Jeudi 23 juillet, une fusillade a éclaté dans un cinéma de Lafayette (Lousiane), faisant deux morts et neuf blessés avant que le tireur ne mette fin à ses jours lors d'une projection de Crazy Amy de Judd Apatow. Une tragédie qui rappelle celle d'Aurora en juillet 2012 pendant The Dark Knight Rises, et qui a certainement impacté les chiffres du box-office du week-end. Mais le principal est là : sorti vendredi, Pixels ne parvient pas -mais de peu- à s'emparer de la première place détenue comme la semaine dernière par Ant-Man. Le dernier film de super-héros Disney/Marvel récolte 24,7 millions en deuxième semaine, une baisse (-57%) complètement dans la norme des films du Marvel Cinematic Universe. Les aventures de l'homme-fourmi ont rapporté 106 millions aux USA pour un total mondial de 226,4 millions. Par rapport à son budget de 130 millions, tout va bien, mais il est vrai que ce sont des chiffres assez bas par rapport aux autres titres de la franchise. Ant-Man est bon dernier des douze films du Marvel Cinematic Universe, derrière L'Incroyable Hulk de 2008 (total américain : 152,4 millions, total mondial : 263,4 millions). Même si la carrière du film ne fait que commencer et qu'il ne sera pas un échec, il y a fort à parier que le film ne dépasse pas les 180 millions aux USA et reste un demi-succès rapport aux standards Disney/Marvel (Captain America : Le Soldat de l'hiver terminait sa carrière US à 259,7 millions en avril 2014). Le prochain film du MCU sera Captain America : Civil War et on s'attend à ce qu'il casse la baraque, lui.
Donc, parlons un peu de Pixels, qui est en fait un film double. D'un côté, il y a un gros blockbuster catastrophe où des aliens prennent l'apparence de personnages de jeux vidéo 80's -Pac-Man, Donkey Kong et consorts- pour envahir la Terre, réalisé par Chris Columbus (d'après un court-métrage phénomène réalisé par Patrick Jean en 2009). De l'autre, c'est une comédie un peu régressive co-produite par Adam Sandler, qui joue le héros, un ex-gamer vedette devenu vendeur de hi-fi et propulsé champion de la race humaine. Les critiques ont flingué Pixels, et son démarrage de 24 millions paraît bien faible pour son budget de 80 millions. A l'exception de Copains pour toujours 2 et de Hôtel Transylvanie où il double Dracula, les derniers films de Sandler ont tous été des flops aux USA dans les cinq dernières années. En attendant de savoir comment Sandler va désormais envisager sa carrière, Pixels devra compter sur l'international pour se rembourser malgré la présence de Josh Gad et surtout Peter Dinklage en renfort de Sandler. L'explication est simple : le public familial visé par Pixels a préféré aller voir Ant-Man et Les Minions, si ce n'était déjà fait, plutôt que cette comédie qui visait un peu trop tous azimuts et trop de publics faibles (les geeks nostalgiques, les fans d'Adam Sandler) et s'est fatalement ramassé. Un coup dur pour Sony Pictures, qui devra attendre 007 Spectre et Hôtel Transylvanie 2 cet automne pour se refaire.
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Donc, pendant ce temps Les Minions continuent leur invasion triomphale. 22,1 millions de dollars raflés pour leur troisième week-end. Avec un total américain de 261,6 millions, c'est déjà le cinquième plus gros hit de 2015, derrière Vice Versa de Pixar (320,3 millions) qui commence à ressentir de la Peur en risquant de perdre sa place face aux Minions. Et dans le reste du monde c'est aussi la folie, puisque le film a récolté en tout déjà 759,4 millions. Les Minions parviendront-ils à battre Moi, moche et méchant 2, qui terminait sa carrière mondiale à 970,8 millions en 2013 ? Chiche !
Endeuillé par la fusillade de Lafayette, Crazy Amy tient pourtant bon. 17,3 millions pour son deuxième week-end, une baisse de seulement 42,5% qui aurait pu être bien pire vu le drame qui a frappé le film. Et voilà le film qui en est donc à 61,1 millions de recettes aux USA, largement de quoi rembourser son budget de 35 millions. De quoi sauver la carrière de Judd Apatow réalisateur (40 ans mode d'emploi avait terminé sa carrière à 67,7 millions, une demi-réussite) et de quoi assurer une vie au cinéma pour la star du film, l'excellente Amy Schumer, également scénariste de cette romcom incorrecte où l'on prône le célibat et la biture.
Pendant ce temps, Jake Gyllenhaal donne tout comme d'habitude dans La Rage au ventre. Dans la peau du boxeur teigneux Billy Hope, il a pris huit kilos de muscles bien secs et se bat ici sur un ring pour la garde de sa fille et celle de sa dignité. Sorti vendredi, le film rafle 16,5 millions. Bien mais pas top car le film a quand même coûté 30 millions. Les critiques n'ont pas assez de mots pour louer la perf carnassière de Jake, mais le scénario -signé de Kurt Sutter, showrunner de Sons of Anarchy- les laisse un peu plus tièdes. Le film démarre mieux que Night Call (où il avait perdu 12 kilos pour jouer un reporter charognard), qui connaissait un premier week-end à 10,4 millions en octobre 2014 et s'était révélé un succès surprise pour un mini budget. Plus gros et plus ambitieux, La Rage au ventre devrait toutefois se rembourser et peut-être enfin donner à Jake sa nomination à l'Oscar. Il l'aura bien méritée.
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Enfin, signalons que La Face cachée de Margo démarre sixième avec un premier week-end à 12,5 millions (plus 16 millions dans le reste du monde). C'est tout à fait correct par rapport à son budget de 12 millions, même si ça reste beaucoup moins fou que Nos étoiles contraires en juin 2014 (démarrage à 48 millions pour 124,8 millions au finish US). Margo est adapté comme Nos étoiles contraires d'un roman de John Green par les mêmes producteurs, qui avaient espéré reproduire le succès phénoménal du mélo cancéreux avec Shailene Woodley, avec ce road trip ado starring Cara Delevingne. Qui n'a donc pas réussi à rameuter les adolescents en masse dans les salles. Les ingrats.
Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)
Box-office américain du 24 au 26 juillet 2015 :1) Ant-Man Bande-annonce2) Pixels Bande-annonce3) Les Minions Bande-annonce4) Crazy Amy Bande-annonce5) La Rage au ventre Bande-annonce
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