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Le Festival de Cannes étant sans conteste l'évènement cinéma planétaire de l'année, cristallisant tendances et controverses, il est normal qu'à quatre jours de son ouverture (le 16 mai prochain), des polémiques diverses naissent. Dernière en date, celle lancée par le collectif féministe La Barbe. Sous le titre "Le Festival de Cannes 2012 : un homme est un homme !", le collectif a publié une tribune dans le journal Le Monde d'hier. Une pétition, en fait, qui reproche en termes sans équivoque au Festival de n'avoir sélectionné dans la compétition pour la Palme que des films réalisés par des hommes. "Pour sa 65e édition, le festival couronnera donc pour la 63e fois l'un d'entre eux, défendant ainsi sans faillir les valeurs viriles qui font la noblesse du 7e art", écrit le communiqué avec ironie. "Le festival de Cannes 2012 permet à Wes, Jacques, Leos, David, Lee, Andrew, Matteo, Michael, John, Hong, Im, Abbas, Ken, Sergei, Cristian, Yousry, Jeff, Alain, Carlos, Walter, Ulrich, Thomas, de montrer une fois de plus que "Les hommes aiment la profondeur chez les femmes, mais seulement dans leurs décolletés"."Le fait d'avoir une sélection 100% réalisée par des hommes est ainsi à leurs yeux "un signe fort envoyé à la profession et au public du monde entier. Car, qui mieux que le cinéma, qui mieux que Cannes, le plus prestigieux festival au monde, pour être le porte-voix de cet immuable message ?", écrit le collectif.  "Avec une grande lucidité sur le rôle primordial d’un tel événement, vous avez su empêcher toute velléité féminine de briguer une quelconque place dans ce milieu si bien gardé. Surtout, ne pas laisser penser aux jeunes filles qu’elles pourraient avoir un jour l’outrecuidance de réaliser des films et gravir les marches du Palais autrement qu’au bras d’un prince charmant." Tout en insistant sur le fait que les femmes ne peuvent espérer mieux, depuis la Palme d'or décernée à la néo-zélandaise Jane Campion pour La Leçon de piano (1993), que de devenir maîtresses de cérémonie, à l'image de Mélanie Laurent en 2011 ou de Bérénice Bejo cette année.La Barbe reproche également au Festival de ne mettre en avant les femmes que sur ses affiches : "Des icônes troublantes aussi que vous savez laisser à leur juste place : en vitrine et sur papier glacé. Les affiches du festival en témoignent: cette année c’est Marilyn Monroe qu’on célèbre, en 2011 Juliette Binoche, en 2009 Monica Vitti (...) De quoi se plaindraient nos muses ? Elles sont célébrées pour leurs qualités essentielles : beauté, grâce, légèreté… Evitons-leur les affres de la direction d’une équipe de tournage, épargnons-leur la pénible confrontation avec les contraintes techniques d’un plateau. Qu’iraient-elles s’ennuyer dans le comité d’organisation où se prennent les décisions importantes et qui, pour preuve, n’a connu depuis sa création que des présidents ?" Les César du cinéma français sont égratignés au passage, trophées qui "avaient en 2011 montré un digne exemple en ne sélectionnant aucune femme dans les catégories «meilleurs films» ou «meilleure réalisation»."Parmi les signataires de la tribune, on trouve Virginie Despentes, Coline Serreau et Zabou Breitman. Pour rappel, l'édition 2011 du Festival comptait quatre femmes parmi les réalisateurs des films sélectionnés (Naomi Kawase, Julia Leigh, Maïwenn, Lynne Ramsay). Quant au jury de l'édition 2012 présidé par  Nanni Moretti, il comporte quatre hommes et quatre femmes : Emmanuelle Devos, Hiam Abbas, Diane Kruger, Andrea Arnold."Accuser le Festival ne sert strictement à rien", la réponse de Thierry FrémauxSuivez toute l'actu cannoise sur notre dossier spécial avec Orange Cineday