Le film de Stephen Norrington fête ses 20 ans.
Deux ans après sa première apparition dans Captain America : Civil War, Black Panther a eu droit à son film en solo. Le super-héros est incarné par Chadwick Boseman sous la direction de Ryan Coogler dans ce 18e blockbuster de Marvel qui a conquis le public en franchissant les 700 millions de dollars de recettes début 2018.
Premières critiques de Black Panther : "le meilleur film" de Marvel Studios
A l’occasion de cette sortie événement, The Hollywood Reporter a eu la bonne idée de contacter Wesley Snipes, qui a tenté dans les années 1990 de lancer sa version de Black Panther. Il a finalement laissé tomber pour un autre projet tiré de comics Marvel : Blade. Pourtant sa vision du personnage était intéressante et assez proche de celle dévoilée aujourd’hui par le studio. Fashback, à l'heure où Blade fête ses 20 ans : le film de Stephen Norrington est sorti le 21 août 1998.
1992 : "Ce personnage me parlait car il était noble"
Il y a 25 ans, Wesley Snipes multipliait les succès, et Marvel ne faisait pas le poids face à la Warner Bros, qui cartonnait grâce aux adaptations de DC comics Superman et Batman. La firme a même été en faillite brièvement, en 1996. L’acteur de la comédie Les Blancs ne savent pas sauter, culte aux Etats-Unis, était en train de préparer Demolition Man quand il s’est intéressé pour la première fois à Black Panther, le super-héros créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1966, au beau milieu d’une histoire des 4 Fantastiques. "Je crois que ce personnage me parlait car il était noble, c’était l’antithèse des stéréotypes qui circulaient sur les Africains, l’histoire africaine et les grands royaumes d’Afrique. Il faisait sens culturellement et socialement parlant. On n’avait jamais vu ça au sein de la communauté noire, ni de la communauté blanche." L’acteur détaille aussi qu’il adorait l’idée du Wakanda, ce pays fictif caché en Afrique qui développe des technologies de pointe, notamment grâce au Vibranium, métal qui a permis au S.H.I.E.L.D de fabriquer le bouclier de Captain America.
Ryan Coogler : "Black Panther est le James Bond du Marvel Cinematic Universe"
Tom DeFalco, rédacteur en chef de Marvel de 1987 à 1994, rappelle qu’en 1992, la société allait très mal. Les ventes de comics baissaient et les adaptations ne fonctionnaient pas au cinéma, que ce soit Howard le Canard (en 1986), la version de The Punisher avec Dolph Lundgren (1989) ou Les Quatre Fantastiques, tourné en 1994 mais finalement jamais sorti sur grand écran. Quand Wesley Snipes a contacté la firme pour évoquer son envie d’adapter Black Panther, Stan Lee l’a rapidement soutenu : "Il aimait ce projet, à l’époque", affirme l’acteur avant d’expliquer que les changements de scénaristes et de réalisateurs ont finalement eu raison du film.
1994 : "John Singleton voulait absolument faire de Black Panther un membre du Black Panther Party"
En 1994, la Columbia donne son accord pour produire Black Panther, et choisit deux metteurs en scène potentiels : Mario Van Peebles (New Jack City) et John Singleton (Boyz n the Hood). "Ils cherchaient de jeunes réalisateurs noirs, confirme Wesley Snipes, qui ajoute que s’il n’a jamais rencontré Van Peebles, il se souvient bien de son entretien avec Singleton. Je lui ai exposé ma vision, qui est très proche de ce qui est créé actuellement : le monde caché en Afrique, cette société technologiquement en avance sur son temps grâce au Vibranium et protégée par un champ de force. John me répondait ‘Nan ! On va plutôt parler de son esprit de Black Panther, et il va pousser son fils à rejoindre le mouvement des droits civiques.’ (…) Bon, je vous résume ça mal, mais l’idée c’est que John voulait absolument faire de Black Panther un membre du Black Panther Party. Moi, je lui rétorquais : ‘Mais mec, où sont les jouets ? Ils vivent dans une société à la pointe des nouvelles technologies, ce serait fantastique de montrer l’Afrique comme ça’. Je tenais à voir toute la gloire et toute la beauté du continent, le ‘bijou africain’. J’adore John, mais je suis content qu’on n’ait pas suivi ses idées, car ça aurait été une erreur sur un projet aussi riche que celui-ci."
Snipes révèle d’ailleurs que pour éviter toute confusion entre le personnage et le mouvement social américain, il avait pensé à un costume aux couleurs d’un léopard, plutôt qu’à celles d’une panthère noire. "J’ai pensé à ça : un léopard avec des petites oreilles sur le masque. Le costume aurait été moulant, pour faire ressortir les muscles. J’avais cette idée en tête à l’époque, et ça ne m’embêtait absolument pas, car j’avais commencé par carrière en tant que danseur."
La dernière Pierre d'Infinité sera-t-elle dévoilée dans Black Panther ?
1995-1996 : "Si c’est ça notre Black Panther, je signe tout de suite !"
