Spectaculaire et impressionnant par son sens du drame, l'Episode 8 de Star Wars tient toutes ses promesses.
Avertissement : évidemment, il est très difficile d'écrire sur le dernier Star Wars sans révéler certains éléments-clefs de l'intrigue : c'est pourquoi cette critique ne contient aucun spoiler dans la limite du possible, c'est-à-dire qu'on suppose que son lectorat a vu Le Réveil de la Force et les deux bande-annonces des Derniers Jedi. Une critique plus développée, sans aucun respect pour les spoilers, sera publiée après la sortie du film.
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Une fois les lumières rallumées, une fois qu'on reprend notre souffle, on réalise que si Les Derniers Jedi surprend, c'est par son ampleur impressionnante : long de plus de 2h30, il s'articule entre plusieurs gros actes, avec une telle succession de climax dans son dernier tiers que Les Derniers Jedi finit par ressembler à un film de James Cameron (cf. les triple climax d'Aliens ou Terminator 2). Pas à un film flashy de décorateur. Au fond, malgré un catalogue de bestioles très satisfaisant et qui utilise beaucoup les techniques d'animatroniques, Rian Johnson vise l'épure. Les décors du film sont volontairement réduits (la planète-minérale de Cait est ainsi une vraie idée visuelle, très picturale). Le réalisateur cherche moins le décorum de space opera qu'à régler son sort à l'héritage plus ou moins encombrant de la mythologie de George Lucas.
Si Abrams rétablissait l'équilibre dans la Force (la saga) avec l'Episode 7, à charge pour Johnson -qui piochait élégamment dans ses classiques SF/action pour livrer Looper- de l'emmener dans un territoire où l'ancien se mêle au nouveau, de fournir pour de bon le mode d'emploi de l'avenir de la franchise cinéma (et évidemment de la nouvelle trilogie post-Episode 9 qu'il a vendue à Lucasfilm). Le film est également un vrai film de guerre, dès sa séquence d'ouverture, héritier en droite ligne des films de propagande héroïque issus de la Seconde Guerre Mondiale comme le tout premier Star Wars en 1977. Plus de Wars, moins de Star. Un film de guerre qui laisse souvent bouche bée face à son sens du cadre et son ampleur dingues.
Mais, en fin de compte, c'est le poids hallucinant du drame -familial, politique- qui donne toute sa puissance aux Derniers Jedi. Surtout familial : le personnage de Kylo Ren atteint enfin les dimensions tragiques promises par l'Episode 7, et bien au-delà ; tandis que le film ne s'effondre jamais sous le poids de l'hommage larmoyant à Carrie Fisher (dont le rôle de Leia se révèle bien essentiel à la dramaturgie de la série dans son ensemble). Venez pour le spectacle, restez pour la tragédie. Machines infernales, Sophocle dans les étoiles. Le mot "hubris" (traduit par "orgueil" dans le sous-titrage) qui revient sans cesse dans la bouche de Luke Skywalker (Mark Hamill, aussi cool que bouleversant, fait face au rôle de sa vie). On brûle de vous raconter comment, on ne peut pas. Car le film exprime que l'épreuve ultime de notre pop culture en 2017, c'est justement de devoir brûler les vieilles choses, les objets de notre nostalgie qui nous inspirent autant qu'ils nous enferment. Ce qu'accomplit Les Derniers Jedi. C'est un film de fan qui a enfin grandi. Les Derniers Jedi est un film grand.
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