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Un coup de fouet mollasson :Alors que Cinquante nuances de Grey vient de cartonner en France et aux USA (où il vient de battre le record du meilleur démarrage pour un film réalisé par une femme), il n’a recueilli pour l'instant que 26% d’avis positifs sur Rotten Tomatoes. Un score à l’image de la mollesse des ébats d'Anastasia Steele et Christian Grey si on en croit Indiewire "Du SM léger maladroitement mélangé à de la comédie dans une adaptation insipide, pas sexy, et malheureusement conforme à l'effroyablement pauvre best-seller d'E.L James. Ce regard fade et grand public porté sur le glauque, le bondage et les relations sadomasochistes ne prend absolument aucun risque de briser quelque tabou sexuel ou autre. Cette soi-disant enquête sur les pratiques impliquant la domination, la soumission et l’érotisme est donc, au mieux, facile."Un avis conforté par celui du Figaro qui confirme : "Pas de quoi fouetter un chat. Le film (…) annoncé comme l'événement de la rentrée cinématographique s'avère aussi torride qu'un steak de soja. Le pic sado-maso de cette bluette tient en six coups de ceinture sur le dos de la belle donnés par l'éphèbe en jean et pieds nus. C'est la collection Harlequin avec l'option martinet. À se demander pourquoi il est interdit aux moins de 17 ans aux États-Unis.">>>  Histoire d'O, l'Empire des sens, La Secrétaire : 15 films plus BDSM que 50 nuances de Grey  The Guardian enfonce le clou : "Les Scènes de sexe dans Cinquante Nuances de Grey sont nombreuses, longues et franches, mais elles ne sont pas graveleuses (…) En fait, ces scènes clés n'existent que pour faire avancer l'intrigue et seuls les plus prudes, boutonnés jusqu’au menton, seront scandalisés. Cordes, menottes et autres colliers de chien ne sont que des accessoires glauques standards. Ils sont peut-être extrêmes dans la vraie vie, mais pas dans l’univers du cinéma habitué à bien plus de bizarrerie."Un duo trop peu convaincant :L’autre principale raison de ce mécontentement critique, c’est le manque de feeling entre les deux héros affirme Libération "Pas aidé par des dialogues souvent insignifiants dignes d’un soap opera sans second degré, il est impossible de croire une seule seconde à l’alchimie érotique entre les deux personnages principaux. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, Dakota Johnson est même parfois presque attachante, mais ils sont à l’image des héros du roman : aussi épais et profond que du papier à cigarette. Anastasia Steele est mignonne sans être intéressante ou sexuelle. Christian Grey est un faux dur au petit cœur qui bat et qui souffre, comme tout le monde." Le résultat ? une "Adaptation plate et conventionnelle, une soupe maso aussi peu subversive que le best-seller." >>> 50 Nuances de Grey : la promo la plus douloureuse de la décennie ?L’interprétation des deux jeunes acteurs n'est pas non transcendantale, si l'on en croit Indiewire "Leur alchimie est inexistante et nos expériences en cours de science ont produit plus d’étincelles que le jumelage Dornan-Johnson, qui, tous deux, donnent l’impression qu’ils aimeraient être n’importe où ailleurs. C'est le film lui-même qui les oblige sans cesse à produire de la sensualité, dans des scènes qui en sont dénuées, en plaquant sur chaque séquence une musique contemporaine séduisante (Beyoncé, Sia, Ellie Goulding, The Weeknd) comme un lubrifiant désespérée pour produire une sorte d'érotisme."Une faible portée subversive :Même déception du côté de l’analyse du film qui échoue selon les critiques à briser les tabous sexuels ou à produire un discours libérateur. "Le sadomasochisme, censé être démystifié et valorisé, n’est qu’un prétexte à un conte de fées réac", note Libération.Télérama est tout aussi déçu. "Ce film qu'on pouvait espérer provocateur, tant qu'à faire, finit même, avec un regard bien puritain, par désigner les fantasmes de Monsieur Grey comme ceux d'un pauvre malade... qui ne demande qu'à guérir ! On nage en pleine hypocrisie.""Malgré son emballage soft-porn agréable, le film souffre parfois d’une idéologie balourde et nauséabonde qui se repaît de clichés sur la différence entre les sexes (l’héroïne qui rêve de conjugalité et se met aux fourneaux en chantonnant tandis que son amant pilote de grosses voitures), les rapports de classes (la 'domination' sociale et forcément sexy du héros aux yeux de sa pouliche), et une toile de fond psy qui tend à faire du sado-masochisme une pathologie, et surtout pas un acte de transcendance ou de liberté" résume le papier des Inrocks.>>> Cinquante nuances de Grey est "une attaque en règle du mariage chrétien" selon un archevêqueL’unique salut du film : prendre ses distances par rapport au roman ?Les Inrocks rejoignent toutefois l’avis de Première à propos d’un film moins bête que le roman : "L’héroïne y est moins cruche que dans le roman. Certes Ana se mord toujours autant la lèvre, quand elle ne mâchouille pas un crayon incrusté du nom de son amant (la classe) mais son interprète substitue au côté bécasse une frimousse à la Zooey Deschanel, girl next door innocente et intello qui préfère les livres aux garçons."D’après New York post : " Fini les aspects vraiment pénibles du livre, et la plus grosse surprise pourrait être qu’Anastasia Steele et Christian Grey ont développé le sens de l'humour. Pourtant, le film ne prétend jamais être autre chose que ce qu'il est vraiment : un porno soft-core pour mamans."En fait, seule l’intervention de Sam Taylor-Johnson qui aurait soigné son esthétique et sa mise en scène serait salutaire selon Paris Match : "Les très attendues scènes de sexe sont joliment filmées: pas pornographiques, elles montrent la nudité des deux acteurs Dakota Johnson et Jamie Dornan assez naturellement, sans forcer. A mi-chemin entre les scènes d’amour épurées d’Hollywood et les détails précis fournis par E. L. James, il y a là un équilibre qui n'était pas simple à trouver.">>> Cinquante Nuances de Grey : moins cul mais moins con que le livre