Le film est rentré en production à toute vitesse, non ? Aussitôt après la mort de Steve Jobs, on apprenait l’existence du projet… J’ai reçu le script sept mois après sa disparition. Je l’ai lu, j’étais fasciné, j’ai dit ‘Oui’. Le lendemain, j’ai rencontré le réalisateur et deux mois plus tard on tournait ! Ça nous a pris 28 jours. Puis le montage a duré trois mois. Et voilà ! De l’origine du projet à sa concrétisation : moins d’un an ! C’est incroyablement rapide, ça n’arrive jamais dans ce métier.Pourquoi cette hâte ? Parce que le financement est tombé très vite, parce qu’il y avait une grosse attente sur le film j’imagine… Que saviez-vous de Jobs avant de l’incarner ? J’ai travaillé avec des gens qui le connaissaient, j’entendais des rumeurs à son sujet… Comme tout le monde, j’étais fan de son travail, de ses produits. Je l’admirais en tant qu’inventeur et C.E.O. Mais je ne savais rien de l’homme… Depuis le film, j’ai emmagasiné une quantité monumentale d’informations sur Jobs. Plus que n’importe qui peut en encaisser. J’en sais presque trop à ce stade ! Quelle est la clef du personnage, selon vous ? C’était le problème : avec tout ce qu’on savait, toute la matière qu’on avait, on a réalisé à quel point ça allait être compliqué de faire simple. Et ça, c’était Steve : il savait réduire à leur plus simple expression des idées très compliquées. Il créait des interfaces élémentaires pour traiter des opérations informatiques complexes, il était un maître en présentation… Il n’y a rien de plus difficile que de donner l’illusion de la facilité.Le film s’intéresse à la bataille de Jobs pour le contrôle d’Apple, la société qu’il a créé et dont il a été viré (avant d’y revenir triomphalement en 96, ndr). Pourquoi cet angle plutôt qu’un autre ? Ce type a une vie très remplie. Vous pourriez faire un film entier sur la « Apple Farm », cette communauté hippie dans l’Oregon, ou sur ses expériences en Inde, ou ses années Pixar et Next… Vous pourriez même faire un film sur son retour chez Apple, et la révolution digitale qui a suivi. Le scénariste de Jobs voulait parler des dangers que le succès amène avec lui, de la difficulté qu’il y a à survivre à ses propres succès. On le couronne roi, on le crucifie et on le ramène d’entre les morts. C’est un bon arc dramatique !On n’a pas l’habitude de vous voir dans un rôle « sérieux ». Ça fait bizarre… Ça dépend de ce que vous appelez du travail « sérieux »… Il se trouve que la comédie est une discipline ardue, plus que le drame à mon avis. C’est vrai que j’ai déployé une dose de concentration inédite pour ce rôle… Mais c’est marrant : dès que vous faites un truc dramatique, ça devient « sérieux ». Comme si vous aviez travaillé davantage…Vous venez de dire que vous aviez travaillé davantage… J’étais plus « focus », j’ai actionné d’autres muscles. Mais croyez-moi, quand je reçois un script de Mon Oncle Charlie le lundi, pour un tournage le vendredi devant un public live, je n’ai pas l’impression de bosser moins. Ou moins sérieusement. Vous jouez une personnalité réelle, vous êtes « déguisé » pour lui ressembler… Ce qu’on appelle un rôle à Oscar, non ? Je suppose, oui. Mais ce n’était pas ma motivation pour faire ce film.La démarche si particulière de Jobs, les pieds tournés vers l’intérieur, a-t-elle demandé beaucoup de travail ? Vous bossez jusqu’à ce que vous sachiez le faire sans y penser. Essayez pour voir ! Essayez de marcher avec les orteils qui pointent vers l’intérieur toute la journée, jusqu’à ce que vous n’y pensiez plus ! Et répéter encore, et encore… Il faut que ça devienne une seconde nature, pour que vous restiez concentré sur la scène, pas sur la façon de marcher.Une fois que ça devient une seconde nature, difficile de s’en débarrasser ? Vous rentrez chez vous et vous vous surprenez à agir comme si vous étiez quelqu’un d’autre. Vous parlez comme Steve Jobs, vous marchez comme Steve Jobs. Accidentellement, vous virez des gens. Vous virez vos parents, vous virez vos amis… T’es viré ! (Rires) Oui, il m’a fallu quelques semaines après le tournage pour me retrouver… Propos recueillis par Benjamin RozovasJobs de Joshua Michael Stern avec Ashton Kutcher, Josh Gad, Ron Eldard, déjà dans les salles :
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- Ashton Kutcher : « Après avoir incarné Steve Jobs, vous rentrez chez vous et vous vous mettez à virer des gens »
Ashton Kutcher : « Après avoir incarné Steve Jobs, vous rentrez chez vous et vous vous mettez à virer des gens »
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