Adaptation d'une série de livres best-sellers, Les Aventures de Capitaine Superslip ne rougit pas d'être un pur cartoon. Rencontre avec son réalisateur, David Soren.
Georges Glousse et Harold Golade, deux copains de CM1 à l'imagination fertile, créent une BD qui raconte l'histoire d'un super-héros un peu barré, le Capitaine Superslip. Un jour, alors que M. Chonchon, leur proviseur hargneux, menace de les séparer en les plaçant dans deux classes différentes, ils l'hypnotisent et le transforment en… Capitaine Superslip. Partant d'une institution américaine (les livres Le Capitaine Superslip se sont vendus à 50 millions d'exemplaires outre-Atlantique), le réalisateur David Soren fabrique un film d'animation étonnant, résolument cartoonesque : "Le ton et les illustrations des livres… Tout nous renvoyait vers ça", analyse-t-il. "Personne n'a envie de voir la version réaliste d'un type de 40 ans dans ses sous-vêtements. Ce serait répugnant ! Le cartoon était une évidence. Il fallait garder un style simple, très graphique. Il y a tellement de films d'animation qui poussent vers le réalisme… C'était rafraîchissant d'aller totalement dans l'autre sens".
"Avant, il fallait paire à tout le monde"
Lui-même inspiré par les influences de David Pilkey ("Les Trois Stooges, The Little Rascals… De la comédie où le physique fait tout"), il estime que le gros challenge de l'animation est désormais de "se différencier. Les jours où Disney était le seul shérif en ville sont finis depuis longtemps. Le cinéma d'animation en est au même point que le cinéma traditionnel, dans le sens où il en sort des tonnes chaque semaine. Ce n'est plus une nouveauté de faire un film d'animation. Presque tous les studios en ont sorti des bons et des mauvais. Depuis qu'on a atteint le niveau technologique qui permet de faire à peu près n'importe quoi à l'écran, il faut être unique pour se faire remarquer".
Plus que jamais, Soren croit au règne du cinéma d'auteur dans l'animation grand public : "Ce qui m'excite aujourd'hui, c'est d'entendre la voix du réalisateur à travers le film. Ce n'était pas souvent le cas jusqu'à récemment, parce qu'ils la perdaient face aux producteurs, notamment à cause des budgets pharaoniques qui étaient en jeu. Cela mettait beaucoup de pression sur les réalisateurs car il fallait plaire à tout le monde, à toutes les tranches d'âges. Et ce qui arrive dans ce cas-là, c'est que les histoires ont moins de mordant. On devient prévisible. À part des gens comme Brad Bird ou les studios Aardman, personne n'a vraiment échappé à ce phénomène".
Persuadé que l'avancée technologique formidable de l'animation par ordinateur des vingt dernières années a eu un rôle à jouer dans l'uniformisation des scénarios ("Aucun doute là-dessus, c'est une évidence"), il se réjouit que chaque nouveau film ne soit plus un blockbuster dont la sortie est un enjeu démesuré pour le studio quo l'a financé. "C'est ça qui m'a attiré avec Capitaine Superslip. On était sur un budget et une approche différents. On ne cherchait pas la perfection technique. Le côté naïf, parfois volontairement approximatif dans l'approche visuelle, permet d'appuyer le point de vue. On veut faire passer l'idée que les personnages de George et Harold sont les réalisateurs du film. Aujourd'hui, les budgets peuvent être ajustés en fonction de ce dont le film a besoin. Tout ne doit plus être fabriqué de la même façon. Et c'est vraiment rassurant".
Les Aventures de Captaine Superslip sortira le 4 octobre 2017 en France. Bande-annonce :
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