce Brosnan a propulsé au tournant des années 1990 la série Bond dans les actioners violents. Alors que la moyenne de tués avoisinait la dizaine, il fait grimper les statistiques avec pas moins de vingt six morts rien que dans GoldenEye. En comparaison, Timothy Dalton et ses narco-trafiquants sont de petits joueurs : il n’est responsable que de 11 morts en deux épisodes. Ce goût du sang montre le glissement subi par la série. De film d’espionnage, Bond est devenu sous l’égide de Brosnan l’archétype du film d’action un peu bourrin. Plus de destruction, plus d’effets spéciaux, plus de sang. Toutefois, le rythme retombe avec Daniel Craig, responsable de 25 morts en deux épisodes (Casino Royale et Quantum of Solace). A vérifier avec Skyfall.
43000. C’est le salaire annuel réel (en pounds) d’un agent du MI6, une paille comparé aux 4,5 millions de pounds engrangés par Daniel Craig pour incarner 007 dans Quantum of Solace. Le gouffre entre réalité et fiction n’est pas près d'être comblé.
4 388 000 000. Les recettes cumulées des vingt deux épisodes de la saga Bond. Quatre milliards de dollars. James Bond est un personnage de cinéma redoutablement bankable et parfaitement recyclable. Selon les modes et les canons de beauté, on préfèrera une pilosité virile (Sean Connery, Pierce Brosnan) à un torse glabre (Daniel Craig), un anglais à trench (Roger Moore) à un beau gosse en jean (Daniel Craig, encore). Cette nature caméléon permet à la franchise de se renouveler depuis maintenant cinquante ans en représentant toujours son époque. L’apanage d’une série culte.
Ursula Michel
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