Le portugais Miguel Gomes, qui nous avait déjà offert l'excellent Tabou en 2012 s'annonce désormais comme l'un des challengers les plus curieux du 68e festival de Cannes.Et pour cause : sa relecture dantesque des fameux Contes des Mille et une nuits était attendue de pied ferme au sein de la compétition officielle. Finalement, le film a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, provoquant surprise et indignation chez les fans de ce nouvel auteur exigeant. Mais Les Mille et Une Nuit devrait suffisamment faire parler de lui, ne serait-ce que par sa durée vertigineuse de presque 6 heures ! Heureusement pour les spectateurs qui redoutent les escarres, ce très long-métrage est divisé en trois parties bien définies L’Inquiet, Le Désolé et L'Enchanté qui seront projetées sur trois séances différentes tout au long du festival. >>> Cannes 2015 : la sélection de la Semaine de la Critique se dévoileComme rien n'est vraiment facile à Cannes, ces contes ne sont qu'un prétexte qui permettent à Miguel Gomes de croquer un portrait sans concession de la politique portugaise, évoquant au passage quelques affaires injustes qui avaient secoué le pays en 2013 et 2014. Un programme ambitieux dont voici le synopsis officiel : Dans un pays d'Europe en crise, le Portugal, un réalisateur se propose d'écrire des fictions inspirées de la misérable réalité dans laquelle il est pris. Mais incapable de trouver un sens à son travail, il s'échappe lâchement et donne sa place à la belle Schéhérazade. Il lui faudra bien du courage et de l'esprit pour ne pas ennuyer le Roi avec les tristes histoires de ce pays ! Alors qu'au fil des nuits l'inquiétude laisse place à la désolation et la désolation à l'enchantement, elle organise ses récits en trois volumes. Elle commence ainsi : "Ô Roi bienheureux, on raconte que dans un triste pays parmi les pays... ">>> Festival de Cannes 2015 : découvrez la sélection officielleS'il tient toutes ses promesses et parvient à envoûter ses spectateurs sans leur donner de maux de tête, Les Mille et Une Nuit devrait être un splendide patchwork fantastique, doublé d'une critique sociale et d'une réflexion de fond sur le travail du cinéaste. A noter que The Tale of Tales de Matteo Garrone, en compétition officielle, sera une relecture baroque d'un recueil de contes de Giambattista Basile. L'imaginaire débarque en force à Cannes cet année, espérons qu'il saura enchanter la Croisette.