C’est ce qu’on appelle un succès !Après les cent représentations de l’Hébertot, j’aurai joué ce texte trois cents fois en un an et demi. Ça veut dire que cela se passe bien.Etre seul en scène, cela ne vous a pas fait peur ?J'ai été emballé à la lecture du texte. C’est seulement après que j’ai pris conscience que j’allais être seul… Avec Anne (Kessler) nous avons abordé le travail comme pour une pièce de théâtre. Au début, la souris devait être présente, mais finalement, elle n’est jamais arrivée ! Je me faisais une montagne de me retrouver seul sur scène, or c’est un moment parfait du début à la fin. Il y a une équipe autour de moi et nous vivons une aventure humaine.Comment le projet est-il arrivé à vous ?Par le producteur Jean-Louis Livi et la comédienne Caroline Sihol. Le jour où ils ont appris que je quittais le Français, ils m’ont appelé. Ils portaient ce projet depuis longtemps. Je sais qu’il y a eu plusieurs versions avant d’arriver à ce beau monologue de Gérald Sibleyras. A la première lecture, je ne faisais pas le malin, croyez-moi ! Mais Jean-Louis a dit : « J’aurai mis trente ans à le monter, mais j’ai enfin trouvé. Je suis content ! »C’est vous qui avez fait venir Anne Kesller sur le projet ?Non, c’est encore Jean-Louis Livi. Il savait qu’on avait déjà travaillé ensemble. J’ai trouvé l’idée formidable. Quand Anne met en scène, elle nous amène là où l’on est bien. Cela se fait sans trop savoir comment, tout en douceur. C’est agréable.Et le résultat fonctionne… Comment expliquez-vous cette rencontre avec le public ?Je n’ai pas la réponse. Je suis moi-même incapable de dire pourquoi j’aime ce texte. Je pense que si je le savais, je ne serais pas en mesure de le jouer. Il pose la question du bonheur. Avons-nous besoin qu’on nous rajoute des choses pour être heureux ? Mon personnage ne l’est pas plus parce qu’il est devenu intelligent.Cette belle aventure a dû vous conforter dans votre choix de quitter le Français ?Il était temps pour moi de partir. Quand j’arrive dans un endroit, je n’ai aucune velléité de changer les choses. J’en accepte les règles, les codes. Par définition, cela ne peut être que temporaire… Un moment, j’ai eu envie d’aller me balader ailleurs. Certains pensent que je suis parti à cause de nombreuses propositions, ce qui n’était pas le cas. C’était juste biologique. Je ne me suis jamais posé la question de l’emploi lors de mon départ. Et aujourd’hui que je compare, je me dis que j’ai bien fait.
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