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Matt Damon a fini par lâcher le morceau : on le savait énervé contre la production des Bourne, mais il l’est encore plus envers le scénariste Tony Gilroy.Comme Daniel Craig, qui a décidé de mettre les points sur les i concernant la franchise James Bond, Matt Damon explique enfin l’une des raisons qui l’ont poussé à abandonner la saga Bourne (La mémoire dans la peau etc.). Il avait été annoncé qu’il avait suivi le réalisateur Paul Greengrass, qui a refusé de mettre en scène un quatrième film, mais il s’avère que dès le tournage du troisième film, c’était déjà très compliqué au sein de la production.A en croire Damon, c’est l’ego du scénariste Tony Gilroy qui a posé problème Le comédien explique même que les problèmes ont démarré suite au succès surprise du premier film, La mémoire dans la peau : "Entre nous, on pensait que ce serait un bide. C’est très rare qu’un film qui a peu de temps pour se monter et qui multiplie les reshoots (journées de tournage reprogrammées pour corriger des plans) soit un succès." Pourtant, le projet a été mené à bien, sa date de sortie étant repoussée de septembre 2001 à juin 2002. A l’origine, Tony Gilroy, le scénariste, a essayé de faire en sorte de ne pas être le seul à être crédité au générique, afin que les mauvaises critiques ne lui retombent pas dessus. Sa demande a été entendue, le nom de William Blake Herron étant aussi officiellement associé à l’écriture du film.Sauf que comme La mémoire... a été un franc succès, rapportant plus de 200 millions de dollars de recettes pour un budget de 60, une suite a été commandée et là, Gilroy aurait voulu négocier que seul son nom apparaisse au générique en tant que scénariste, explique Damon. Mais l’histoire ayant été retravaillée par Scott Z. Burns et George Nolfi (qui ont respectivement planché ensuite sur deux scripts portés à l’écran avec Matt Damon, le premier sur The Informant et le second sur L’agence), Universal a décidé de mettre en avant au même titre les trois scénaristes. La mort dans la peau a bien marché : 288 millions de billets verts amassés en 2004. Résultat, au moment d’écrire l’histoire du troisième volet, Tony Gilroy a reçu une offre des plus alléchantes…La vengeance dans la peau : titre prémonitoire ?Matt Damon explique que c’est au moment de l’écriture du troisième volet de la saga que les choses se sont gâtées. Déjà,Tony Gilroy avait fait savoir qu’il n’appréciait pas les deux films tirés de ses scénarios, expliquant que celui de Doug Liman "n’aurait jamais dû être mis en scène", puisqu’il ne respectait pas selon lui les romans de Robert Ludlum, qui sont à l’origine de cette saga : "Il ne s’intéressait pas à un comportement humain, il s’agissait juste de faire courir un personnage d’aéroport en aéroport." C’est encore pire concernant la suite de Paul Greengrass, qualifiée par Gilroy de "Crime contre les Dieux du storytelling".Il n’empêche qu’avec de tels résultats dans les salles obscures, Universal ne compte pas se débarrasser du scénariste : il se voit offrir une belle somme (dont le montant n’est pas précisé par Damon) pour écrire l’histoire de La vengeance dans la peau. Une offre sans engagement pour les potentielles suites. C’est là que tout dérape, selon la star : "C’est la faute du studio si on s’est retrouvés dans cette position, explique-t-il dans le dernier numéro de GQ. Je n’en veux pas à Tony d’avoir voulu prendre l’argent. C’est juste que ce qu’il a écrit était nul. Ca aurait pu ruiner sa carrière. Je veux dire que si j’avais mis ce premier script sur eBay, ce gars-là n’aurait plus jamais retrouvé de travail à Hollywood. C’est quand même embarrassant. En gros, il avait le feu vert, il a eu l’argent et il a tout bâclé."Burns et Nofli ont été rappelés à la rescousse et au final, La vengeance dans la peau a cartonné : 442 millions de dollars cumulés en 2007.Tony Gilroy est pourtant le scénariste ET le réalisateur du spin-of de Bourne, porté par Jeremy RennerAu cours de l’interview, Matt Damon revient finalement peu sur son départ de la saga, si ce n’est pour rappeler qu’elle a changé sa vie et lui a offert une plus grande liberté dans ses choix d’acteur. Par contre, il regrette quasiment immédiatement d’avoir avoué sa rancœur envers Tony Gilroy : "Si je ne le respectais pas, si je n’appréciais pas son talent, je n’en aurais rien eu à faire… Mais là, ça m’a blessé. C’est aussi simple que ça. Je n’aurais pas dû parler de mes sentiments. Tout cela est entre lui et moi. En parler en public, c’est carrément stupide de ma part, non professionnel et ça montre à quel point je peux être con."La rencontre se termine sur une note bien plus positive concernant la suite de la saga, Matt Damon confirmant son admiration pour Tony Gilroy en tant que réalisateur et sa confiance en Jeremy Renner, qui a selon lui les épaules pour reprendre la franchise avec The Bourne Legacy.