Le cinéaste John Hughes est mort hier d’une crise cardiaque à l’âge de 59 ans. Et avec lui, c’est tout un pan du cinéma 80’s qui disparaît. Pour faire court, disons que John Hughes a inventé la comédie ado post-moderne, et que tout un cinéma de la contre culture (teen, mais pas seulement) lui doit tout. En gros sans John Hughes, pas de Judd Appatow , pas de Farrelly, pas de Cameron Crowe … Avec des films comme Sixteen Candles ou Breakfast club , il avait au milieu des années 80, capté comme personne auparavant (et sans doute peu depuis) la culture ado émergente, leur langage, leur musique, leur rêve et leur désarroi. D’une manière ou d’une autre, les enfants de la génération Reagan et MTV se sont tous reconnus dans ses films sublimes (drôles, tristes, nostalgiques). Avec des productions comme Maman J’ai raté l’avion il avait su faire de l’enfance une machine à fric merveilleuse (sans jamais renier son humour et sa tendresse fondamentale). Evidemment, en France, on ne saura jamais quelle fut l’importance réelle de John Hughes dans la pop culture. Sachez juste qu’elle fut énorme et qu’il resta l’un des hommes les plus influents d’Hollywood. Il suffit de voir n’importe quelle scène de son Breakfast Club, chef d’œuvre de sensibilité, pour se rendre compte de son art. En racontant l’après-midi de 5 jeunes enfermés dans la bibliothèque de leur lycée pour faire des heures de retenue, il évoquait un nombre de thèmes impressionnant (conflit entre les générations, le sexe, la drogue, le suicide, l'amitié, l'amour et la découverte de soi) avec une finesse triste sublimée par l’utilisation de “Don’t You (Forget About Me)” des Simple Minds, la plus belle (et déchirante) utilisation d’une pop song dans tous les teen movie. Mais reprenons. Après une courte carrière dans la pub, John Hughes se mit à écrire des sketchs pour des comiques puis des histoires pour le magazine d’humour National Lampoon. Il commence à écrire pour le cinéma au début des années 80 et après avoir été renvoyé de ses deux premiers films (Mr Mom et Bonjour les vacances), il enchaîne ses deux films les plus célèbres, Sixteen Candles et Breakfast Club. C’est là qu’il établit sa patte de cinéaste sensible et le succès commercial des deux films lui permet de devenir producteur. Il donne alors les meilleurs films à d'autres réalisateurs (Maman j’ai raté l’avion), et se contente de diriger des petits films qui sont souvent des échecs commerciaux ( La Vie en Plus , La P'tite Arnaqueuse ). Ce grand sentimental est aussi l'auteur de la Folle Journée de Ferris Bueller , apologie de l'égoïsme ado qui fut un triomphe en 1986 et reste un des plus grands films générationnels (qui a oublié « Life moves pretty fast... if you don't stop and look around once in awhile, you could miss it »). Au cours de sa carrière John Hughes aura su explorer les affres des teenagers et sonder les familles contemporaines comme peu de cinéastes. Un mythe vient de s’éteindre. Ferris, Claire, Samantha et toute une génération sont aujourd’hui orphelin…
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