Guide du 4 mars 2020
The Walt Disney Company France / SND / Gaumont Distribution

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT


EN AVANT ★★★☆☆
De Dan Scanlon

L’essentiel
En Avant est une comédie d’aventures qui reprend les codes du jeu de rôles.

Entre les suites de Cars, de Toy Story, et des Indestructibles, Pixar semblait tourner en rond. En Avant nous permet enfin de renouer avec le sentiment de découverte et d’inédit. L’histoire est pour le moins originale : dans un monde où la magie a disparu, les elfes, licornes et autres créatures fantastiques vivent désormais une vie tranquille d’Américains moyens. 
Sophie Benamon

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PREMIÈRE A ADORÉ

MONOS ★★★★☆
D’Alejandro Landes

Monos débute haut perché, au niveau des nuages, dans un endroit sauvage et nu, loin du tumulte. Il y a une grande étendue caillouteuse avec une sorte de monolithe gris au milieu (on croirait l’endroit où fut shooté la pochette du mythique Who’s Next des Who). Des adolescents aux visages poupins jouent. Ils portent des surnoms pop : Bigfoot, Rambo, Lady... C’est le temps d’une certaine innocence. Rien n’est grave. Sauf que si. On met un peu de temps à comprendre qu’il y a une otage parmi eux et que les jouets sont en réalité de vraies armes. Cette tribu de rebelles colombiens va être bientôt obligée de faire l’expérience du feu, de redescendre vers la terre ferme – la jungle en l’occurrence – afin d’entrer dans le réel. Au-delà du miroir, on reconnaît des signes du monde d’avant, mais les images et les visages commencent à se brouiller. Il y a comme dans toute (micro)société, les pleutres, les traîtres, les suiveurs, les chefs en devenir... Que nous dit le cinéaste colombiano-équatorien Alejandro Landes que nous ne savions déjà ? Pas grand-chose au fond et il y a une certaine afféterie dans sa mise en scène qui laisse peut-être douter de la complète honnêteté de l’entreprise. On citeraSa Majesté des mouches de Brook voireAguirre, la colère de Dieu d’Herzog, pour flatter l’ego, mais ce film n’appartient qu’à lui-même. Là où il sonne juste et fort c’est quand il reste dans sa bulle, où l’espace et le temps semblent hors de portée. Les jeunes héros se perdent alors avec eux-mêmes et créent une sorte de chaos fiévreux.
Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A AIMÉ

LA COMMUNION ★★★☆☆
De Jan Komasa

La foi, le pardon, la rédemption... Voilà les thèmes écrasants abordés par ce film qui vient d’être nommé aux Oscars après avoir cartonné en Pologne. Et ce n’est que justice, tant Jan Komasa signe une œuvre sous haute tension, dans un parfait équilibre entre cérébralité spirituelle et pulsions physiques. Soit précisément ce qui se joue dans la tête de son héros, un jeune délinquant qui se fait passer pour prêtre et prend la tête de la paroisse de la ville où il venait travailler comme menuisier afin de se réinsérer après son crime. En dépit de quelques scories (une histoire d’amour inutile...), c’est par sa thématique centrale que ce film touche au but : une foi qui résiste à tout même au mensonge, à travers ce jeune criminel amené à écouter les péchés des autres et à les pardonner. Avec un art de souffler en permanence le chaud et le froid qui laisse KO.
Thierry Cheze

OSKAR & LILY
★★★☆☆
De Arash T. Riahi

Une mère tchétchène tente de se suicider alors qu’elle est sur le point d’être expulsée d’Autriche où elle vit avec ses deux enfants. Son fils et sa fille se retrouvent dans deux familles d’accueil différentes... Le nouveau Arash T. Riahi (Pour un instant, la liberté) y va fort dans le côté noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Jamais pourtant, le cinéaste ne va poser un regard complaisant sur ce drame, mais raconte avec l’énergie de l’espoir la quête pleine d’inventivité de ces enfants pour retrouver leur mère. Nulle trace ici de manichéisme dans l’écriture des personnages (enfants comme familles d’accueil) : Oskar et Lily joue sur l’idée qu’il peut y avoir plusieurs voies possibles, y compris l’idée de se faire adopter pour avoir une vie meilleure. Dommage alors que Riahi parsème son récit de flash-back inutiles dans le passé de cette famille qui jurent avec le reste de son propos.
Thierry Cheze

HAINGOSOA 
★★★☆☆
D’Édouard Joubeaud

Le cinéma peut (doit) donner à voir des mondes qui se dérobent à nos yeux saturés de lieux déjà vus et revus. L’île de Madagascar existe-t-elle au cinéma ? La célèbre saga d’animation qui porte son nom comme une sorte de gage d’exotisme, à défaut de la faire exister à l’écran, a ajouté un écran de fumée. L’un des grands mérites de Haingosoa est de nous plonger dans la réalité d’une culture et d’un pays avec une authenticité palpable. Tombé amoureux de l’île en 1999, le réalisateur français Édouard Joubeaud raconte ici le parcours d’une femme obligée de se réinventer pour joindre les deux bouts et payer l’école de sa fille. Elle quitte donc sa province du Sud pour la capitale Tananarive et intègre une troupe de danse. Filmé avec une douceur inspirée, Haingosoa est avant tout un formidable portrait de femme.
Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

