Première
par Thierry Chèze
Comme elle l’a déjà prouvé dans ses fictions pour le petit écran (Apprendre à t’aimer, J’irai au bout de mes rêves, Handigang…), Stéphanie Pillonca sait trouver le ton juste pour parler de handicap. Et elle le prouve encore avec superbe dans ce documentaire consacré à Olivier Goy, un entrepreneur à succès dont l’existence a basculé un matin de décembre 2020 quand on l’a diagnostiqué atteint de la maladie de Charcot, synonyme de disparition à court terme (trois ans maximum) faute de traitement existant. « Du cinéma au cimetière, il n’y a qu’un pas mais je n’ai pas peur. Pour apprendre à vivre, il faut apprendre à mourir », ses mots qui concluent ce documentaire le résument à merveille. Invincible été montre un homme qui, alors que la mort se rapproche inexorablement, a décidé de profiter de chaque seconde de son existence. Et la réalisatrice se hisse à la hauteur de cette force de caractère inouïe en sachant poser sur lui et ses échanges tant avec son entourage (sa famille, ses amis), des figures du monde religieux (le bouddhiste Mathieu Ricard, la rabin Delphine Horvilleur) ou une personne atteinte du même mal que lui (le père de l’animatrice Malika Ménard) un regard qui ne se limite jamais au seul registre émotionnel. Alors que tout forcément pousse ici aux larmes. Ou comment être empathique et profond sans jamais en rajouter.