Choix n°1 : La Loi du marché, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon...Synopsis : À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2015L'avis de Première : Arc-boutées sur Vincent Lindon, bloc de détermination prêt à céder, les plans séquences cruels s’enchaînent : dialogue à sens unique chez Pôle Emploi, bouffe triste en famille, entretien d’embauche pipé sur Skype, rendez-vous traquenard à la banque... Chaque tranche de vie tire sa force de la précédente – y compris la première, dont on comprend qu’elle fait suite à un stage de formation stérile. Pas de voix off, pas de musique, pas de scènes sursignifiantes. Du premier au dernier plan, on est dans le dur avec Thierry pour une sorte de voyage au bout de l’enfer du déclassement social où les respirations sont rares – ici un cours de rock, là une chanson à l’occasion d’un pot de départ. Fidèle à ses méthodes et à ses convictions, Brizé traque le romanesque derrière les situations les plus banales qui soient, faisant à la fois de Thierry un héros du quotidien et le miroir d’une société gangrenée par le chômage de masse et l’individualisme galopant. (Lire la suite ici)Bande-annonce :  Choix n°2 : A la poursuite de demain, de Brad Bird, avec George Clooney, Britt Robertson...Synopsis : Unis malgré eux par le destin, Frank Walker, un inventeur désabusé, et Casey Newton, une adolescente passionnée par les sciences au caractère bien trempé, s’embarquent pour une quête périlleuse qui va les conduire dans un mystérieux univers parallèle où rien n’est impossible. Ce qu’ils vont y découvrir changera le monde – et eux-mêmes – à jamais.Pas d'avis pour ce film.Bande-annonce :  Choix n°3 : Trois souvenirs de ma jeunesse, d'Arnaud Desplechin, avec Mathieu Amalric, Quentin Dolmaire...Synopsis : Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient...De son enfance à Roubaix... Des crises de folie de sa mère... Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent...Il se souvient...De ses seize ans... De son père, veuf inconsolable... De ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe...Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir... De ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Behanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie... Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie.Doucement, « un cœur fanatique »Le film est présenté à la Quinzaine des réalisateurs duFestival de Cannes 2015L'avis de Première : Après avoir joué au cinéaste américain, Desplechin revient à, Roubaix, à la famille, au mythe. À Paul Dédalus. Envisagé comme un prequel de "Comment je me suis disputé...", le film raconte trois moments fondateurs de la vie de son Antoine Doinel sous l’angle mythologique. Le film s’ouvre sur Dédalus qui s’arrache des bras d’une Circé ukrainienne pour rentrer en France après dix ans d’exil. De là, dans une structure qui combine passé et présent – et donne au film ses afféteries littéraires et métaphysiques –, il revient sur trois épisodes de sa jeunesse : le "meurtre" de la mère (Atrides style), une aventure d’espionnage (le cheval de Troie) et l’amour pour Esther, sa Pénélope à lui. La figure qui hante TOUTE sa filmographie, c’est Ulysse, héros d’une épopée de l’absence, de la perte et d’un retour sans cesse repoussé. On ne saura jamais avec certitude qui est ce Dédalus jeune. Est-il un souvenir du Amalric des séquences du film au présent, ou de celui de ... "Ma vie sexuelle" ? Une création singulière et autonome ? Comme Ulysse chez le Cyclope, ce que dit Desplechin, c’est que son alter ego est "Personne" ; et qu’il doit entendre sa propre histoire de la bouche d’un autre pour reconquérir son identité, comme le cinéaste doit emprunter à des genres (espionnage, roman épistolaire, film d’horreur) pour créer son film. C’est ce doute existentiel, cette idée moderne de la reconquête qui, dans un geste d’amour-haine, lui fait réécrire l’histoire de sa famille et de la civilisation. Comme Yeats, cité dans le film, Desplechin pourrait dire : "Nous qui sommes aussi des hommes modernes, rejetons tout art populaire qui ne remonte pas à l’Olympe."Bande-annonce :  Retrouvez toutes les autres sorties ciné de la semaine ici