DeFalco détaille qu’après ce faux départ, le scénariste Terry Hayes a réécrit l’histoire de Black Panther et que celle-ci avait bien plu à la production. "Son pitch était incroyable", commente l’ex-rédacteur en chef de Marvel en donnant quelques éléments : son script s’ouvrait sur une énorme bataille au Wakanda. Bébé T’Challa était alors déposé dans un panier, abandonné une rivière, pour échapper au massacre, et il grandissait loin de son pays d’origine. Une fois adulte, c’est en se faisant attaquer par surprise dans un ascenseur qu’il commençait à découvrir sa véritable histoire. Une séquence ultra-chorégraphiée, au cœur de la transformation du jeune homme en super-héros. "Je me souviens que quand il nous a décrit cette scène, je me la représentais parfaitement. Je me suis dit : ‘Si c’est ça notre Black Panther, je signe tout de suite !’. Il avait fait un portrait génial du personnage, son script était rempli d’action et avait du sens." Mais c’est une nouvelle fois le casting du réalisateur qui a ralenti le lancement du projet. "On n’arrivait décidément pas à trouver le bon scénariste ET le bon metteur en scène, regrette Snipes. Il nous manquait aussi un élément essentiel : la bonne technologie pour créer les effets spéciaux qu’on avait en tête."
Comment Chandler (Friends) a inspiré un personnage de Black Panther
1998 : "Bon, si je ne peux pas être le roi du Wakanda (...), donnons une chance à ce vampire"
A ce moment-là, le personnage était également en train de changer dans les comics : Christopher Priest, célèbre auteur qui a fait carrière chez Marvel, a été embauché par la célèbre rédaction pour moderniser Black Panther à la fin des années 1990. Lui aussi a été interviewé dans le cadre de la sortie du blockbuster, par Vulture, et il détaille que le but principal de sa nouvelle série de BD, éditée entre 1998 et 2003, était de faire en sorte que "Black Panther ne soit pas qu'une histoire pour les blacks". Il ajoute que son travail sur cette BD est aujourd'hui reconnu comme capital dans l'évolution du personnage. C'est d'ailleurs principalement sa version qui a influencé l'adaptation actuelle.
A force de reports, le projet d'adaptation cinématographique n’était toujours pas lancé en 1998, et Wesley Snipes a alors fait le choix d’incarner un autre personnage Marvel : Blade, dans le film éponyme de Stephen Norrington. "Ces deux personnages ont une certaine noblesse, ce sont des combattants. Je me suis dit : ‘Bon, si je ne peux pas être le roi du Wakanda, du Vibranium et de ce royaume caché d’Afrique, donnons une chance à ce vampire." Blade a finalement eu assez de succès pour avoir deux suites : une réalisée par Guillermo del Toro, en 2002, et une autre par David S. Goyer, deux ans plus tard. A ce moment-là, Marvel remontait la pente, grâce aux cartons des X-Men, produits par la 20th Century Fox, et des Spider-Man, financés par Sony. Puis le MCU tel qu’on le connaît, a été inauguré en 2008 par les sorties successives de L’Incroyable Hulk et Iron Man, et Disney a construit un empire super-héroïque les années qui ont suivi. Kevin Feige, à la tête de la branche Marvel du studio, comptait d’ailleurs adapter Black Panther dès le début. Il évoquait ce projet dans la presse avant même la sortie d’Avengers. Finalement, c’est bien le carton de ce super-film, qui a franchi le milliard de dollars sur la planète, qui a permis de concrétiser cette adaptation. Wesley Snipes était malheureusement trop vieux pour incarner le jeune roi, et c’est finalement Chadwick Boseman qui l’a remplacé. Pourtant, l’acteur jure qu’il ne regrette rien. "Même si je ne fais pas partie du projet final, je le soutiens à 100%. Je suis sûr qu’il aura la capacité de changer les choses, d’ouvrir des portes et d’offrir des opportunités. Nous avons besoin de cette diversité. (...) Chadwick est un jeune acteur talentueux, je suis sûr qu’il s’est bien approprié le personnage. J’espère que le studio lui a permis de l’incarner pleinement."
S’il n’aime pas forcément toutes les super-productions du MCU ("Je trouve que ça marche surtout quand elles sont portées par de vrais acteurs, qui sont capables de créer des personnages nuancés avec une histoire forte, comme Robert Downey Jr.", commente-t-il), Wesley Snipes reconnaît qu’il aimerait réintégrer un film Marvel. Surtout si cela lui permet de poursuivre l’aventure Blade. "Je suis ouvert à toutes les possibilités. Si Blade 4 revient sur le tapis, il faudra qu’on en parle, c’est certain. Il y a aussi d’autres personnages de chez Marvel que je pourrais jouer, s’ils m’invitent à les rejoindre. Je crois que les fans aimeraient que je retrouve Blade, ceci dit, donc ça risque de limiter mon arrivée dans la peau d’un autre personnage." Pas si sûr : Chris Evans a bien joué deux super-héros Marvel différents : la Torche des 4 Fantastiques (pour la Fox, studio qui vient d’être racheté par Disney), et Captain America au sein du MCU…
Ryan Reynolds ne veut pas jouer dans Blade 4 : "Deadpool est ma religion"
Bande-annonce de Black Panther :
Commentaires