Come-back réussi pour Debra Granik, la réalisatrice de Winter’s Bone.
Où était passée Debra Granik ? Depuis le hit Winter’s Bone en 2010, Jennifer Lawrence a eu le temps de tourner 4 Hunger Games, 3 David O. Russell, plein de X-Men et de décrocher un Oscar. La réalisatrice, elle, semblait s’être perdue en chemin. Mais, renseignements pris, elle était seulement en quête d’un nouveau bout d’Amérique à explorer. Debra fonctionne comme ça : elle identifie un territoire oublié, s’y installe, sympathise avec les gens du coin, puis fait en sorte de brouiller à l’écran les frontières entre documentaire et fiction. Leave No Trace la voit arpenter les épaisses forêts entourant Portland, via l’histoire, manifestement légendaire là-bas, d’un papa (Ben Foster) et de sa fille ado (l’inconnue Thomasin Harcourt McKenzie) qui avaient décidé de vivre dans les bois, loin de la civilisation. Soit une fable à la Mosquito Coast où il s’agit d’observer la figure paternelle lentement vaciller sous les yeux de sa progéniture. Mais traitée ici sur un mode tout doux, soyeux, mezzo vocce. L’horizon est dark, le conte gothique à La Nuit du Chasseur n’est jamais très loin, et pourtant le film donne à son spectateur l’impression d’être en train de marcher pieds nus sur un tapis de mousse. Granik filme les mille nuances de la végétation du Pacific Northwest, la magnificence alentour, musarde dans une communauté alternative de la Squaw Mountain hantée par les mythes folk éternels et le spectre de Thoreau. Sans raideur théorique à la Kelly Reichardt ni prêchi-prêcha écolo. Le film fonctionne alors comme l’autoportrait d’une incorruptible vivant à côté de la forteresse Hollywood selon ses règles. A la fin, la stupéfiante Thomasin Harcourt McKenzie peut voler de ses propres ailes et devenir, on lui souhaite, la nouvelle J-Law. Et Granik repartir dans les bois, sans laisser de trace, ni d’adresse.
Leave No Trace, de Debra Granik, Quinzaine des Réalisateurs. Sortie le 19 septembre.
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