PAPI-SITTER ★★☆☆☆
De Philippe Guillard

Philippe Guillard avait surpris son monde avec son premier film, Le Fils à Jo, en 2011. Dire qu’à l’époque on n’attendait pas grand-chose de cet ancien rugbyman devenu journaliste puis réalisateur sur le tard est un euphémisme, pourtant il avait réussi à émouvoir et agréablement surprendre avec une histoire personnelle. Près de dix ans plus tard, il reforme son couple de comédiens (Olivier Marchal et Gérard Lanvin) cette fois-ci pour une comédie populaire assumée : Papi-Sitter
Nicolas Bellet

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WOMAN ★★☆☆☆
D’Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand

Après Human, les réalisateurs Yann-Arthus Bertrand et Anastasia Mikova font entendre, avec Woman, les voix des femmes originaires de 50 pays différents et se font l’écho du quotidien que traverse la moitié de l’humanité. Face caméra, elles témoignent de leur vécu. Peut-on vraiment mettre sur un même plan une Occidentale qui se bat contre la charge mentale et le male gaze et une Africaine contrainte à l’excision ? C’était la limite de Human, et c’est aussi celle de ce documentaire-monde qui juxtapose des réalités si différentes derrière un point commun : le fait de naître femme. On ne peut pas reprocher aux cinéastes de vouloir donner la parole mais en enfilant les témoignages sur des sujets aussi divers que le mariage forcé, la grossesse imposée  ou le harcèlement, le spectateur se retrouve submergé par l’ensemble des injustices dont elles sont victimes à travers le monde. On retiendra certains témoignages qui attestent de violences qu’on croyait d’un autre monde. Aujourd’hui encore, nous dit le film, le patriarcat tue. On ressort glacée du récit de cette femme brûlée à l’acide pendant son sommeil par son mari pour une dot incomplète. Le film est aussi un appel à éveiller les consciences.
Sophie Benamon

SI C’ÉTAIT DE L’AMOUR 
★★☆☆☆
De Patric Chiha

Comme dans Brothers of the Night, le précédent documentaire atypique de l’Autrichien Patric Chiha, Si c’était de l’amour se présente comme une représentation du réel où le fantasme et la rêverie sont possibles. Tout commence par le filmage d’un ballet, Crowd, de la chorégraphe Gisèle Vienne, qui se prête en soi à l’évasion : les danseurs, on le comprend progressivement, exécutent leurs mouvements au ralenti. L’effet produit est saisissant car il déjoue ce que l’on pensait, à savoir qu’il résultait d’un travail de montage. Dès lors, tout se brouille dans la tête du spectateur. Les interviews en coulisses des danseurs sur leurs rapports à leurs partenaires et à leur travail sont-elles vraies ou écrites pour les besoins d’une fiction qui ne dit pas son nom ? Fascinant mais un peu trop théorique.
Christophe Narbonne

LA DANSE DU SERPENT 
★★☆☆☆
De Sofia Quiros Ubeda

Rebaptisé La Danse du serpent depuis sa présentation à la Semaine de la critique (sous le titre moins engageant de Cendre noire), ce premier long costaricien nous entraîne sur les pas de Selva, 13 ans, orpheline, qui vit avec son grand-père et l’amie de celui-ci. La disparition inexpliquée de cette dernière, conjuguée à la faiblesse grandissante de l’aïeul, va amener Selva à s’interroger sur « l’après ». Les scènes initiatiques et ésotériques se mêlent de façon maladroite dans ce film-collage scolaire, qui semble étudié pour répondre aux canons du cinéma d’auteur défendu par les festivals internationaux. Une pointe de panthéisme par-ci, un soupçon de chamanisme par-là, quelques tubes pop pour jurer et vous obtenez... de la poudre aux yeux. Attention, ça peut faire illusion ! 
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

DE GAULLE ★☆☆☆☆
De Gabriel Le Bomin


Axé sur les semaines précédant l’appel du 18 Juin, le biopic de Gabriel Le Bomin confirme la difficulté de faire du général une grande figure de fiction. Incapable de faire jouer de Gaulle tant il le vénérait, Jean-Pierre Melville le représenta brièvement de dos dans L’Armée des ombres pour une scène qui sonne d’ailleurs un peu faux. Fondateur, cet aveu d’impuissance pourrait avoir, sans le vouloir, sanctuarisé l’image du général au cinéma d’où il est singulièrement absent.
Christophe Narbonne

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THEE WRECKERS TETRALOGY – UN TRIP ROCK DE ROSTO ★☆☆☆☆
De Rosto

Derrière ce nom à rallonge et pas forcément agréable en bouche, se cache une sorte de patchwork autour d’un groupe de rock pseudo virtuel fondé par le réalisateur néerlandais Rosto, Thee Wreckers. Ce même Rosto a ainsi tourné dès 2008, des clips de ce rock-band abrasif. Les membres des Thee Wreckers ayant tous leur avatar-marionnette façon Gorillaz, on visite leur monde pluvieux et fantastique via les clips volontiers post-apocalyptiques et bricolés. C’est tout d’abord curieux, vite redondant et le côté déglingué finit par se retourner contre cette entreprise fourre-tout (il y a même une sorte de documentaire en queue de programme). C’est peu dire que l’on sort lessivé de ce « trip rock ».
Thomas Baurez

 

Et aussi
Mitra de Jorge Léon
Trouble de Catherine Diran
Where is Jimi Hendrix ?de Marios Piperides

 

Reprises
Hommage à Ernst Lubitsch
L’ombre des châteaux de Daniel Duval`
Le mystère von Bülow de Barbet Schroeder
Les Vitelloni de Federico Fellini
Temps sans pitié de Joseph Losey