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La mort du célèbre chanteur français endeuille aussi le monde du cinéma. Hommage à un homme de la musique qui flirtait avec le 7e art.

Michel Delpech est décédé hier, à 69 ans, des suites d’un cancer de la gorge et de la langue. Sa disparition rend la génération Yéyé orpheline alors qu’il laisse derrière lui des tubes comme Pour un Flirt, Wight Is Wight ou encore Chez Laurette qui témoignent de la douce insouciance des années 60’.

Beaucoup évoqueront ses années de gloire, sa dépression dans les années 80 puis son come-back dans les années 1990, de notre côté, nous tenions à saluer un chanteur qui a souvent flirté avec le 7 e art. Gentiment moqué mais toujours adoré, Michel Delpech a inspiré des cinéastes beaucoup plus jeunes que lui tant par ses chansons que par sa vie privée. Et peu d’artistes de sa génération peuvent en dire autant.

Quand j'étais chanteur

En 2006, Xavier Giannoli (A l'Origine, Margueritte) lui emprunte son tube Quand j’étais Chanteur pour titrer son film d’amour entre Gérard Depardieu, chanteur de bal quinquagénaire et Cécile de France, jeune femme fraichement divorcée. Nommé 7 fois aux César (récompensé pour le meilleur son) et en compétition au festival de Cannes, le long-métrage a rassemblé plus d’un million de spectateurs dans les salles. Gérard Depardieu y interprète deux tubes de Michel Delpech : Pour un flirt et Quand j’étais chanteur à des moments poignants du film.

 


Les bien-aimés

En 2011, Christophe Honoré lui offre un rôle touchant dans son film musical Les Bien-Aimés, un long-métrage présenté à Cannes qui célèbre l’amour comme une histoire compliquée et la musique comme unique vérité : Michel Delpech ne pouvait qu’y être convié. Aux côtés de Ludivine Sagnier, Louis Garrel, Milos Forman et Catherine Deneuve, il incarne François, un garde républicain marié et cocu à qui il prête son air doux et ses grands yeux nostalgiques.

 


L'Air de rien

Mais c’est en 2012, avec l’Air de Rien, que le cinéma accueille Michel Delpech de la plus belle des manières. Dans ce film intimiste de Grégory Magne et Stéphane Viard, il joue son propre rôle, ou presque, celui d’un chanteur tombé dans l’oubli qui collectionne les dettes comme jadis les tubes. Un fan va l’aider à remonter une tournée improbable à travers la France, dans des cafés en cessation de paiement ou des discothèques en cours de liquidation. A travers cette histoire de débrouille presque autobiographique (que l'on peut aussi bien présenter comme son Mammuth) on comprend soudain que le cynisme et la vanité des paillettes n’ont jamais réussi à étouffer l'amour sincère du chanteur pour la scène. Dans l'Air de Rien, Michel Delpech se livre devant la caméra avec humilité tandis que plusieurs de ses tubes rythment ce road trip présenté à Cabourg, Angoulème et même au festival du film Grolandais.


Michel Delpech, c’est ce personnage fragile, cette figure tendre que l’on invite naturellement dès lors que l’on évoque la musique comme un amour sincère, une émotion naïve, un destin capricieux. Les cinéastes l’ont bien compris : un tube de Michel Delpech se joue aussi en 24/images secondes.

 

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