De Stanley Kubrick à David Fincher, en passant par Woody Allen.
Ce mercredi arrive dans les salles Le Bonhomme de neige de Tomas Alfredson (La Taupe, Morse) une adaptation du roman de Jo Nesbo que le cinéaste a dû tourner sans avoir le scénario en entier. L'occasion de lister dix films pas forcément au niveau des attentes de leurs réalisateurs.
Le Bonhomme de neige
Tomas Alfredson est bien embêté : la critique n'est pas très tendre avec son dernier long-métrage, Le Bonhomme de neige. Mais le réalisateur assure qu'il y a une bonne raison à cela : "Notre temps de tournage en Norvège était bien trop court, nous n’avions pas le scénario en entier avec nous et quand nous avons commencé le montage, nous avons découvert qu’il manquait beaucoup de passages", raconte-t-il. Selon lui, 10 à 15 % du scénario n'aurait pas pu être tourné. "C’est comme quand tu fais un puzzle géant, qu’il manque quelques pièces pour voir la scène dans son ensemble". Le résultat final n'est donc plus vraiment ce qu'Alfredson imaginait au départ.
Babylon A.D.
Le seul film de sa carrière que Mathieu Kassovitz renie. Le tournage a été extrêmement chaotique, entre dépassements de budget et prise de contrôle par la production. Le réalisateur en veut également toujours à Vin Diesel, qui selon lui faisait sa "diva" sur le plateau et ne venait tourner ses scènes que quand il en avait envie ("Vin Diesel s’est comporté comme un porc", martelait Kassovitz dans les colonnes de GQ en 2012). "C'était une expérience épouvantable", dit le cinéaste de son deuxième long-métrage en langue anglaise. Le making-of du film, Fucking Kassovitz, est à peine croyable.
Dune
Dès l'écriture, Dune a été une souffrance pour David Lynch. D'abord aidé par deux coscnéaristes, il termine finalement le script seul. Au moment du montage, le réalisateur doit se battre avec le studio mais accepte de réduire la durée film (son premier montage faisait quatre heures) et de procéder à de nombreux ajustements, dont une voix off. Il n'assume par contre pas la version télé et fait alors carrément enlever son nom du générique, remplacé par le pseudonyme Alan Smithee. À ce jour, il refuse encore de parler de Dune en interview.
Les 4 Fantastiques
Trois ans après le succès surprise de Chronicle, le jeune Josh Trank entre dans la cour des grands avec le remake des Quatre Fantastiques. À sa sortie en 2015, le film se fait étriper par la critique et les fans, alors que la rumeur enfle autour d'un tournage très compliqué : 20th Century FOX, affolé par le résultat, aurait pris le contrôle intégral du film au point de le remonter et de forcer Trank à tourner des reshoots. Le réalisateur lâche alors sur Twitter un petit message : "Il y a un an, j'avais une fantastique version de ce film. Et il aurait reçu d'excellentes critiques. Vous ne le verrez probablement jamais. C'est pourtant la réalité". Depuis, plus vraiment de traces de Josh Trank.
Fear and Desire
Stanley Kubrick détestait son premier long-métrage sorti en 1953, qu'il avait tourné avec un petit budget. Il le qualifiait de "maladroit" et "amateur" et avait même racheté la plupart des copies en circulation pour les détruire. L'une des rares pellicules encore en état a heureusement servi à la restauration du film en 2012.
Alien 3
"Un baptême du feu". C'est ainsi que David Fincher décrit Alien 3, son premier film. Sa relation avec la production a été plus que tendue et sa façon de travailler (il est connu pour vouloir tourner chaque scène de multiples fois jusqu'à arriver au résultat escompté) a exaspéré le studio. "J'ai travaillé dessus pendant deux ans, j'ai été viré trois fois, et j'ai dû me battre pour le moindre truc. Personne ne l'a plus détesté que moi, et encore aujourd'hui, personne ne le déteste plus que moi", assure-t-il. Ce qui a le mérite d'être clair.
Annie Hall
Woody Allen n'est pas fan d'Annie Hall, le long-métrage qui lui a pourtant rapporté quatre Oscars. À Collider, il confie ne pas avoir réussi à en faire ce qu'il imaginait au départ : "Le film devait montrer ce qui se passe dans la tête d'un homme. On devait voir les flux de conscience de son esprit mais c'était totalement incohérent. Personne ne comprenait ce qui se passait et la relation entre Diane Keaton et moi-même était tout ce qui intéressait les gens. Ce n'était pas ce qui m'intéressait. C'était une petite partie d'une plus grande toile. Au final, j'ai dû recentrer sur moi et Diane Keaton, donc j'ai été déçu par ce film".
La Corde
En 1948, Alfred Hitchcock tentait l'impensable en réalisant un long-métrage qui semble fait d'un seul plan-séquence (en réalité, chaque plan fait dix minutes, la durée d'une bobine de l'époque). Le résultat est fascinant mais la technique pèse sur le scénario, selon le réalisateur. Hitchcock a décrit La Corde comme "une expérience qui n'a pas fonctionné".
Une Trop Belle Cible
En 1990, Dennis Hopper se mettait en scène avec Jodie Foster dans Une Trop Belle Cible, son cinquième film. Mais le script avait été affecté par la grève des scénaristes de 1988 et n'était pas totalement terminé quand Hopper a commencé le tournage. Le réalisateur s'est battu avec la production durant le montage, alors que sa première version de trois heures a été réduite à près d'une heure quarante. En conséquence, il décidait de faire enlever son nom au générique et le film est sorti sous le pseudonyme Alan Smithee. Le titre a même été changé par la suite, passant en VO de Catchfire à Backtrack ("retour en arrière").
L'Amour par accident
Sorti en 2015, L'Amour par accident est signé Stephen Greene. Sauf que c'est bien David O. Russell qui a réalisé le film. Mais le cinéaste a décidé de faire retirer son nom après de gros problèmes de financement durant le tournage, qui ont retardé la production. Et Russel s'est également pris le bec avec James Caan, qui n'était pas d'accord sur la mort de son personnage (l'acteur a d'ailleurs quitté le projet). David O. Russell a fini par démissionner avant que le long-métrage ne soit terminé. Le producteur Kia Jam s'est occupé seul du montage.
Commentaires