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Relire les témoignages des animateurs de Steven Spielberg sur Jurassic Park 20 ans après, c'est assister à la naissance d'un univers, celui du digital et des effets spéciaux, tant le film était révolutionnaire à l'époque a a contribué a posé les bases du cinéma d'aujourd'hui.A l'occasion de la sortie de Jurassic Park 3D, Première a fouillé ses archives pour y trouver les témoignages des animateurs de Steven Spielberg, qui décrivent les balbutiements de la technologie d'aujourd'hui.---Des dinosaures grandeur nature !Steven Spielberg a choisi lui-même les techniques qui ont insufflé la vie à ses stars préhistoriques. Impressionné par le robot géant de King Kong installé dans le parc d'attractions Universal de Floride, il a voulu utiliser des dinosaures grandeur nature mus par des mécanismes hydrauliques, et des miniatures animées image par image. Les partenaires sélectionnés furent Industrial Light & Magic, la célèbre société de trucages de George Lucas, Stan Winston, le créateur des personnages mécaniques d'Alien et de Terminator 2, et Phil Tippett, vétéran des créatures extraterrestres de la saga de La guerre des étoiles.Phil Tippett se souvient de l'élaboration de Jurassic Park :« Spielberg m'a chargé de définir la gestuelle des animaux préhistoriques. Mon équipe a d'abord construit des miniatures articulées d'après les sculptures de dinosaures réalisées image par image, de face, de profil, et de trois quarts, en train de marcher et de courir. Notre première mission a été de déterminer à quelle vitesse courait le tyrannosaure ! Steven voulait qu'il se déplace à 100 km / h. Mais ce n'était pas réaliste, compte tenu de la masse de l'animal ! Nous avons filmé les animaux du zoo de San Francisco pour étudier leurs gestes. Le brachiosaure (dinosaure au long cou) est en quelques sorte "interprété" par un éléphant et une girafe.« Réaliser des scènes en utilisant simplement le clavier et la souris »Stan Winston a conçu ses mécanismes en fonction des mouvements définis par nos animations : la manière dont les velociraptors scrutent le paysage en recherchant une proie, leur façon de bondir, etc.Au même moment, ILM réalisait des tests pour "fluidifier" par ordinateur les animations image par image traditionnelles. Nous avons animé plusieurs versions des scènes de l'attaque de la jeep par le T. Rex et de l'arrivée des velociraptors dans la cuisine. Ce travail de préparation a permis de choisir plan par plan les actions des dinosaures et même d'improviser des attitudes intéressantes. L'ordinateur n'est qu'un outil, Steven s'en est rendu compte : les mouvements des premières scènes de synthèse étaient trop lisses, pas assez organiques. Notre formation traditionnelle s'est avérée indispensable. Nous avons collaboré avec ILM pour mettre au point le "DID" (digital input device, générateur de données informatiques). C'est une armature articulée pourvue de codeurs optiques à chaque axe. Nous avons généré ainsi les données de mouvements des images de synthèse des velociraptors et du T. Rex, transmises chaque jour à ILM par liaison satellite. Leurs animateurs ont réalisé d'autres scènes en utilisant simplement le clavier et la souris de leurs ordinateurs. Steve Price, notamment, a obtenu de très bons résultats par ce biais. »« Maintenant, nous pourrons peut-être imiter des êtres humains »Steve Price et Ellen Poon ont abandonné un instant les effets digitaux des Flinstones et du prochain Speilberg (Shindler's List) pour nous expliquer la genèse des images révolutionnaires de Jurassic Park :« Nos dinosaures de synthèse devaient être absolument identiques à ceux de Stan Winston. Nous avons passé par conséquent ses sculptures miniatures au scanner pour enregistrer les volumes de base sous tous les angles. Nos infographistes ont complété les détails de ces images en les comparant aux photos des modèles originaux. Il a fallu copier les nuances de couleur de peau, imiter le relief des écailles, gérer la brillance des yeux par rapport à celle des dents ou des griffes. Le squelette du dinosaure étant notre première structure, il a fallu l'habiller avec des muscles, puis faire "rouler" la peau sur l'écorché des dinosaures.  Maintenant que nous savons créer ces images réalistes de dinosaures, nous pourrons peut-être imiter des chats ou des chiens. Peut-être même des êtres humains d'ici quelques années. Les facteurs à maîtriser sont la puissance des oridnateurs, le coût du temps de calcul et la quantité de mémoire disponible. »Pascal Pinteau, Première, novembre 1993         Steven Spielberg : "Si vous ne croyez pas aux dinosaures, il n'y a pas de film"